Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
L

Leppard (Raymond)

Chef d'orchestre, claveciniste et musicologue anglais (Londres 1927).

Après des études au Trinity College de Cambridge, il est chargé de cours à l'université de Cambridge (1957-1967), conseiller musical du Royal Shakespeare Theatre de Stratford-on-Avon (1956-1968), chef de l'English Chamber Orchestra (à partir de 1963) et premier chef du B.B.C. Northen Orchestra (à partir de 1973). Il a également dirigé des opéras au festival de Glyndebourne, au Covent Garden de Londres et au festival d'Aix-en-Provence. Ses « réalisations » d'opéras italiens du XVIIe siècle (Cavalli, Monteverdi), souvent discutées sur le plan de l'authenticité, ont néanmoins permis de faire revivre quelques chefs-d'œuvre de manière convaincante.

Leroux (François)

Baryton français (Rennes 1955).

Il étudie d'abord à l'Opéra-Studio de Paris avec Vera Rosza et Élisabeth Grümmer. De 1980 à 1985, il appartient à la troupe de l'Opéra de Lyon et interprète Mozart (Papageno, Guglielmo, Don Giovanni). À partir de 1985, il obtient un grand succès dans le rôle de Pelléas, qu'il interprète sur plusieurs scènes et qu'il enregistre sous la direction de Claudio Abbado. Il fait ses débuts au Covent Garden de Londres en 1989. Parallèlement à ses interprétations de grands rôles lyriques (y compris contemporains, comme La Noche triste de J. Prodromidès en 1989), il s'illustre dans le répertoire de la mélodie française, enregistrant par exemple en compagnie de Jeff Cohen plusieurs disques de mélodies de Fauré, Gounod, Duparc et Hahn.

Leroux (Xavier)

Compositeur français (Velletri 1863 – Paris 1919).

Élève au Conservatoire de Massenet et de Théodore Dubois, Prix de Rome en 1885, professeur d'harmonie au Conservatoire à partir de 1896, il aborda sa spécialité ­ le théâtre ­ par la musique de scène (Cléopâtre et la Sorcière de Victorien Sardou, les Perses d'Eschyle, etc.). Son premier opéra, Évangéline, créé à la Monnaie de Bruxelles en 1895, fut suivi d'Astarté (1901), la Reine Fiammette (1903), Vénus et Adonis (1905), le Chemineau (1907), le Carillonneur (1913) et deux œuvres posthumes : Nausithoé (1920) et La Plus Forte (1924). Son chef-d'œuvre est le Chemineau, dont l'Opéra-Comique a donné 106 représentations jusqu'en 1945. Xavier Leroux fut le directeur de la revue Musica.

Lesne (Gérard)

Haute-contre français (Montmorency 1956).

D'abord attiré par le rock, il suit des cours d'Irène Jarski au Conservatoire de Pantin, mais il est largement autodidacte. En 1979, il s'initie au répertoire médiéval en entrant dans le Clemencic Consort. Il chante ensuite dans divers ensembles de musique ancienne tels qu'Organum et Hespérion XX, puis fonde en 1985 Il Seminario Musicale. Il s'y consacre surtout aux interprétations de Monteverdi, Caldara et Vivaldi, puis à la musique française du XVIIe siècle. Depuis 1990, son ensemble est en résidence à Royaumont, et il affectionne le festival d'Utrecht. Il reconstitue en 1994 la version intégrale des Leçons de ténèbres de Charpentier. Représentant d'une « troisième génération » d'alti masculins après celles de Deller et Jacobs, il n'hésite pas, depuis 1995, à enrichir son expérience en retrouvant l'univers du rock.

Lessel

Famille de musiciens polonais d'origine tchèque.

 
Wincenty Ferdinand, compositeur (Jilove, près de Prague, v. 1750 – Pulawy, près de Varsovie, 1827). Il s'établit avec sa famille en Allemagne en 1762, et, de 1781 à sa mort, fut au service du prince Adam Kazimierz Czartoryski.

