Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Percussions de Strasbourg (les)

Formation de 6 solistes percussionnistes créée en 1961, en relation avec l'orchestre de Strasbourg, dont ses membres étaient issus, sous le nom de Groupe instrumental à percussion de Strasbourg.

Constitué pour interpréter et susciter un répertoire contemporain pour la percussion, ce groupe a pris, en 1966, son nom définitif, peu avant de connaître un large succès public, notamment par le disque. Il fut initialement composé de Jean-Paul Batigne, Gabriel Bouchet, Jean-Paul Finkbeiner, Detlev Kieffer (lequel est également compositeur et animateur musical), Claude Ricou et Georges Van Gucht. Il joue non seulement de l'ensemble des instruments à percussion occidentaux, mais aussi de nombreux instruments non européens rassemblés aux quatre coins du monde (plus de 140). Vers la fin des années 60 et au début des années 70, il connaît une grande popularité en interprétant un répertoire presque entièrement composé de pièces composées pour lui et, la plupart du temps, pour percussions seules : il a ainsi contribué d'une manière importante à développer et à faire mieux connaître le répertoire contemporain. On lui doit aussi une « méthode » d'enseignement de la percussion moderne, avec certains instruments spécifiques, la méthode Percustra. On citera, dans son répertoire, des œuvres de Maurice Ohana (Quatre Études chorégraphiques, Silenciaire), Miloslav Kabelac (Huit Inventions), Roman Haubenstock-Ramati (Jeux 6), Gilbert Amy (Cycle), Alain Louvier (Candrakala, Shima), Peter Schat (Signalement), Serocki (Continuum), André Boucourechliev (Archipel III), Iannis Xenakis (Persephassa), Ivo Malec (Actuor), André Jolivet (Cérémonial), Detlev Kieffer (Félix), Karlheinz Stockhausen (Musik im Bauch), Tona Scherchen (Shen), Georges Aperghis (Kriptogramma), Hugues Dufourt (Erewhon), etc.

perdendosi

Terme italien pour « en se perdant », prescrivant de jouer un passage ou une note en un descrescendo continu, jusqu'à ce que le son disparaisse, « se perde ».

On trouve cette indication dans l'allegro initial de la symphonie en ut majeur no 60 (le Distrait) de Haydn (1774), à l'origine musique de scène pour la pièce de Regnard : la musique effectivement se perd et semble devoir s'arrêter, dépeignant sans doute les pertes de mémoire du héros principal, Léandre, mais un soudain fortissimo la rappelle à l'ordre, la remet dans le droit chemin.

Pérès (Marcel)

Chanteur, chef de chœur et musicologue français (Oran 1956).

Après des études d'orgue et de composition au Conservatoire de Nice, il poursuit sa formation en Grande-Bretagne et au Canada. De retour en France en 1979, il se spécialise dans la musique médiévale et fonde en 1982 l'ensemble Organum, avec lequel il entreprend une exploration méthodique des domaines encore mal connus des répertoires médiévaux (le chant vieux-romain et ses rapports avec le chant byzantin, les micro-intervalles et l'ornementation dans le chant grégorien, les drames liturgiques, etc.) À partir de 1984, il dirige à la Fondation Royaumont le Centre de recherche pour l'interprétation des musiques médiévales, qui prend quelques années plus tard une dimension européenne. Il réalise à partir de 1983 une collection discographique consacrée aux répertoires médiévaux. En 1990, il reçoit le prix Léonard de Vinci.

perfection

Terme employé dans le solfège de la fin du Moyen Âge pour désigner la division d'une valeur en trois ; la division en deux étant dite « imparfaite », par référence à la perfection de la Sainte Trinité.

Dans la notation mensurale de la même époque, une ligature était dite « avec » ou « sans » perfection selon que, par la position de sa dernière note, celle-ci était ou non allongée ; la même notion appliquée au début de la ligature était dite « propriété ».

