Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
H

Hongrie (suite)

Le XXe siècle

La création d'une véritable école hongroise originale revient à Béla Bartók et à Zoltán Kodály. Reprenant les travaux de Béla Vikar, ils entreprennent une collecte systématique de la musique populaire paysanne, substance qui servira à l'un à l'étendre à une musique d'audience universelle, à l'autre à asseoir définitivement une tradition chorale qui authentifiera l'enseignement musical (méthode Kodály). Kodály, resté au pays, devient le père de la musique hongroise et forme l'essentiel des compositeurs hongrois de ce siècle : Jenö Adam, Lajos Bardos, Férenc Farkas, Pál Kadosa, Zoltán Horusitzky, Jenö Gaál, Istvan Zselényi, János Viski, Györky Ránki, Sandor Veress, Gábor Darvas, András Mihály, Rudolf Maros, Reszö Sugár, Istvan Sarközi, Endre Szervánszky, Pál Jardanyi. János Viski est, dans le même esprit, le maître de personnalités comme András Szöllösy, Sándor Szokolay et l'une des rares femmes compositeurs, Erzsébet Szönyi. Le rayonnement de Bartók est tel, au niveau mondial, qu'au lendemain de la guerre de 1939-1945 les jeunes compositeurs sont comme frappés de paralysie, cherchant désespérément à poursuivre la voie tracée par le maître émigré et à assumer un héritage impossible. L'approche plus pédagogique, plus simplement folklorique de Kodály rassure ceux qui s'en tiennent à une écriture mélodique traditionnelle. Après 1949, quelques personnalités ouvertes aux influences de Bartók et de l'école de Vienne s'expatrient : Tibor Serlih, Miklos Rosza, Matyas Seiber, Géza Frid. Il faut attendre 1960 pour voir naître une nouvelle génération postbartokienne, faisant se rejoindre en une approche saisissante les acquis transcendants d'un folklore imaginaire bartokien et les enseignements weberniens. On peut citer Attila Bozay, Zsolt Durkó, György Ligeti (émigré en 1956), Istvan Lang, Kamilló Lendvai et surtout György Kurtag. D'autres créateurs, comme Emil Petrovics, Szokolay, Ranki, Farkas, etc., privilégient la grande forme chorale, l'opéra et la cantate, tandis que leurs cadets trouvent en un pointillisme webernien à la spiritualité bartokienne les traces de la tradition hongroise altaïque (lamentations, musique funèbre, récits héroïques) en utilisant fréquemment des instruments typiquement hongrois (cymbalum, cordes, etc.). La jeune école hongroise, aujourd'hui fréquemment accusée d'académisme postwebernien, s'ouvre aux traditions kuruc ou médiévales en retrouvant l'esprit de la première musique hongroise de tradition à la fois monodique et instrumentale.

   Par ailleurs, l'influence des musiques non écrites se répand comme dans d'autres écoles mondiales, les jeunes créateurs hongrois s'étant montrés très ouverts aux enseignements de Boulez, de Carter, de Foss et de leurs voisins polonais.

hopak
ou gopak

Danse populaire ukrainienne à deux temps, souvent employée par le ballet classique russe.

Elle adopte un mouvement rapide et un rythme incisif. Elle peut être dansée par des solistes ou en groupes.

Hopkinson (Francis)

Homme d'État, inventeur, poète et compositeur américain (Philadelphie 1737 – id. 1791).

Il perfectionna le clavecin, ajouta un clavier à l'harmonica de verre de Franklin, inventa un instrument à cloches, qu'il appela « bellarmonica », et publia en 1788 un recueil de chansons, qu'il adressa à George Washington en revendiquant l'honneur d'être le premier Américain de naissance à produire une composition musicale.

hoquet

Procédé rythmique qui consiste à répartir une à une entre plusieurs voix ou instruments en alternance les notes d'une ligne mélodique.

Apparu vers la fin du XIIIe siècle, le hoquet connut une grande vogue dans l'Ars nova du XIVe siècle, où il fut surtout utilisé comme « coda » dans les parties terminales ; de moins en moins employé par la suite, il disparut à peu près de la polyphonie vers 1530. On en retrouve un équivalent moderne dans certaines formules d'accompagnement orchestral dites « contre-temps », introduites dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. La symphonie classique ou l'opéra verdien ne dédaignent pas d'en faire usage, mais c'est surtout dans les musiques militaires ou les orphéons que s'est implantée sa suprématie. On a parfois donné le nom de « hoquet » comme titre à certaines pièces du XIVe siècle qui en faisaient usage ; l'un des plus célèbres est le Hoquet David de Guillaume de Machaut, comportant 2 voix riches en hoquets sur une 3e voix en teneur.

Horenstein (Jascha)

Chef d'orchestre américain d'origine russe (Kiev 1899 – Londres 1973).

Il étudia à Vienne le violon avec A. Busch (1911), puis la philosophie à l'université (1918) et débuta comme chef d'orchestre en 1923. Il travailla à Düsseldorf jusqu'en 1933 et enseigna à la New School for Social Research de New York en 1940. Il dirigea pour la première fois Wozzeck d'Alban Berg à Paris (O.R.T.F., 1950) et, des chefs de sa génération, fut un des plus grands interprètes de Gustav Mahler.

Hornbostel (Erich Moritz von)

Musicologue autrichien (Vienne 1877 – Cambridge 1935).

Il étudia la chimie, la physique et la philosophie à Vienne et à Heidelberg, puis il s'installa à Berlin, où il se consacra uniquement à la psychologie et (avec son maître C. Stumpf) à la musicologie. Professeur à l'université de Berlin en 1917, il dirigea de 1906 à 1933 le Phonogramm-Archiv de cette ville. Obligé d'émigrer en 1933, il obtint à la New School of Social Research de New York un poste d'enseignant, qu'il dut abandonner au bout d'un an pour raison de santé. Il fut le fondateur de l'ethnomusicologie moderne (ou musicologie comparée) et compta parmi ses collaborateurs berlinois Walter Wiora. En 1906, il avait fait un voyage d'études chez les Indiens de l'Amérique du Nord. Il a écrit de très nombreux articles et édité avec C. Stumpf les Sammelbände für vergleichende Musikwissenschaft (1922).

Horne (Marilyn)

Mezzo américaine (Bradford 1929).

Elle fait ses débuts à Los Angeles en 1954 dans la Fiancée vendue de Smetana (rôle de Hata). La même année, elle est choisie pour doubler Dorothy Dandridge dans le célèbre film Carmen Jones. En 1956, elle part se perfectionner en Europe. Stravinski lui fait créer sa Cantate de saint Marc au festival de Venise. En 1967, à Londres, Marilyn Horne chante pour la première fois Adalgise aux côtés de la Norma de Joan Sutherland et s'affirme comme une des grandes interprètes actuelles des rôles de bel canto orné. C'est pourtant les représentations du Siège de Corinthe dans le rôle de Néocles de Rossini, données à la Scala de Milan en 1969, pour le centenaire de la mort du compositeur, qui la consacrent définitivement parmi les virtuoses les plus accomplies de notre époque. Depuis lors, Marilyn Horne a abordé certains rôles plus lourds, tels que Fidès du Prophète de Meyerbeer et Azucena du Trouvère de Verdi. Mais il est évident que le chant d'agilité reste son domaine d'élection. À défaut d'un volume exceptionnel, sa voix possède un timbre sombre et corsé d'une séduction très personnelle.