Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

cithare

On appelait cithare, dans l'Antiquité classique, l'instrument aujourd'hui appelé lyre. La cithare n'était, en fait, qu'une lyre améliorée, à la caisse de résonance plus développée. Le terme est de nos jours appliqué par les musicologues à tout instrument à cordes pincées dépourvu de manche, quelle que soit sa forme (vina de l'Inde, etc.). Mais il désigne particulièrement la cithare d'Europe centrale, dont les nombreuses cordes accordées chromatiquement et résonnant à vide sont tendues sur une caisse plate de forme trapézoïdale.

Citron (Pierre)

Musicologue français (Paris 1919).

Agrégé de l'Université, docteur ès lettres, il a été notamment attaché de recherche au Centre national de la recherche scientifique (1957-1960), directeur des études à l'Institut français de Londres (1960-1963) et professeur de littérature française à la faculté des lettres de Clermont-Ferrand (1963-1969). À partir de 1970, il a occupé le même poste à Paris-Sorbonne. Il a édité des œuvres de Balzac, Villiers de l'lsle-Adam et Giono. Comme musicologue, on lui doit des ouvrages sur Couperin (1956) et Bartók (1963), ainsi que l'édition des Mémoires (2 vol., 1969) et ­ en collaboration avec Frédéric Robert ­ de la Correspondance générale d'Hector Berlioz (six volumes de 1972 à 1995, septième et dernier volume à paraître).

clairon

1. Instrument à vent de la famille des cuivres.Cette sorte de trompette sans pistons, de perce conique plus grosse et de forme plus ramassée que la trompette, a une sonorité aussi claire, mais moins sèche. Réglementaire dans l'armée française, le clairon est chargé des diverses sonneries de service, de combat et de cérémonie, encore qu'il tende à tomber en désuétude sauf dans ce dernier domaine. Les clairons sont également employés en grand nombre, avec les tambours, dans les « cliques » militaires et civiles.

2. Jeu d'orgue à anche, du type trompette, dont le tuyau est de forme conique régulière, à grosse taille, en métal. Il sonne à l'octave aiguë de la trompette (4 pieds). Ce registre dote le pédalier ­ où il est parfois appelé à jouer en soliste ­ ou les claviers manuels ; il est le plus souvent associé à la trompette, et éventuellement à la bombarde, en batteries d'anches utilisées dans les tutti.

3. Second registre (registre du médium) de la clarinette.

Clapisson (Antonin Louis)

Compositeur français (Naples 1808 – Paris 1866).

Après avoir étudié le violon à Bordeaux, il se rendit à Paris, où il entra en 1830 au Conservatoire. Élève de Reicha (composition) et de Habenek (violon), il reçut en 1832 un deuxième prix qui lui permit de devenir second violoniste à l'Opéra. Ce poste, qu'il conserva jusqu'en 1838, et ses qualités de mélodiste l'amenèrent à se tourner vers la scène lyrique. Son grand opéra Jeanne la Folle (1848) n'ayant pas réussi, il continua à composer surtout de la musique de demi-caractère, écrivant en tout plus de vingt opéras-comiques. La Perruche (1840), la Promise (1854) et surtout la Fanchonnette (1856) connurent un très vif succès, tandis que le Code noir (1842) et Gibby la Cornemuse (1846) furent considérés comme ses meilleurs ouvrages lyriques. Clapisson se fit également connaître par plus de deux cents chansons, dont certaines furent popularisées par des textes de Béranger, et par une collection d'instruments de musique, qui vint enrichir, à Paris et à Londres, le musée du Conservatoire et le Victoria and Albert Museum.

claque

L'usage de la « brigade des acclamations » dans le domaine du spectacle est vraisemblablement aussi ancien qu'en matière politique, tant il est naturel qu'un auteur ou un interprète mobilise son entourage pour s'assurer un minimum d'applaudissements et entraîner l'adhésion générale.

   C'est seulement vers la fin de l'Ancien Régime que cette sorte de cabale à rebours commença à s'organiser pour devenir au siècle suivant une véritable institution, surtout dans les théâtres d'opéra et de ballet. Le chef de claque distribuait à ses troupes des billets gratuits, ou à tarif très réduit, et les plaçait en des points stratégiques de la salle avec mission de manifester un enthousiasme de commande selon des instructions précises. On devine à quels abus pouvait donner lieu l'influence d'une claque non seulement tolérée, mais quasi officielle. Ce sont justement ces abus qui amenèrent sa disparition ­ du moins sous cette forme ­ dans les dernières années du XIXe siècle. Depuis, il est toujours possible de recourir à une « claque sauvage », mais ce n'est pas sans risque, indépendamment des frais de l'opération. En l'absence des grands chefs de claque d'antan, qui étaient de fins psychologues, les applaudissements sont en effet aujourd'hui souvent intempestifs et provoquent dans le public des réactions contraires au but recherché.

claquebois

Instrument ancien de la famille des percussions.

