Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
K

Kapell (William)

Pianiste américain (New York 1922 – San Francisco 1953).

D'ascendance russo-polonaise, il étudie le piano au Conservatoire de Philadelphie et à la Juilliard School de New York avec Olga Samaroff-Stokowski. En 1941, il fait ses débuts à New York, suivis d'une tournée mondiale en 1942. Il s'intéresse particulièrement à la musique du XXe siècle : ses interprétations de Prokofiev et de Stravinski, du Premier Concerto de Chostakovitch et du Concerto de Khatchaturian sont demeurées célèbres. Mais il excelle aussi dans Bach, Schubert et Chopin, et enregistre la 3e Sonate pour violon et piano de Brahms avec Heifetz. Lorsqu'il disparaît dans un accident d'avion, l'Amérique pleure en lui le premier enfant du pays à être devenu un très grand virtuose.

Kapr (Jan)

Compositeur tchèque (Prague 1914 – id. 1988).

Il a fait ses études dans la classe de J. Rídký, puis de Křička au conservatoire de Prague (1933-1938). Il a été successivement metteur en ondes à la radio de Prague (1939-1946), rédacteur aux éditions Orbis (1950-1952), avant de devenir professeur de composition à l'académie Janáček de Brno (1961). Jusqu'en 1966, il a composé 6 Symphonies, 6 Quatuors à cordes, 2 Concertos pour piano (1938, 1953), 1 Fantaisie pour alto (1937, 1942), de nombreuses chansons, chœurs, cantates. C'est avec le Concertino pour alto et harmonie (1965), les Dialogues pour flûte et harpe (1965), puis Exercice pour Gydli pour soprano, flûte et harpe (1968) qu'il a abandonné les grandes formes traditionnelles, au profit d'études de timbre, de la voix, largement sous l'influence de Kopelent et Vostřák, ses cadets.

Kapral

Famille de musiciens tchèques.

 
Václav, pianiste et compositeur (Určice 1889 – Brno 1947). Élève de Janáček et d'Alfred Cortot (1923-24), il donna des concerts en Espagne, France, Angleterre et U.R.S.S., puis fut nommé, en 1936, professeur de composition au conservatoire de Brno. Il a essentiellement composé de la musique de chambre, tout d'abord influencée par Brahms et Schumann, puis par Debussy et Martinů.

 
Vítězslava Kaprálová, femme compositeur, fille du précédent (Brno 1915 – Montpellier 1940). Elle composa dès l'âge de neuf ans et étudia la composition avec V. Novák et la direction d'orchestre avec V. Talich. Elle vint à Paris en 1937 auprès de B. Martinů et de C. Munch. Malgré sa courte carrière, elle a laissé une œuvre significative, d'abord influencée par les derniers romantiques, puis par Roussel et Martinů (Partita pour piano et cordes op. 20, 1939).

Kapsberger (Johannes Hieronymus) , dit Giovanni Geronimo Tedesco Della Tiorba

Compositeur et instrumentiste allemand (Venise v. 1580 – Rome 1651).

Il vécut à Venise jusque vers 1605, puis se rendit à Rome, où il acquit la célébrité, comme virtuose des instruments de la famille du luth. On l'appelait « nobile alemanno », et Kircher fit son éloge dans sa Misurgia. L'essentiel de son œuvre est constitué de deux livres de tablatures de luth (1611, 1623), de deux livres d'arie passegiate avec continuo et tablature de chitarrone (1612, 1623) et de deux livres de Poemata et Carmina dédiés au pape Urbain VIII, devant lequel il se produisit. Il joua un rôle important dans l'évolution du répertoire et de la technique du théorbe. Il est également l'auteur de six livres de villanelles (entre 1610 et 1632) et d'un livre de madrigaux à 5 voix avec basse continue.

Karajan (Herbertvon)

Chef d'orchestre autrichien (Salzbourg 1908 – id. 1989).

Des débuts précoces de pianiste précèdent ses premières études au Mozarteum de Salzbourg, puis à Vienne, à la fois à l'université (philosophie) et au conservatoire, avec F. Schalk. À Ulm, où il fait d'éclatants débuts en dirigeant les Noces de Figaro (1927), il est engagé comme directeur de la musique (1927-1934). Il donne des cours à l'Académie d'été du Mozarteum. En 1934, il devient directeur général de la musique à Aix-la-Chapelle. De 1937 à la fin de la guerre, l'essentiel de son activité se fait à Berlin : premiers contacts avec la Philharmonie, premiers ouvrages au Staatsoper (la Flûte enchantée, les Maîtres chanteurs, Fidelio, Tristan et Iseut) où il succède à Furtwängler en 1941. Il dirige la Messe en si et Tristan dans Paris occupé. En 1946, de retour à Vienne, il fait ses premières armes avec l'Orchestre philharmonique et dirige les concerts de la Gesellschaft der Musikfreunde.

   Dès lors, de 1948 à 1950, la carrière d'Herbert von Karajan prend une nouvelle dimension : débuts aux festivals de Salzbourg et de Lucerne, à la Scala de Milan, tournées et enregistrements avec la Philharmonie de Vienne et le Philharmonia Orchestra de Londres. C'est lui qui dirige, avec H. Knappertsbusch, la Tétralogie pour la réouverture du festival de Bayreuth en 1951. Il succède à Furtwängler à la tête de la Philharmonie de Berlin, dont il devient chef à vie en 1955. Il est également directeur artistique de l'Opéra d'État de Vienne (1956-1964) et du festival de Salzbourg (1956-1960). Brouillé depuis 1952 avec le festival de Bayreuth animé par Wieland Wagner, il crée, en 1967, le festival de Pâques de Salzbourg, entièrement consacré à Wagner. Enfin, avec la réalisation de la Fondation Karajan en 1968 à Berlin (qui comprend un concours de chefs d'orchestre, une académie de musiciens d'orchestre et un institut de recherches sur la psychologie musicale), il parachève un prodigieux empire entièrement voué à une conception globale et perfectionniste de la musique.

   Profondément ancré dans la tradition, Karajan s'est forgé les armes de son art : l'Orchestre philharmonique de Berlin, dont il a magnifié la sonorité, une nouvelle génération de chanteurs musiciens avant tout (les découvertes abondent de Schwarzkopf à Behrens) et Salzbourg agrandi aux dimensions de ses conceptions scéniques. Cet organisateur-né, champion incontesté du disque (près de 500 enregistrements en quarante-cinq ans), a compris le premier l'importance des nouvelles techniques audiovisuelles qu'il a utilisées abondamment comme prolongement de ses réalisations. Cette précision dans le détail se retrouve dans un art de plus en plus maîtrisé, où la sensualité du son et l'ardeur dramatique se sont peu à peu décantées pour mieux épouser la ligne idéale et fervente de chaque œuvre. Son successeur à Berlin est Claudio Abbado.