Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
G

gourde
ou cabacca

Instrument à percussion de la famille des « bois ».

Sorte de calebasse desséchée que l'on fait tourner à l'intérieur d'un collier tenu de l'autre main.

Gouvy (Louis Théodore)

Compositeur français (Goffontaine, près de Sarrebruck, 1819 – Leipzig 1898).

Il s'installa en 1836 à Paris pour y étudier le droit, mais son aisance matérielle lui permit de se tourner vers la musique. Il voyagea ensuite en Allemagne et en Italie, puis revint à Paris, où, tout autant qu'en Allemagne, il fit exécuter ses œuvres ­ fortement influencées par Mendelssohn ­ avec un succès certain. Il fut, en 1871, un des fondateurs de la Société nationale de musique, et, vers 1880, se retira à Leipzig. Tenant de la musique « pure », il a composé dans un style assez impersonnel 6 symphonies, de la musique de chambre, des cantates comme Iphigénie en Tauride, Œdipe à Colone, la scène de concert le Dernier Hymne d'Ossian.

Grabner (Hermann)

Compositeur et pédagogue allemand (Graz 1886 – Bolzano 1969).

Également instrumentiste (alto), il a été l'élève à Leipzig de Max Reger (composition) et Hans Sitt (direction d'orchestre), et a enseigné à Strasbourg (1913), Mannheim et Heidelberg (1918-1924), Leipzig (1924-1938) et Berlin (1938-1951). Fortement influencé par Max Reger, il a écrit l'opéra Die Richterin (1930), des oratorios et des cantates comme Die Heilandsklage, Segen der Erde ou Das Lied vom Walde, de la musique de chambre (dont 3 quatuors) et d'orgue, des œuvres instrumentales comme le Konzert im alten Stil pour 3 violons, ou d'orchestre comme Variations et fugue sur un thème de J.-S. Bach On lui doit aussi des ouvrages théoriques : Regers Harmonik (1920, 2e édition 1961), Die Funktionstheorie H. Riemanns (1923), Die Kunst des Orgelbaus (1958).

graduel

1. Abréviation de l'expression « répons-graduel » (responsum gradale), désignant un répons ou fragment de psaume chanté après l'épître, primitivement sur les degrés (gradus) de l'« ambon » (tribune surélevée servant aux lectures), et précédant l'alléluia (ou le trait). Jadis plus développé, le graduel est aujourd'hui habituellement réduit à deux versets de psaume, théoriquement alternés entre chœur et soliste, dont l'un constitue le « répons » du chœur et le second le « verset » de soliste (souvent chanté par un « petit chœur » ; comme pour l'alléluia, le grand chœur rejoint aux derniers mots). Le graduel est une pièce largement ornée, dont l'ambitus, surtout dans le verset, dépasse souvent les limites théoriques du mode. Il existe pour chacun des 8 modes une mélodie type de verset dont on retrouve le schéma, différemment orné, à travers de nombreux graduels du même mode, bien que tous ne s'y astreignent pas. Considéré comme le « morceau musical » de la messe par excellence, le graduel en a été l'une des parties les plus développées par les déchanteurs primitifs : la majorité des grands organa de l'Ars antiqua sont des graduels.

2. Par extension, on a donné le nom de graduel au livre de chant contenant l'ensemble du propre de la messe, par opposition au Kyriale qui n'en contient que le commun, au missel (dit parfois antiphonarium missae), qui contient les deux, et à l'« antiphonaire », qui ne contient que les offices des heures. La distinction toutefois n'est pas toujours observée, et notamment l'on emploie souvent le mot « graduel » pour désigner l'une ou l'autre de ces diverses catégories de livres.

Graener (Paul)

Compositeur, chef d'orchestre et pédagogue allemand (Berlin 1872 – Salzbourg 1944).

Directeur du Mozarteum de Salzbourg (1910-1913), successeur de Max Reger comme professeur de composition au conservatoire de Leipzig (1920-1924), directeur du conservatoire Stern à Berlin (1930), il devint en 1933 vice-président de la chambre de musique du Reich, dont il dirigea de 1935 à 1941 le département « compositeurs ». Dans un style postromantique, il a écrit de nombreuses œuvres instrumentales et orchestrales, parmi lesquelles une Symphonie en ré mineur, les Variations pour orchestre sur un chant populaire russe, la suite d'orchestre Die Flöte von Sanssouci et 6 quatuors à cordes, ainsi que des opéras, dont les plus célèbres furent Don Juans letztes Abenteuer (1914) et Friedemann Bach (1931).