 
Franciszek, pianiste et compositeur (Varsovie v. 1780 – Piotrkow 1838). Fils du précédent, il s'installa à Vienne en 1797 pour y étudier la médecine, mais se tourna vers la musique et devint en 1799 élève de Haydn, qui en 1805 lui fit cadeau du manuscrit autographe de sa symphonie no 56. Il retourna en Pologne en 1809, et abandonna la musique en 1822 pour occuper divers postes dans l'enseignement rural et secondaire. Il a écrit des symphonies et des concertos, mais son importance réside surtout dans ses œuvres pour piano seul ou de musique de chambre avec piano, qui font de lui un des initiateurs de l'école polonaise du XIXe siècle.

lesson

Terme anglais, qui, à partir de la fin du XVIe siècle, fut utilisé d'une part dans le sens d'étude, exercice, et, d'autre part, pour désigner des pièces pour clavier ou par extension des pages de musique de chambre à usage domestique.

Cette seconde utilisation fut particulièrement fréquente à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe, alors qu'en musique pour clavier florissait le genre de la suite. Dans un tel contexte, lesson veut dire « suite » (A Choice Collection of Lessons, publication posthume de suites de Purcell, 1696). Les 30 premières sonates de Domenico Scarlatti, parues à Londres en 1738 ou 1739 comme Essercizi per gravicembalo, devaient y être rééditées sous le titre de Lessons. Le terme fut utilisé également pour des œuvres de Haendel.

L'Estocart (Paschalde)

Compositeur français (Noyon av. 1540 – ? apr. 1584).

Il semble avoir séjourné très jeune en Italie, mais il se fixa bientôt à Bâle et à Genève, où il fréquenta une Académie des lettrés huguenote. Il obtint un privilège pour la publication de ses œuvres en 1581 à Genève. L'année suivante parurent les deux livres des Octonaires de la vanité du monde sur des poèmes d'Antoine de La Roche-Chandieu, quelques années avant le chef-d'œuvre de Cl. Le Jeune écrit sur ces mêmes poèmes de huit vers (octonaires). Nommé professeur à l'université de Bâle, il se mit ensuite au service du duc de Lorraine à Nancy. En 1583, il dédicaça au futur Henir IV ses 50 Psaumes de David mis en langue française par Cl. Marot et Th. de Bèze. Puis il remporta le prix de la harpe d'argent au puy d'Évreux pour son motet Ecce quam bonum et quam jucundum. Ses œuvres reflètent une vive influence italienne, notamment par la présence fréquente de l'accord de sixte augmentée. D'autre part, son écriture reste dans la tradition d'un contrepoint sévère.

Lesure (François)

Musicologue français (Paris 1923).

Il a fait ses études à la Sorbonne, à l'École des chartes, à l'École pratique des hautes études et au Conservatoire de Paris : sa formation est celle d'un historien autant que d'un archiviste et d'un musicologue. Il devint, en 1950, conservateur au département de la musique de la Bibliothèque nationale, puis conservateur en chef de celui-ci de 1970 à 1988. En 1965, il fut nommé professeur de musicologie à l'université libre de Bruxelles et, en 1973, il succéda à Solange Corbin comme directeur d'études à l'École pratique des hautes études.

   De 1953 à 1967, il fut, en outre, chargé du secrétariat central du R. I. S. M. (Répertoire international des sources musicales) et il dirigea la publication des volumes consacrés aux recueils imprimés des XVIe et XVIIe siècles (Munich, 1960), puis du XVIIIe siècle (Munich, 1964), ainsi qu'aux écrits imprimés concernant la musique (Munich, 1971). Il a dirigé également à partir de 1967 la collection le Pupitre, éditée par Heugel et consacrée à la musique avant 1800.

   François Lesure est réputé comme spécialiste du XVIe siècle et de la sociologie musicale. Il fut président de la Société française de musicologie de 1971 à 1974. On lui doit aussi d'importantes publications sur Debussy : un Catalogue des œuvres (1977), une Iconographie et les Lettres (1980), Claude Debussy avant « Pelléas » ou les Années symbolistes (1993), Claude Debussy (1994).