Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
H

Hallé (sir Charles)
ou Karl Halle

Pianiste et chef d'orchestre anglais d'origine allemande (Hagen, Westphalie, 1819 – Manchester 1895).

Après des études musicales avec son père, avec Rinck à Darmstadt et Cherubini à Paris, où il devient l'ami de Chopin, de Berlioz et de Liszt, il s'établit ensuite en Angleterre. En 1857, il crée à Manchester un orchestre qui devient célèbre et qui porte toujours son nom. En 1861, il donne l'intégrale des sonates pour piano de Beethoven. Puis il accompagne sa femme, la violoniste Wilma Norman Neruda, lors de tournées en Australie (1890-91). À partir de 1893, il dirige le Royal Manchester College of Music. Il a composé quelques œuvres pour piano et édité des recueils pédagogiques.

halling

Danse populaire norvégienne, réservée aux hommes.

Elle est généralement notée à 2/4 avec un mouvement rapide, voire viril ; elle est accompagnée traditionnellement par la hardingfele, sorte de viole d'amour pourvue de cordes sympathiques. K. Maliser, chanteur de la première moitié du XIXe siècle, en a composé de célèbres. Des compositeurs comme E. Grieg, voulant s'inspirer du folklore national, l'ont également employée dans leurs œuvres (par exemple, Pièces lyriques pour piano).

Halvorsen (Johan)

Compositeur norvégien (Drammen 1864 – Oslo 1935).

De nombreuses caractéristiques communes lient sa carrière et son esthétique à celles de son aîné Johan Svendsen. Halvorsen a été une des plus importantes personnalités du monde musical norvégien du début du XXe siècle. Sa carrière internationale de chef d'orchestre a fait de lui un musicien éclectique ouvert à toutes les tendances musicales contemporaines ; comme compositeur, il est nationaliste, et son esthétique est le prolongement de l'œuvre de E. Grieg (comme lui, il se passionne pour les instruments populaires et, notamment, pour le violon de Hardanger) et de J. Svendsen. En 1901, il note les airs (slåtter) que lui joue le célèbre violoniste populaire Knut Dale, et que Grieg utilise dans son opus 72 pour piano. Si Halvorsen nous lègue de nombreuses œuvres instrumentales, notamment pour le violon, c'est peut-être dans le domaine orchestral qu'il est le plus personnel. Son orchestration est très remarquable par sa simplicité et son refus de l'effet brillant. Parmi ses partitions les plus intéressantes, il faut noter les suites Fossegrimen op. 21 (1905), Mascarade (1922), Comme il vous plaira (1912) et Kongen op. 19, 3 Symphonies, 3 Rhapsodies norvégiennes, 1 Suite ancienne op. 31 (1911) et sa très célèbre Marche des Boyars (1895).

Hamal (Jean-Noël)

Compositeur belge (Liège 1709 – id. 1778).

Formé à Liège, puis à Rome, il subit profondément l'influence italienne dans le domaine instrumental (15 symphonies et 11 ouvertures) et dans la musique religieuse (56 messes, 179 motets, 3 Te Deum, 32 cantates et 5 oratorios). Mais il sut en profiter pour créer l'opéra-comique wallon en s'éloignant des sujets conventionnels et mettre en scène des types locaux s'exprimant en langage dialectal. Ses 5 opéras bouffes (le Liégeois engagé, 1757 ; le Voyage à Chaudfontaine, 1757, etc.) ont beaucoup de grâce et de vivacité, non sans une certaine truculence.

Hambourg

Cette grande ville portuaire de l'Allemagne de l'Ouest, patrie de naissance des compositeurs Felix Mendelssohn (1809) et Johannes Brahms (1833), fut assez tôt dans l'histoire germanique un important centre culturel en même temps que commercial. En particulier, elle posséda, de 1678 à 1738, le premier opéra allemand permanent qui présentait un répertoire en langue allemande, offrant une alternative à l'opéra italien omniprésent. Fondé par J.-A. Reinken, l'Opéra établi dans le Gänsemarkt (« marché aux oies ») joua des « singspiele » de Johann Theile, N. A. Strungk, Reinhardt Keiser, Johann Mattheson, Johann Philipp Förtsch, et aussi Georg Philipp Telemann (Der geduldige Sokrates, 1721 ; Don Quichotte, 1761), qui fut, par ailleurs, dans cette ville directeur de la musique et cantor. Haendel vint se produire à Hambourg entre 1703 et 1706, comme claveciniste et violoniste, et y fit représenter sa Passion selon saint Jean (1704), et ses premiers opéras Almira et Nero (1705). Parallèlement, l'école de musique d'orgue religieux (favorisée par le grand nombre d'églises importantes, presque toutes détruites au cours de la Seconde Guerre mondiale) brilla au XVIIe siècle avec Jacob II Prætorius, Heinrich Scheidemann, Matthias Weckmann, Vincent Lübeck, et Johann Adam Reinken (1623-1722). Ce dernier fut assez réputé comme virtuose et improvisateur pour que Jean-Sébastien Bach fît le voyage pour aller l'entendre à l'église Sainte-Catherine de Hambourg. Ce fut un des fils de Bach, Carl Philipp Emanuel, qui devait succéder en 1767 à Telemann comme " directeur de la musique " et cantor de plusieurs églises, faisant jouer à Hambourg la Messe en si de son père et le Messie de Haendel.

   À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, le Hamburgisches Stadtheater (" théâtre municipal ") connut parmi ses directeurs musicaux Gustav Mahler (1891-1897), Erich Korngold, plus récemment, Karl Boehm (1930-1933) et Eugen Jochum (1934-1944). L'Opéra de Hambourg, rebaptisé Staatsoper (" Opéra d'État ") en 1934, est un des plus célèbres du monde. Détruit en 1943, il fut reconstruit de 1952 à 1954. Son plus célèbre intendant fut peut-être Rolf Liebermann (1959-1973), qui y mena notamment une politique hardie de créations d'avant-garde (Staatstheater de Mauricio Kagel, Kyldex, spectacle " cybernétique " de Nicolas Schöffer, Pierre Henry, Alwin Nikolaïs) avant d'être relayé par August Everding. Un incendie de décors, en 1975, causa un grave préjudice au bâtiment. De 1985 à 1988, l'intendant a été de nouveau Rolf Liebermann. Il a eu comme successeur Peter Ruzicka.

   Les orchestres importants sont au nombre de trois : l'orchestre du Staatsoper qui, sous le nom de Hamburgisches Philharmonisches Orchester, joue au Musik-halle fondé en 1908(Eugen Jochum et Joseph Keilberth furent parmi ses chefs permanents) ; l'orchestre de la Nordwestdeutsche Rundfunk (" chaîne de radio principale du Nord-Ouest "), repris et réorganisé en 1945 par Hans-Schmidt Isserstedt, et, enfin, le Hamburgisches Symphonisches Orchester. Les grands centres d'enseignement musical sont la Staatliche Hochschule für Musik (" école supérieure de musique ") et la chaire de musicologie à l'université.

   En résumé, si Hambourg fut au XVIIe siècle une sorte de capitale musicale de l'Europe du Nord, il n'est peut-être plus aujourd'hui, malgré Liebermann, un centre de création aussi important que Cologne ou Berlin.