Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
B

Björling (Jussi)

Ténor suédois (Stora Tuna, près de Falun, 1911 – environs de Stockholm 1960).

Dès l'âge de six ans, il appartint à un quatuor vocal masculin que formaient avec lui son père et ses deux frères. Il débuta en 1930 à l'opéra de Stockholm dans le rôle de Don Ottavio de Don Juan de Mozart. Il remporta des succès à l'étranger à partir de 1937 (Vienne, Londres). Ayant fait ses débuts au Metropolitan de New York en 1938 (Rodolphe dans la Bohème de Puccini), il demeura attaché à ce théâtre jusqu'en 1941 et de 1946 à sa mort. Son répertoire était essentiellement fondé sur les œuvres de Puccini, Verdi, Bizet (Carmen), Gounod (Faust et Roméo et Juliette) et Massenet (Manon). Ses interprétations de Faust et Roméo, de Manrico dans le Trouvère de Verdi, de Riccardo dans Un bal masqué de Verdi, de Rodolphe dans la Bohème demeurent particulièrement célèbres. La voix de Björling était d'une beauté exceptionnelle, avec une émission et un style parfaits. Ses interprétations étaient empreintes d'un lyrisme poétique. Il eut aussi une activité de concertiste.

Blacher (Boris)

Compositeur allemand (Nou-tchouang, Chine, 1903 – Berlin 1975).

Il suivit sa famille à Reval (actuellement Tallin, Estonie), à Irkoutsk (Sibérie) et à Charbin (Mandchourie), puis, en 1922, se fixa à Berlin. Il y étudia l'architecture et les mathématiques à la Technische Hochschule, puis, à partir de 1924, la composition avec Friedrich Ernst Koch à la Musikhochschule et la musicologie avec A. Schering, F. Blume et E. M. von Hornbostel à l'université. Il enseigna, en 1938-39, la composition au conservatoire de Dresde et, à partir de 1948, à la Musikhochschule de Berlin-Ouest, dont il fut directeur de 1953 à 1970. Il a eu notamment pour élèves Gottfried von Einem, Giselher Klebe, Heimo Erbse et Isang Yun. Blacher est l'une des figures les plus importantes de la musique allemande contemporaine. Son langage est parfois polytonal, parfois dodécaphonique comme dans le ballet Lysistrata (1950) et l'opéra Rosamunde Floris (1960). L'élément prédominant est le rythme. Ses œuvres sont généralement construites à partir de courts motifs rythmiques, associés parfois à certaines combinaisons de timbres qui reviennent de manière organisée tout au long de l'ouvrage (Concertante Musik, 1937). Les « mètres variables », système rythmique fondé sur des séries mathématiques préétablies et consistant en changements systématiques de mesure, sont utilisés pour la première fois dans les Ornamente pour piano (1950) qui portent le sous-titre Sieben Studien über variable Metren (7 Études sur les mètres variables) ; ils sont en accord avec la théorie de Joseph Schillinger qui tente de rationaliser la relation entre mathématiques et musique. L'influence du jazz apparaît notamment dans Jazzkoloraturen (1929), Concertante Musik (1937), 2 Poems for Jazz Quartet pour vibraphone, contrebasse, percussion et piano (1957) et Rosamunde Floris (1960). À partir de 1962, Blacher s'intéresse également aux techniques électroniques (Multiple Raumperspektiven et Elektronische Studie, 1962 ; Elektronische Impulse, 1965 ; Musik für Osaka, 1969, etc.). Il a constamment recherché la clarté, l'objectivité, l'économie des moyens, et son refus de l'expression, qui se traduit par une certaine sécheresse, évoque parfois Satie ou Stravinski dans la Symphonie de psaumes. Son Abstrakte Oper Nr 1 (Opéra abstrait no 1, 1953) ne comporte pas d'action et est chanté sur des combinaisons abstraites, sans aucune signification, de voyelles et de consonnes.

   D'une production abondante, citons encore les ballets Hamlet (1949), Der Mohr von Venedig (1955), Demeter (1963), Tristan (1965), l'opéra de chambre Roméo et Juliette (1943), l'opéra-ballet Preussisches Märchen (« Conte de Prusse », 1949), l'opéra avec bande magnétique Zwischenfälle bei einer Notlandung (« Incidents au cours d'un atterrissage forcé », 1964), les opéras Yvonne, Prinzessin von Burgund (1972) et Das Geheimnis des entwendeten Briefes, d'après Poe (1975).

Blainville (Charles-Henride)

Compositeur et théoricien français (Rouen ou village près de Tours ? v. 1710 – Paris ? apr. 1777).

Sa vie reste encore mal connue : il semble qu'il ait vécu quelque temps à Rouen, puis qu'il se soit rendu à Paris, où il aurait bénéficié de la protection de mécènes comme la marquise de Villeroy. En dépit d'une œuvre variée, en partie perdue, comprenant des sonates, des symphonies, des arrangements, des cantates profanes, des romances, des leçons de ténèbres, des motets et des ouvrages lyriques, il s'est davantage distingué comme théoricien que comme compositeur. Son Essay sur un troisième mode, accompagné d'une symphonie (jouée avec succès au Concert spirituel en 1751) qui met en pratique l'invention d'un « mode mixte » réunissant à la fois le majeur et le mineur, suscita l'intérêt des philosophes.

Blaise (Benoît)

Bassoniste et compositeur français († Paris 1772).

Bassoniste de l'orchestre de la Comédie-Italienne en 1737, il composa pour ce théâtre et pour celui de la Foire, avant la fusion des deux troupes en 1762. Auteur de danses, d'opéras-comiques, de parodies et de vaudevilles, il publia, en 1739, une cantate, le Feu de la ville, et, en 1759, trois recueils de chansons. Ses œuvres les plus célèbres furent écrites en collaboration avec Favart : Annette et Lubin (1762) et Isabelle et Gertrude ou les Sylphes supposés (1765). Il eut l'art d'agencer des ouvrages élégants, aux mélodies agréables, empruntant parfois quelques thèmes à Campra, Philidor ou Gluck.

Blanc (Ernest)

Baryton français (Sanary, Var, 1923).

Il a fait ses études au conservatoire de Toulon et a débuté, en 1950, à l'Opéra de Marseille, dans le rôle de Tonio de Paillasse de Leoncavallo. Après ses débuts à l'Opéra de Paris, en 1954, dans Rigoletto de Verdi, il s'est imposé rapidement dans les répertoires français, italien et allemand. Sa carrière internationale l'a conduit notamment au festival de Bayreuth (Telramund dans Lohengrin, 1958 et 1959). La voix d'Ernest Blanc est ample, son émission aisée et son timbre d'une beauté exceptionnelle.