Pergolèse (Jean-Baptiste) , en ital. Giovanni Battista Pergolesi

Compositeur italien (Iesi 1710 – Pouzzoles 1736).

Fils d'un expert agronome de Pergola, il révéla une intelligence précoce, apprit le violon dans sa ville natale, et sans doute, fin 1723, fut envoyé à Naples, où il fut élève aux Poveri de Gesù Cristo. On ne sait s'il bénéficia véritablement d'un mécénat, ou s'il put aussitôt subvenir à ses besoins grâce à son talent de violoniste, confirmé dès 1729. Élève de De Matteis et de Gaetano Greco, il semble avoir achevé ses études avec Vinci et avec Francesco Durante, et les avoir couronnées avec l'exécution d'un drame sacré (La Conversione di San Guglielmo d'Aquitania, contenant des scènes comiques) et avec l'oratorio La Morte di San Giuseppe. Il affronta sans succès le véritable public au San Bartolomeo avec Salustia (1732), puis triompha la même année aux Fiorentini avec une comédie en 3 actes en dialecte napolitain due à G. A. Federico, Lo Frate'nnamurato. En 1733, l'opera seria Il Prigonier superbo contenait l'intermezzo La Serva padrona qui, repris isolément dès 1738, ne devait plus jamais quitter l'affiche. De même, Livietta e Tracollo fut détaché de l'opera seria Adriano in Siria (1734), sur un poème de Métastase. Ce dernier lui fournit encore une Olimpiade, donnée à Rome en 1735. Dès 1732, Pergolesi avait occupé des fonctions de maître de chapelle à Naples, cependant que Rome le réclamait souvent. En 1735 se situe la légende de son amour, partagé mais contrarié, avec Maria Spinelli, d'origine princière. Miné par une tuberculose déjà ancienne, il se retira au couvent des Capucins de Puozzoli, où il acheva son Stabat Mater et mourut à vingt-six ans.

   La vie trop brève de Pergolèse est encore très mal connue, et la fortune extraordinaire de sa Serva padrona, qui, malgré sa valeur, n'est pas sa plus grande œuvre, devait conduire maints éditeurs à publier sous son nom d'innombrables ouvrages de Hasse, Vinci, Logroscino, etc. Des ariettes célèbres, comme Se tu m'ami et Tre giorni son che Nina, sont peut-être apocryphes, et il en va de même de la plupart de la musique instrumentale qui lui fut attribuée : on ne peut en retenir avec certitude que 1 ou 2 concertos et moins de 10 sonates. Les 6 Concerti Armonici, qui circulèrent sous son nom puis sous celui de Carlo Ricciotti, ont été attribués récemment (1980) à un mystérieux Hollandais, Unico Graf Van Wassenaer (1692-1766). Une meilleure connaissance de Durante, de Leo et même de Hasse permettra un jour de mieux situer Pergolèse, dont la place apparaît néanmoins exceptionnelle en son temps. Il se montra traditionnel dans l'opera seria, où son écriture vocale reste surchargée de tournures baroques, déjà reniées par Alessandro Scarlatti, mais son orchestre y est riche et original. Plus heureux dans le domaine léger, il y fit preuve d'une inspiration mélodique expressive et tendre, due à la grâce inhabituelle de courtes formules peu développées. Ses succès posthumes en la matière (La Serva padrona fut à l'origine de la Querelle des bouffons) le firent passer à tort pour l'inventeur de l'opera buffa et de l'intermezzo. Mais c'est peut-être sa musique religieuse et ses cantates qui révèlent le mieux son génie. Les 2 ou 3 messes qui lui reviennent avec certitude, ses Salve Regina et surtout son Stabat Mater annoncent parfois Haydn, bien qu'antérieurs aux grandes partitions de Haendel (mais il ne faut pas oublier que Pergolèse était un contemporain de Gluck et de Carl Philipp Emanuel Bach). La mort prématurée de Pergolèse contribua à entretenir sa légende, mais il reste un des plus grands représentants de l'école napolitaine du XVIIIe siècle.