Hongrie (suite)
Le XXe siècle
La création d'une véritable école hongroise originale revient à Béla Bartók et à Zoltán Kodály. Reprenant les travaux de Béla Vikar, ils entreprennent une collecte systématique de la musique populaire paysanne, substance qui servira à l'un à l'étendre à une musique d'audience universelle, à l'autre à asseoir définitivement une tradition chorale qui authentifiera l'enseignement musical (méthode Kodály). Kodály, resté au pays, devient le père de la musique hongroise et forme l'essentiel des compositeurs hongrois de ce siècle : Jenö Adam, Lajos Bardos, Férenc Farkas, Pál Kadosa, Zoltán Horusitzky, Jenö Gaál, Istvan Zselényi, János Viski, Györky Ránki, Sandor Veress, Gábor Darvas, András Mihály, Rudolf Maros, Reszö Sugár, Istvan Sarközi, Endre Szervánszky, Pál Jardanyi. János Viski est, dans le même esprit, le maître de personnalités comme András Szöllösy, Sándor Szokolay et l'une des rares femmes compositeurs, Erzsébet Szönyi. Le rayonnement de Bartók est tel, au niveau mondial, qu'au lendemain de la guerre de 1939-1945 les jeunes compositeurs sont comme frappés de paralysie, cherchant désespérément à poursuivre la voie tracée par le maître émigré et à assumer un héritage impossible. L'approche plus pédagogique, plus simplement folklorique de Kodály rassure ceux qui s'en tiennent à une écriture mélodique traditionnelle. Après 1949, quelques personnalités ouvertes aux influences de Bartók et de l'école de Vienne s'expatrient : Tibor Serlih, Miklos Rosza, Matyas Seiber, Géza Frid. Il faut attendre 1960 pour voir naître une nouvelle génération postbartokienne, faisant se rejoindre en une approche saisissante les acquis transcendants d'un folklore imaginaire bartokien et les enseignements weberniens. On peut citer Attila Bozay, Zsolt Durkó, György Ligeti (émigré en 1956), Istvan Lang, Kamilló Lendvai et surtout György Kurtag. D'autres créateurs, comme Emil Petrovics, Szokolay, Ranki, Farkas, etc., privilégient la grande forme chorale, l'opéra et la cantate, tandis que leurs cadets trouvent en un pointillisme webernien à la spiritualité bartokienne les traces de la tradition hongroise altaïque (lamentations, musique funèbre, récits héroïques) en utilisant fréquemment des instruments typiquement hongrois (cymbalum, cordes, etc.). La jeune école hongroise, aujourd'hui fréquemment accusée d'académisme postwebernien, s'ouvre aux traditions kuruc ou médiévales en retrouvant l'esprit de la première musique hongroise de tradition à la fois monodique et instrumentale.
Par ailleurs, l'influence des musiques non écrites se répand comme dans d'autres écoles mondiales, les jeunes créateurs hongrois s'étant montrés très ouverts aux enseignements de Boulez, de Carter, de Foss et de leurs voisins polonais.