Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
G

Guéranger (dom Prosper)

Bénédictin français (Sablé 1805 – Solesmes 1875).

Il fut ordonné prêtre et promu chanoine du diocèse du Mans en 1827. En 1833, il réunit autour de lui une communauté de moines dans l'ancien prieuré de Solesmes, où il fonde la communauté des bénédictins de la Congrégation de France confirmée par le pape en 1837. Parallèlement à la restauration de l'ordre monastique, commence sous son abbatiat une réforme du chant liturgique, avec les premières rééditions des livres, selon le rite romain, à partir de 1869. Il constitue à Solesmes une importante bibliothèque qui fait encore actuellement le renom de l'abbaye. Il a publié de nombreux articles (dans l'Univers et dans le Monde, notamment) et des ouvrages, dont les Origines de l'Église romaine (1836), les Institutions liturgiques (1840-41) et surtout l'Année liturgique (1841-1866), dont 50 000 séries ont été vendues au XIXe siècle. Ses ouvrages concernent la liturgie, l'archéologie chrétienne, l'histoire de l'Église, la doctrine catholique et les dogmes de l'Immaculée Conception et de l'infaillibilité pontificale.

Guerrero (Francisco)

Compositeur espagnol (Séville 1528 – id. 1599).

Élève de son frère Pedro, également compositeur, puis de F. de Castilleja et de Morales, il entre dans la maîtrise de la cathédrale de Séville et travaille en même temps le luth, la harpe et les instruments à vent. Il est maître de chapelle à la cathédrale de Jaén (1546), puis cantor à Séville (1548), où il devient directeur de la manécanterie avec le droit de succéder à la chapelle. En 1554, après la mort de Morales, il est nommé maître de chapelle à Málaga. En 1570, avec ses chantres, il accueille la princesse Anne, fiancée de Philippe II, à Santander. Il succède à Castilleja comme maître de chapelle à Séville (1574). Il fait deux voyages en Italie, notamment celui de 1581 à 1584 pendant lequel il contribue à la rédaction du second livre des Laude spirituali de Soto de Lanza à Rome, puis publie à Venise ses Motetta liber II et ses Canciones y villanescas espirituales (1589). De l'Italie, il continue son voyage jusqu'en Terre sainte (1588-89). Il en rapporte un compte rendu publié en 1590 qui connaît un succès tel qu'il sera réédité jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.

   Francisco Guerrero, protégé de Charles Quint, mais surtout de Philippe II et du pape Jules III, cité par Rabelais, est l'un des compositeurs les plus célèbres de son temps. Avec Morales, il est, sans doute, le plus grand maître de la polyphonie sacrée de l'école andalouse. Ses œuvres ont été éditées en Espagne, en Italie et en Flandre. Remarquable pour la pureté de son contrepoint, sa musique religieuse utilise le fonds traditionnel de la liturgie espagnole et, dans ses messes, des textes mozarabes. À leur beauté mélodique se joignent une ferveur et un sens dramatique très andalous. Réciproquement, une grande fraîcheur d'inspiration marque ses compositions profanes, conçues dans l'esprit du madrigal italien.

Guerrero (Francisco)

Compositeur espagnol (Linares 1951).

Il a fait ses études à Palma de Mallorca, Grenade et Madrid, se consacrant surtout à l'orgue et à la composition, et obtenant, en cette dernière matière, le prix Manuel-de-Falla en 1970 avec Facturas pour 3 flûtes, vibraphone, célesta, deux pianos et trio à cordes. Il a également travaillé l'électroacoustique, représenté l'Espagne à la Tribune internationale des compositeurs de l'U. N. E. S. C. O. en 1973 avec Noa pour 2 trompettes et 2 trombones (1972), puis au prix Italia en 1974 avec Jondo pour 3 trompettes, 3 trombones, 4 percussions et 10 voix d'hommes (1973). Parmi ses autres œuvres, Ecce Opus pour orchestre (1973), Xenias pacatas I pour 6 violons, 6 altos et 6 violoncelles (1973) et II pour 2 guitares (1974), Anemos A (1975) et C (1976) pour ensemble instrumental et B (1978) pour 12 voix mixtes, Acte préalable pour 4 percussions (1978), Concierto de camera pour flûte, clarinette basse et quatuor à cordes (1978), Erotica pour contralto et guitare (1979), Antar-Atman pour orchestre (1980).