C'était en fait, comme son nom l'indique, un xylophone rudimentaire.

claquette

Instrument à percussion en bois, apparenté à la crécelle, et constitué de deux lames que l'on fait claquer l'une contre l'autre.

claquettes (danse à) [en angl. tap dance]

Danse moderne issue du folklore noir américain.

Elle est fondée, comme le zapateado espagnol, sur le jeu des pieds frappant le sol, alternativement, de la pointe et du talon. Son effet sonore est généralement renforcé par l'emploi de souliers spéciaux, ferrés aux deux bouts, qui forment avec le plancher de véritables instruments à percussion.

clarinette

Instrument à vent de la famille des bois.

Les lois de l'acoustique sont ainsi faites qu'un tuyau sonore de perce cylindrique sonne comme un tuyau fermé, c'est-à-dire à l'octave inférieure d'un tuyau conique de même longueur. C'est pourquoi la clarinette possède, au grave, près d'une octave de plus que le hautbois. Elle est également caractérisée par son anche simple, une mince lame de roseau qui, fixée à un bec, vibre contre la lèvre inférieure de l'exécutant.

   Historiquement, la clarinette s'apparente à de nombreux instruments à anche simple et perce cylindrique dont l'origine se perd dans la nuit des temps, et qui se retrouvent sous diverses formes jusqu'en Extrême-Orient. Dans le monde occidental, l'ancêtre direct de la clarinette est le chalumeau médiéval, mais le premier instrument qui lui ressemble vraiment est d'invention relativement récente. C'est un facteur de Nuremberg, Johann Christoph Denner (1655-1707), qui s'avisa vers 1690 de supprimer la capsule où était enfermée l'anche du chalumeau, et d'ajouter au tuyau sonore un pavillon dont la forme rappelait celle de la petite trompette ou clarino, d'où le diminutif « clarinette ».

   Avec les fils de Denner, puis avec un grand clarinettiste originaire de Bohême, Joseph Beer (1744-1811), l'instrument connut des améliorations successives se traduisant, comme pour tous les bois, par la multiplication des trous et des clés. Elle acquit ses vertus actuelles d'agilité et d'étendue (3 octaves et une sixte) grâce au système de Theobald Böhm, au milieu du XIXe siècle. Mais depuis une centaine d'années déjà, malgré ses imperfections, elle possédait l'essentiel de ses caractéristiques de timbre et de ses possibilités expressives (large éventail de couleurs, du moelleux au mordant, de son registre grave appelé chalumeau ; chaleur et brio de son registre de médium ou clairon ; incisivité et, s'il le faut, ironie de son aigu) et avait attiré les plus grands compositeurs. Rameau l'introduisit dans l'orchestre de son opéra Zoroastre (1749) ; l'école de Mannheim la dota d'un riche répertoire de soliste ; Mozart l'employa de manière inspirée dans l'instrumentation de ses symphonies et de ses opéras et lui confia un rôle prépondérant dans deux partitions d'une extrême qualité, le Concerto pour clarinette K 622 et le Quintette pour clarinette et cordes K 581.

   Toutes sortes de bois (buis, grenadille, etc.) ont servi à la construction de la clarinette. Il y en a même eu de métalliques. Aujourd'hui, l'ébène est pour ainsi dire seule employée. Le modèle le plus répandu, et de loin, est en si bémol. Il en existe également dans les tonalités plus hautes d'ut et de mi bémol (petite clarinette) et celle, plus grave, de la. Dans les versions encore plus graves, l'instrument change sensiblement de forme en raison de ses dimensions. Le cor de basset en fa, jadis coudé en son milieu, est de nos jours rectiligne sauf un bocal métallique légèrement incurvé qui supporte le bec.

   La clarinette alto en mi bémol, avec son pavillon métallique recourbé vers le haut, affecte déjà la forme d'un « S », encore plus accusée dans la clarinette basse en si bémol ou en la. Citons enfin une clarinette contralto (en fa ou en mi bémol) et une clarinette contrebasse en si bémol grave.