Grainger (Percy Aldridge)

Compositeur et pianiste américain, d'origine australienne (Melbourne 1882 – White Plains, New York, 1961).

Après des études à Melbourne, il poursuit son éducation à Francfort en Allemagne avec Kwast, puis à Berlin avec Busoni. Il fait ses débuts comme pianiste à Londres en 1901. Il réunit un très grand nombre de chants populaires anglais qu'il publie, plus tard, aux États-Unis. Ami de Grieg, dont il est le brillant interprète, il fait plusieurs tournées en Scandinavie et y recueille également des thèmes folkloriques. Fixé aux États-Unis en 1914, il y enseigne le piano au collège musical de Chicago (1919-1928), puis à l'université de New York. En Australie, il fonde le musée musical de Melbourne.

   Expérimentaliste parti d'un style folklorisant pour devenir l'un des pionniers de la musique électronique, il a suivi une démarche évolutive assez personnelle, participant d'une recherche de l'insolite et d'un goût de l'étrange (To a Nordic Princess). Ses œuvres les plus appréciées s'inspirent du climat populaire, mais, de très bonne heure, il a cultivé la polytonalité, les micro-intervalles et les rythmes complexes. Il s'est passionné pour les techniques nouvelles et, à la fin de sa vie, s'est intéressé activement aux possibilités de l'électroacoustique. Il a composé de la musique pour orchestre (Train Music Sketch ; In a Nutshell ; The Warriors pour orchestre et 3 pianos ; Handel in the Strand), de la musique de chambre (deux Hill Songs pour 24 instruments solistes ; Quintette à vent ; Quatuor à cordes ; My Robin is in the Greenwood Gone pour 8 instruments) et des œuvres vocales, dont le cycle de chœurs d'après Kipling (le Livre de la jungle).

Granados y Campiña (Enrique)

Pianiste et compositeur espagnol (Lérida, Catalogne, 1867 – péri en mer 1916).

Il fit ses études à Barcelone avec Pujol (piano) et Pedrell (composition), puis à Paris. Un premier récital à Barcelone (1890) l'encouragea à entreprendre une carrière de pianiste qu'il poursuivit brillamment soit en soliste, soit avec des violonistes (Crickboum, Ysaye, Thibaud), des pianistes (Risler, Saint-Saëns) ou des ensembles de chambre (quatuor Crickboum). Après la présentation, à Madrid, de son opéra Maria del Carmen (1898), il mena de front la composition, la virtuosité pianistique et la pédagogie au conservatoire de Barcelone, dont il avait été le fondateur. Ses pièces pour piano, parmi lesquelles les 12 Danzas españolas (1892-1900), les Escenas romanticas (1904 ?), et surtout les Goyescas (d'après des peintures de Goya exposées au Prado, création en mars 1911) lui assurèrent la célébrité. Plus tard, il adapta la musique des Goyescas pour en tirer un opéra du même nom, dont la création, d'abord prévue à Paris, mais empêchée par la guerre, eut lieu à New York en janvier 1916. C'est au retour de cet ultime voyage aux États-Unis que Granados périt avec sa femme dans le naufrage du Sussex, torpillé dans la Manche par un sous-marin allemand. Imprégné de culture romantique, en particulier de Schumann, Chopin et Grieg, il fut un coloriste aussi délicat qu'Albéniz, mais l'Espagne qu'il évoque est plutôt celle, galante et ironique, du XVIIIe siècle que l'Espagne « mauresque » d'Iberia. Sans aucune prétention à la reconstitution folklorique, il apporta à ses premières pièces pour piano un raffinement poétique et une puissance d'émotion qui devaient s'épanouir encore plus par la suite. Dans les Tonadillas (1914) pour voix et piano et dans les Goyescas, il ne garda que l'esprit de la thématique et des rythmes populaires, et parvint à une expression aux résonances universelles.