Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
P

partie

Dans une composition destinée à une formation vocale ou instrumentale, élément concertant exécuté par un même chanteur ou groupe de chanteurs, un même instrument ou groupe d'instruments (par ex., la partie de ténor, la partie de second violon). L'ensemble des parties constitue la partition.

partiel

Terme d'acoustique employé dans deux acceptions voisines, mais sensiblement différentes.

Au sens ancien, le plus large et, aujourd'hui encore, le plus généralement utilisé, partiel tend à se confondre avec harmonique. En soufflant plus fort dans un instrument à vent ou dans un tuyau d'orgue, on lui fait donner des sons plus élevés que le son fondamental : l'octave, puis la douzième, la double octave, etc. Ces sons apparaissent dans l'ordre naturel des harmoniques, ce qui explique qu'en les appelant partiels, les musiciens les confondent avec ceux-ci ­ sans d'ailleurs commettre de grave erreur.

   Mais, en fait, les harmoniques sont des fréquences contribuant à former tout son musical complexe, et dont la hauteur se définit par rapport à ce son par une relation simple : 2/1, 3/1, 4/1, etc. Or la fréquence des sons que l'on obtient en forçant un tuyau sonore, ou en immobilisant une corde à la moitié ou au tiers de sa longueur, n'est pas dans un rapport simple avec la fondamentale, et ne correspond pas rigoureusement à un harmonique : c'est un partiel, dans son second sens, le sens strict des physiciens, c'est-à-dire un son constitutif d'un son musical complexe, mais dont la fréquence n'est pas un multiple entier de ce son. Tel est le cas, notamment, des sons qui composent les sons musicaux des percussions ou des cloches, qui sont typiquement des partiels. Il n'empêche que, dans les instruments à vent en particulier, les facteurs d'instruments s'efforcent d'obtenir des partiels qu'ils se rapprochent le plus possible des harmoniques, de façon à donner la plus grande justesse lorsque l'on change d'octave en soufflant plus fort.

partimento

Nom donné en Italie, à la fin du XVIIe et au XVIIIe siècle, à des basses chiffrées présentées sans leur réalisation, le plus souvent à titre d'exercice pédagogique, ou simplement comme base d'improvisation ou de composition.

partita (de l'italien partire : « partager »)

Employé avec des sens divers (« variation », « série de variations », « pièce isolée », « suite de pièces ou de danses », « œuvre en plusieurs mouvements ») en Italie et en Allemagne aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Les plus anciens exemples se rapportent à la danse (partite et passaggi di gagliarda parus chez Prospero Luzi en 1589) ou plus généralement à des œuvres instrumentales (Partite strumentali, perdus, de Gesualdo). Plus tard, partite sopra voulut dire « variations sur », et partite di « suite de pièces consistant en » (par ex., chez Froberger). Kuhnau utilisa le terme dans le sens « suite faisant partie d'un ensemble » (Neuer Clavier Übung Erster Theil, Bestehend in Sieben Partien…, 1689), Johann Krieger fit de même en 1697 (Sechs musicalische Partien, Sei partite musicali). L'ensemble des six œuvres pour violon seul de Bach comprend, d'une part, trois sonates (BWV 1001, 1003 et 1005) selon le modèle de la sonata da chiesa (« sonate d'église »), d'autre part, trois partitas comprenant diverses danses (BWV 1002, 1004 et 1006), et donc proches par l'esprit de la sonata da camera (« sonate de chambre »). Bach appela également partitas les six suites (ou suites allemandes) formant la première partie de la Clavierübung (BWV 825-830), et partite diverse sopra… certains des cycles de variations sur des chorals pour orgue BWV 766-771.

   Haydn appela lui-même partitas certaines de ses sonates de jeunesse, en particulier la 13e, qui justement évoque plus ou moins l'ancienne suite par ses quatre mouvements dans la même tonalité majeure ou mineure, et ses divertissements pour instruments à vent seuls reçurent pour la plupart le nom de Feldparthien. À Vienne, dans les années 1750, le terme parthia s'appliquait très souvent à une œuvre relevant plus ou moins du genre symphonie de chambre.

partition

1. Terme général s'appliquant à toute mise par écrit d'un morceau de musique, mais impliquant généralement le fait que toutes les parties y soient représentées de manière synoptique : par exemple, un morceau à 4 mains sera dit « en partition » si les 4 portées sont figurées les unes sous les autres, mais non si elles sont réparties sur deux pages en vis-à-vis. On distingue principalement les partitions d'orchestre ou assimilées (musique de chambre) dans lesquelles sont reproduites en détail les parties de chaque exécutant, et les partitions « réduites » qui en donnent un résumé, généralement pour piano (piano et chant pour les opéras). On oppose également, se référant au format, la grande partition, utilisée par les chefs d'orchestre, et la partition de poche, qui en est une réduction, souvent photographique, destinée à l'étude.

   Le mot « partition », qui signifie simplement « division, quadrillage », provient du début du XVIIe siècle, où l'usage alors nouveau de la barre de mesure fut considéré comme un auxiliaire de lecture précieux pour mettre ensemble plusieurs exécutants, d'où l'extension ultérieure du terme.

2. Manière dont procèdent les accordeurs pour régler la justesse des intervalles. Appareils parfois employés par eux pour faciliter ce réglage (il existe notamment des « partitions » formées de lames vibrantes, ou plus récemment des partitions électroniques). L'usage n'en est pas généralisé, la plupart des accordeurs préférant se fier à leur oreille.

Pasdeloup (Jules)

Violoniste et chef d'orchestre français (Paris 1819 – Fontainebleau 1887).

Fils de François Pasdeloup, chef d'orchestre à l'Opéra-Comique, il entra en 1829 au Conservatoire. Ayant obtenu un premier prix de violon en 1832, il fut violoniste dans divers orchestres, donna des leçons privées, et écrivit des valses et des polkas avant d'être nommé professeur de violon au Conservatoire. N'ayant pas réussi à se faire reconnaître comme compositeur, il fonda, en 1851, avec des élèves du Conservatoire la Société des jeunes artistes, remplacée en 1861 par les Concerts populaires, dont le but fut de mettre la musique classique à la portée des masses pour des prix modiques. Cette initiative obtint un énorme succès. Les Concerts populaires, donnés au Cirque d'Hiver, consacrèrent des programmes à Haydn, Mozart, Beethoven, Weber, Mendelssohn, révélèrent Schumann, Wagner, Tchaïkovski, créèrent des œuvres de Massenet, Lalo, Saint-Saëns.

   Pasdeloup fut également directeur musical du théâtre de l'Athénée, et directeur des études au Conservatoire. En 1869, il prit la succession de Léon Carvalho à la tête du Théâtre-Lyrique. Il y dirigea les premières françaises de Rienzi, du Bal masqué et assura la reprise d'Iphigénie en Tauride. Après la guerre de 1870, il se trouva ruiné. Il organisa alors des tournées avec son orchestre, dont il assura la direction jusqu'en 1884. À sa mort, les Concerts populaires ne lui survécurent pas, faute de moyens. Ils ressuscitèrent en 1917 grâce à l'initiative de Sandberg, qui les réinstalla au Cirque d'Hiver sous le nom de « concerts Pasdeloup », et sous la direction de Rhené-Baton.