Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Solomon (Cutner)

Pianiste anglais (Londres 1902 – id. 1988).

Enfant prodige, il reçoit ses premières leçons d'une élève de Clara Schumann, Mathilde Verne, et joue à huit ans au Queen's Hall de Londres le premier Concerto de Tchaïkovski. Interrompant une précoce et brillante carrière, il vient à Paris étudier, cinq ans durant, avec Lazare-Lévy et Marcel Dupré, et ne réapparaît qu'après avoir mûri son art. Sa réputation s'étend en Europe (sauf en France) et aux États-Unis, où il crée le Concerto pour piano d'Arthur Bliss (New York, 1939). Pendant la Seconde Guerre mondiale, il soutient par de nombreux concerts le moral des troupes alliées. Fervent de musique de chambre, il joue en duo avec Gregor Piatigorski et forme un trio avec Zino Francescatti et Pierre Fournier (Édimbourg, 1955).

   Mozart, Beethoven, Chopin, Brahms et Debussy sont ses auteurs de prédilection. La maladie interrompt en 1956 la carrière de ce pianiste étrangement méconnu en France, s'effaçant derrière la musique à force de dépouilllement et de transparence.

Solomon (Maynard)

Directeur de firme discographique et musicologue américain (New York 1930).

Cofondateur et copropriétaire de la Vanguard Recording Society, Inc. (1950-1986), qui « lança » Alfred Deller, il a enseigné à la City University of New York (1979-1981). Comme musicologue, il s'est surtout consacré à Beethoven, publiant notamment Beethoven (1977, trad. fr. 1987), Beethoven Essays (1988), ainsi que, dans Beethoven Studies 3 (1982), le journal tenu par le compositeur de 1812 à 1818 (Beethoven's Tagebuch 1812-1818). Non sans solides arguments, il a tenté de démontrer que l'Immortelle Bien-Aimée était Antonie Brentano. Il a également publié Marxism and Art (1973), Myth, Creativity and Psychoanalysis (1978) et Mozart  : A Life (1995).

Solti (sir Georg)

Chef d'orchestre anglais d'origine hongroise (Budapest 1912 – Antibes 1997).

Élève à l'académie Franz-Liszt de Budapest (Dohnanyi, Bartók, Kodály), il a fait ses débuts à l'Opéra de Budapest en 1938 dans les Noces de Figaro, après avoir assisté Toscanini au festival de Salzbourg (1936-37). Réfugié en Suisse en 1939, il y remporte le concours de piano de Genève (1942). De 1946 à 1952, il fut directeur musical de l'Opéra d'État de Bavière, où il fit des débuts éclatants dans Fidelio, tout en enregistrant ses premiers disques, comme pianiste en duo avec George Kulenkampff (l'intégrale des sonates pour violon et piano de Beethoven), et comme chef d'orchestre, à la tête de l'Orchestre de la Tonhalle de Zurich et de l'Orchestre philharmonique de Londres.

   Directeur musical et artistique de l'Opéra de Francfort et des Concerts du Museum de 1952 à 1962, il fit parallèlement ses débuts aux festivals d'Édimbourg (en 1952, avec l'Opéra de Hambourg) et de Glyndebourne (1954), aux États-Unis (en 1953, à San Francisco) et au Covent Garden (en 1959, pour le Chevalier à la rose). Il fut premier chef de l'Opéra de Chicago (1956-57) et surtout, de 1961 à 1970, directeur musical du Covent Garden, dont il devait faire une des premières scènes mondiales, en favorisant l'école de chant anglaise au sein de nouvelles productions : Moïse et Aaron de Schönberg (première anglaise), la Femme sans ombre (première sur cette scène), le Ring de Wagner, Billy Budd et A Midsummer's Night Dream de Britten, Iphigénie en Tauride, Otello, Falstaff, etc.

   Formé à la discipline du théâtre, Solti ne s'est consacré véritablement à l'orchestre symphonique qu'à partir de 1969, comme successeur de Fritz Reiner à la tête de l'Orchestre symphonique de Chicago. En 1971, à l'issue de la première tournée européenne de cette phalange, il accepte la direction musicale de l'Orchestre de Paris (1972-1975), puis le poste de conseiller musical de l'Opéra de Paris (1973). Il est également depuis 1979 directeur artistique de l'Orchestre philharmonique de Londres. Il a quitté l'orchestre de Chicago en 1991 et assuré de 1990 à 1993, comme successeur de Karajan, la direction artistique du festival de Pâques à Salzbourg.

   La renommée de Solti est indissociable des enregistrements (plus de 200) qu'il a réalisés à la tête de ses différents orchestres : la première intégrale du Ring de Wagner (1958-1966), Salomé, Arabella, le Chevalier à la rose et Elektra de Richard Strauss, l'intégrale des symphonies de Mahler et de Beethoven, etc.

   Peu versé dans la musique contemporaine (il a pourtant créé en 1972 à Chicago Heliogabalus Imperator de Henze), Solti excelle dans les grandes fresques postromantiques, où sa prédilection pour les grands contrastes dynamiques, la précision rythmique et la volupté sonore peut se donner libre cours.

Somers (Harry)

Compositeur canadien (Toronto 1925 – id. 1999).

Il a fait ses études au conservatoire de Toronto, puis à San Francisco et à Paris (avec Darius Milhaud). Brillant représentant de l'école de Toronto, il se réclame généralement de l'exemple de Weinzweig, mais ses intérêts vont du grégorien à Debussy et au monde sonore électronique. Ses premières œuvres (du quatuor à cordes no 1 de 1943 à la 3e sonate de piano et à la symphonie de 1951) sont d'un néoclassique passant avec aisance de l'atonalité à une syntaxe traditionnelle. Il devait ensuite évoluer vers la recherche d'un nouveau matériau sonore, principalement à la suite d'un stage au Studio de musique électronique de Toronto (1963). Mais son opéra Louis Riel (1967), l'un des très grands succès de la Canadian Opera Company, utilise le langage musical indien et cite des mélodies recueillies par Marius Barbeau. On lui doit notamment, pour orchestre, Symphonie no 1 (1951), Passacaille et Fugue (1954), 2 concertos pour piano (1947 et 1956), Symphonie pour vents et percussions (1961), et Picasso Suite (1964) ; de la musique vocale et de la musique de chambre dont trois quatuors à cordes (1943, 1950 et 1959) et cinq sonates pour piano (1945, 1946, 1950, 1950 et 1957) ; et, pour la scène, l'opéra de chambre The Fool (1953, créé à Toronto en 1956), les ballets The Fisherman and his Soul (1956), Ballad (1958) et The House of Atreus (1964), l'opéra Louis Riel (1967) et la pièce de théâtre musical Improvisation (1968).