Guerrero (Jacinto)

Compositeur espagnol (Ajofrin, près de Tolède, 1895 – Madrid 1951).

Il fait ses études à Madrid (Corrado del Campo) et est l'un des zarzuelistes les plus populaires de sa génération. Il a écrit plus d'une centaine de zarzuelas, dont certaines ont connu une audience énorme (La Alsaciana, 1921 ; El Huésped del Sevillano, 1926 ; El Sobre verde, Paris-Madrid, El Ama y…).

Guezec (Jean-Pierre)

Compositeur français (Dijon 1934 – Paris 1971).

Après des études au Conservatoire de Paris avec Darius Milhaud, Jean Rivier, Olivier Messiaen, il s'est engagé franchement dans la voie de l'avant-garde postwebernienne et postboulezienne, trouvant vite un langage personnel souvent influencé par les techniques de la peinture moderne : " Mes œuvres sont avant tout des œuvres de contrastes et de couleurs, de contrastes de matériaux sonores… Je m'oppose radicalement à une certaine esthétique du flou… (J'ai) essayé de transposer dans le domaine des sons certains aspects de la technique… de structuration de l'espace de Mondrian. » Il a écrit presque uniquement pour ensembles instrumentaux, et on lui doit, entre autres, Suite pour Mondrian pour orchestre (1962), Architectures colorées pour 15 solistes (1964), Ensemble multicolore 65 pour 18 instruments (1965), Formes pour orchestre (1966), Textures enchaînées pour 12 vents, harpe et 3 percussions (1967), Assemblables pour 18 instruments (1967), un Trio à cordes (1968), Successif simultané pour 12 cordes (1968), Reliefs polychromés pour 12 voix solistes (1968), et Forme-couleurs pour 2 harpes et ensemble de chambre (1969). Il a reçu, en 1968, le grand prix de la promotion symphonique de la S. A. C. E. M. et été titulaire, de 1969 à sa mort, d'une classe d'analyse au Conservatoire de Paris.

Guglielmi

Famille de musiciens italiens.

 
Pietro, dit Pier Alessandro, compositeur (Massa Carrara 1728 – Rome 1804). Il fut l'un des représentants les plus marquants de l'opéra italien dans cette période comprise entre Scarlatti et Pergolèse, d'une part, Cimarosa et Paisiello de l'autre. Moins attiré par l'étranger ­ à part un bref séjour à Londres et en Allemagne de 1767 à 1772 ­ que ses rivaux Anfossi, Sacchini, Piccinni, Jommelli ou Traetta, il fut, sans doute pour cette raison, parfois mieux apprécié par ses compatriotes qui goûtaient sa spontanéité mélodique, fruit d'une facilité peut-être excessive à laquelle il se fiait souvent en raison d'une vie assez dissolue. Auteur d'une centaine d'opéras sérieux ou comiques, de musique instrumentale et de plus de vingt œuvres sacrées, il se distingua pour son « brio napolitain » et l'élégance avec laquelle il savait allier le sentimental au comique, influençant en cela notablement Piccinni, Paisiello ou Rossini. De 1793 à sa mort, il fut maître de chapelle à Saint-Pierre de Rome.

 
Pietro Carlo, fils du précédent (Naples ou Rome v. 1765 – Naples 1817). Auteur d'une cinquantaine d'opéras, comiques pour la plupart, il appartint au groupe des « précurseurs » de Rossini, et connut de grands succès en Espagne, au Portugal, à Londres et à Paris, où il donna I Due Gemelli en 1807. Il eut la sagesse de s'effacer devant Rossini, mais donna encore en 1817 Paul et Virginie, qui comportait des scènes parlées, et fut joué dans toute l'Europe. On lui doit encore notamment Due nozze e un sol marito, La Scelta dello sposo, etc.