triton
1. Intervalle formé de trois tons,par exemple fa-si. Dans la génération mélodique par cycle des quintes, le triton est le dernier intervalle formé dans le cadre du diatonisme (fa-do-sol-ré-la-mi-si) et a toujours été considéré comme particulièrement dissonant ; l'une des règles principales de la mélodie médiévale et renaissante consistait à l'éviter au moyen d'altérations. On le classe également, en harmonie classique, parmi les « fausses relations » à éviter en langage châtié. Mais le surnom qu'on lui donne souvent de diabolus in musica (le diable en musique), toujours présenté comme traditionnel et médiéval, n'est jamais attesté dans les textes avant le XIXe siècle.
Il est également très probable que le triton n'a pas toujours été pourchassé avec la rigueur légendaire, et il semble même avoir été parfois recherché pour sa saveur quelque peu étrange ; il n'en est pas moins resté d'un emploi exceptionnel, et vouloir le réintégrer par principe dans les restitutions anciennes, par réaction contre les anciens excès de rigorisme, comme s'il faisait partie du vocabulaire courant, serait sans doute un sérieux contresens.
2. On donne le nom d'accord de triton à l'accord qui contient cet intervalle à partir de sa basse, et dont l'expression la plus usuelle est le 3e renversement de l'accord de 7e de dominante (en do, fa-sol-si-ré ou toutes autres positions). On le chiffre + 4 en chiffrage d'intervalles, V surmonté de trois points en chiffrage de fonction.
tritonique
Échelle ne comportant que trois sons à l'octave.
On emploie parfois ce mot abusivement pour désigner n'importe quelle échelle de trois sons, mais l'acception propre est celle dans laquelle ces trois seuls sons prennent place dans l'échelonnement des échelles produites par l'enchaînement des quintes (fa-do-sol, d'où diverses formes telles que do-fa-sol, fa-sol-do, do-fa-sol-do, etc.), sans exclure la possibilité d'une altération attractive de fa vers sol, par exemple do-fa dièse-sol. Le tritonique fait suite au ditonique, et la série se poursuit ensuite par le tétratonique, le pentatonique, l'hexatonique, et, enfin, l'heptatonique qui clôt le cycle des échelles diatoniques.
Trojahn (Manfred)
Compositeur allemand (Cremlingen 1949).
Il a fait ses études à Brunswick (1966-1970), obtenant notamment un diplôme de flûte en 1970, puis à Hambourg avec K. H. Zöller et D. de la Motte (composition), et obtenu le premier prix du Forum international des compositeurs (U. N. E. S. C. O.) en 1978 ainsi que le prix de Rome en 1979. Il relève du courant appelé en Allemagne, très souvent sans raison, « nouvelle simplicité ». Il conçoit l'œuvre non pas comme un processus ouvert, mais comme un « objet fixe délimité dans le temps », ce en quoi il s'oppose à l'avant-garde des années 60 et 70. À l'objectivisme exacerbé des postcagiens, il oppose une subjectivité qui ne craint pas les regards en arrière, en particulier vers les symphonies monumentales du XIXe siècle, les harmonies traditionnelles et les polyphonies tonales.
On lui doit notamment Risse des Himmels pour soprano, flûte et guitare (1968-1974), les Couleurs de la pluie pour six flûtes (1972), Kammerkonzert pour huit instruments (1973), une Symphonie no 1 (Makramee, 1973-74), Architectura caelestis pour huit voix de femmes et orchestre (1974-1976), Madrigal pour chœur à huit voix (1975), Quatuor à cordes (1976), Notturni trasognati pour flûte alto et orchestre de chambre (1977), … stiller Gefährt der Nacht pour soprano, flûte, violoncelle, percussion et piano (1978), une Symphonie no 2 (1978), Abschied…, fragment pour orchestre (1978), Konzert pour flûte et orchestre (1977-1979), une Symphonie no 3 (Berlin, 1985), Requiem (1985), la Nuit (1988).
Tromboncino (Bartolomeo)
Compositeur italien (Vérone v. 1470 – Venise ? apr. 1535).
Il passe la plus grande partie de sa vie à la cour de Mantoue, où s'était fixé son père, Bernardino Piffaro, mais la quitte à plusieurs reprises pour une durée variable. Probablement actif à Florence entre 1494 et 1501, il est au service de Lucrezia Borgia à Ferrare de 1502 à 1508 au moins. Il se fixe vers la fin de sa vie à Venise (1521 ?), où il mourut très certainement. Mis à part quelques pièces sacrées (des Lamentations, un Motet et des Laude, pour la plupart des contrafacta de frottole) écrites dans le style plutôt homophonique du début du XVIe siècle italien, il est surtout célèbre pour ses nombreuses frottole, publiées en partie dans des recueils de Petrucci. Il met également en musique des strombotti, sonnets, odes, etc. Le choix de ses poèmes est particulièrement soigné et reflète les goûts d'Isabella d'Este, au service de laquelle il se trouve.
trombone
Instrument à vent de la famille des cuivres.
Son nom français (et anglais) est en réalité italien, formé de « tromba » (trompette) et du suffixe augmentatif « one ». Il s'agit en effet d'une grande trompette, donc d'une basse de trompette. L'inconnu qui eut l'idée, au Moyen Âge, de recourber l'encombrant tuyau en forme de « S », en sorte que la partie postérieure de l'instrument passe derrière l'épaule de l'exécutant, prépara la voie à une invention capitale : celle de la coulisse mobile qui, au XVe siècle, fut substituée à l'anse antérieure du « S ». Grâce à cette coulisse manœuvrée de la main droite, le tuyau sonore pouvait être allongé par degrés, dont chacun représentait un demi-ton vers le grave, avec tous les harmoniques correspondants. Le trombone fut ainsi le premier des « cuivres » à disposer d'une échelle chromatique complète, d'où la place considérable qu'il tient dans les compositions religieuses ou profanes des polyphonistes du XVIe siècle. Il devait conserver ce monopole jusqu'à l'invention, au début du XIXe siècle, du cor et de la trompette à trois pistons.
Le trombone ténor moderne, en si bémol, n'est guère différent de son ancêtre. Il présente d'ailleurs le même inconvénient : comme une octave sépare les sons 1 et 2 de l'échelle des harmoniques, les sept positions de sa coulisse ne permettent d'atteindre que le mi compris entre ces deux si bémol ; après quoi l'instrument est muet jusqu'au si bémol grave, que suivent six autres « notes pédales ».
Le trombone dit « basse » comble cette lacune et c'est pourquoi il tend à supplanter le ténor au moyen d'une tubulure supplémentaire commandée par un barillet ; sa perce et son embouchure sont un peu plus grosses, afin de faciliter l'émission des notes graves, mais son étendue globale est pratiquement la même.
Mentionnons pour mémoire un énorme trombone contrebasse, un vrai trombone basse, des trombones alto, soprano et même sopranino, mais surtout le trombone à pistons qui, épargnant à l'exécutant le soin délicat d'ajuster la coulisse, fut très employé dans les orphéons du XIXe siècle.