Barraud (Henry)
Compositeur français (Bordeaux 1900 – Paris 1997).
Après avoir été, à Paris, l'élève de Georges Caussade, Paul Dukas et Louis Aubert, il a mené parallèlement des activités de compositeur et d'organisateur, d'homme d'action. Il a été directeur des programmes musicaux à la R. T. F. de 1944 à 1948 et directeur de la chaîne nationale de 1948 à 1966. À ces deux postes, il a innové, attirant au micro Gide, Claudel, y créant dès 1944 une « intégrale Stravinski » et aidant un Boulez, un Xenakis et bien d'autres à s'imposer à une large audience. Plus récemment, son émission hebdomadaire « Regards sur la musique » est devenue l'une des plus écoutées des mélomanes. Sa curiosité pour tous les styles ne l'a pas empêché de développer une écriture très homogène et très caractéristique, avec un rythme qui lui est propre (commandé souvent par une figure de brève accentuée, obstinément suivie d'une longue appuyée), un goût pour les nombreuses subdivisions métriques produisant la vivacité du tempo, une largeur de mouvement sous-jacente et, surtout, une savante polyphonie, ne reculant pas devant la dissonance, qui le place sans aucun doute dans la descendance de Roussel. C'est une musique rigoureuse, noble, capable pourtant d'émotion immédiate, chargée d'un romantisme latent ; une musique apte à la méditation, à l'expression du spirituel et du métaphysique, mais aussi de l'humour (Trois Lettres de Madame de Sévigné, 1938 ; la Farce de Maître Pathelin, opéra-comique, 1938 ; Huit Chantefables pour les enfants sages, texte de R. Desnos, 1946) et même d'une fantaisie surréaliste (le Roi Gordogane, opéra, 1975).
Barraud a abordé des sujets ambitieux, et a su se montrer à leur hauteur, par exemple, dans l'oratorio le Mystère des saints Innocents, d'après Péguy (1946), dans la tragédie lyrique Numance (1952 ; Barraud en a tiré une Symphonie de Numance), dans Une saison en enfer, d'après Rimbaud (1968-69), la Divine Comédie, d'après Dante (1972) et Tête d'or, tragédie lyrique d'après Claudel (1980). Diverses œuvres lyriques et dramatiques, des symphonies et de nombreuses pièces symphoniques, de la musique vocale, de la musique de chambre et quelques pièces pour piano complètent l'abondant catalogue des œuvres du compositeur, qui s'est vu décerner en 1969 le grand prix national de la Musique. Barraud a également fait œuvre de musicographe, notamment avec un Berlioz (Paris, 1955).
barre
1. Sur les instruments à cordes, petite pièce de sapin collée sur la face interne de la table, sous le pied gauche du chevalet et dans le sens longitudinal ; elle renforce la table du côté gauche et communique les vibrations du chevalet.
2. Sur l'orgue, partie de bois séparant les gravures du sommier. 3. Sur le clavecin, morceau de bois recouvert de feutre qui empêche les sautereaux de remonter trop haut.
barre de mesure
Terme désignant une ligne verticale placée en travers de la portée (ou des portées), et qui indique des divisions métriques régulières.
L'introduction de la barre de mesure telle que nous la comprenons aujourd'hui est relativement récente : elle ne date que du début du XVIIe siècle environ. Auparavant, on trouvait des barres de mesure placées de manière irrégulière, comme de simples repères, par exemple dans la musique de luth et, souvent encore, dans les airs de cour qui en découlaient. De nos jours, avec les fréquents changements de mesure ou même la disparition de la mesure, la barre tend à redevenir un simple repère visuel pour éviter les trop grandes difficultés d'exécution.
barrelhouse (angl. barrel, « barrique »)
Dans les villes du sud des États-Unis, saloon ou tripot de basse catégorie, où, du début du XXe siècle aux années 30, s'est créé un style de piano (barrelhouse piano), imité des guitaristes de blues ruraux, qui devait devenir le boogie-woogie (syn. honky-tonk).
barrer
1. Sur le luth et la guitare, raccourcir la longueur de la partie des cordes entrant en vibration et changer ainsi la hauteur des notes, en appuyant l'index sur les cordes concernées.
2. On peut barrer une petite note ornementale (appoggiature) d'un trait oblique pour rendre la valeur de cette note encore plus brève.
3. On parle de « barrer un luth » lorsque le facteur ajoute une série de barres de renforcement (BARRAGE).
Barrière (Françoise)
Femme compositeur française (Paris 1944).
Cofondatrice (1970) et coresponsable, avec Christian Clozier, du Groupe de musique expérimentale de Bourges, elle a composé plusieurs œuvres électroacoustiques ou « mixtes » (pour instrument et bande magnétique), œuvres d'un style composite, difficilement définissable, où se manifeste le souci d'être « en prise » sur la réalité contemporaine (citations de chants révolutionnaires, références sonores diverses à notre société) et qui sonnent parfois comme de longues plaintes : Ode à la terre marine (1970), Java Rosa (1972), Aujourd'hui (1975), Chant à la mémoire des Aurignaciens (1977), Musique pour le temps de Noël (1979), Mémoires enfuies (1980). Ses deux œuvres « mixtes », Cordes-ci-cordes-ça pour vielle à roue, violon et bande (1971) et Ritratto di Giovane (1973) pour piano et bande, jonglent ironiquement avec les formes classiques.
Barrios (Angel)
Compositeur espagnol (Grenade 1886 – Madrid 1964).
Fils d'un célèbre guitariste ami de Manuel de Falla, il étudia le violon, puis fut l'élève, à Madrid, de Conrado del Campo (1899) et, à Paris, d'André Gédalge (1900). Comme violoniste et aussi comme guitariste, il parcourut l'Europe pour populariser la musique espagnole. Il vint ensuite se fixer à Madrid et se consacra à la composition de zarzuelas, ainsi que de pages symphoniques et instrumentales toujours fortement inspirées par son pays.
Barshai (Rudolf)
Chef d'orchestre et altiste russe naturalisé israélien (Labinskaïa, Russie, 1924).
Au Conservatoire de Moscou, il étudie l'alto avec Borisovski et la composition avec Chostakovitch. Jusqu'en 1955, il mène une carrière de soliste et de chambriste, se consacrant en particulier au quatuor (Quatuor Philharmonique de Moscou et Quatuor Tchaïkovsky) et donne des concerts avec Guilels, Kogan, Rostropovitch. En 1955, il s'oriente vers la direction d'orchestre et fonde l'orchestre de chambre de Moscou, qu'il dirige jusqu'en 1976, et auquel de nombreuses œuvres de compositeurs soviétiques ont été dédiées. En 1977, il émigre en Israël et commence à diriger dans le monde entier.
De 1982 à 1988, il est chef permanent de l'orchestre symphonique de Bournemouth ; de 1985 à 1987, il dirige aussi l'orchestre symphonique de Vancouver. On lui doit plusieurs transcriptions pour orchestre, en particulier d'œuvres de musique de chambre de Chostakovitch celle du Quatuor no 8 appartient désormais, sous le nom de Symphonie de chambre, au répertoire d'orchestre courant.