Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
S

Seyfried (Ignaz Xaver von)

Compositeur, chef d'orchestre et pédagogue autrichien (Vienne 1776 – id. 1841).

Élève de Mozart, Kozeluch et Albrechtsberger, il fut chef d'orchestre au Theater-auf-der-Wieden puis au Theater-an-der-Wien de 1797 à 1828, et composa de très nombreux singspiels. En 1832, il publia un ouvrage sur les études de Beethoven avec Haydn et Albrechtsberger (Ludwig van Beethoven's Studien…), plus tard réfuté par Nottebohm.

Sgrizzi (Luciano)

Pianiste et claveciniste italien (Bologne 1910 – Monaco 1994).

Il étudie, de 1926 à 1931, le piano, l'orgue et la composition à Bologne, à Parme (avec F. Trecate) et à Paris (avec Bertelin). Malgré des débuts prometteurs de pianiste en Europe et en Amérique du Sud, il décide, en 1948, de se consacrer au clavecin et au clavicorde. Il mène de front une carrière de soliste, très souvent au sein de la Società cameristica di Lugano (dirigée par Edwin Loehrer), et de compositeur, notamment d'un concerto pour piano, de suites pour orchestre de chambre, de divertimentos et d'une Sinfonietta rococo, ainsi que de pièces pour piano, les Ostinati. Il a également réalisé de nouvelles éditions de musique italienne (Banchieri, Rinaldo da Capua, Marcello, Pergolèse, A. Scarlatti, Vivaldi).

Shakespeare (William)

Poète dramatique anglais (Stratford-upon-Avon, Warwickshire, 1564 – id. 1616).

Nul dramaturge, et peut-être nul auteur, ne tient une place aussi grande que lui dans le royaume de la musique. Ses pièces, déjà, accordent à l'expression musicale une grande importance, par les chansons (chanson d'Ophélie dans Hamlet, romance du Saule dans Othello, chant du Fou dans le Roi Lear), par des musiques de duels, de sérénades, de banquets de funérailles, par des sonorités venant d'instruments invisibles, et destinées à créer une atmosphère magique (le Songe d'une nuit d'été, la Tempête) ; et nous savons que les représentations de son théâtre comportaient très souvent l'intervention de voix chantées et d'instruments. Les situations, aussi bien que les indications scéniques, sont éloquentes à cet égard. Enfin, le texte est riche en allusions à la musique, considérée comme une grande métaphore de l'harmonie universelle.

   Après sa mort, on a rapidement adapté sa musique en versions chantées, en opéras : un Macbeth de Matthew Locke (1673), une Tempête de Shadwell et Purcell (1695), et la Fairy Queen de Purcell d'après le Songe d'une nuit d'été. Mais c'est surtout au XIXe siècle que ses drames (surtout ses tragédies, plus rarement ses drames historiques, moins souvent ses comédies) inspirent une multitude d'opéras, de musiques de scène et d'ouvertures. Ainsi, Othello suscite des opéras de Rossini (1816), de Verdi (1887), une ouverture de Dvořák op. 63 ; Hamlet : des opéras de Faccio (1871), d'Ambroise Thomas (1868), après celui de Domenico Scarlatti (1715), des ouvertures, musiques de scène et poèmes symphoniques de Liszt (1858), Tchaïkovski (1888), Pierné, Berlioz (Marche funèbre, 1848), etc. ; Macbeth : une ouverture de Spohr, des opéras d'Hippolyte-André Chelard (livret de Rouget de Lisle, 1827), de Rastrelli (1817), Verdi (1847), des poèmes symphoniques de Richard Strauss (1890), Tcherepnine, etc. ; Roméo et Juliette : des opéras de Bellini (les Capulets et les Montaigus, 1830) et Gounod (1867), la « Symphonie dramatique » de Berlioz, l'ouverture de Tchaïkovski (1869) ; le Roi Lear : des ouvertures de Berlioz (1832) et Paul Dukas (1883), l'opéra inachevé de Felipe Pedrell, la pièce pour orchestre de Balakirev (1859) ; le Songe d'une nuit d'été : des opéras de Weber (Obéron), Ambroise Thomas, la musique de scène de Mendelssohn ; la Tempête : des opéras de Halévy (1850), Luigi Caruso (1799), des musiques de scène de Felix Weingartner, Ernest Chausson (1888) et Jean Sibelius (1926), la Fantaisie de Tchaïkovski (1872) et celle de Berlioz incorporée dans Lelio, ainsi qu'un ballet d'Ambroise Thomas (1889) ; Jules César : après des opéras de Cavalli (1646), et de Haendel (1724), une ouverture de Schumann (1850) ; Beaucoup de bruit pour rien : l'opéra Béatrix et Benedict (1862), de Berlioz (lequel détient sans doute le record d'adaptations musicales du maître anglais par un même compositeur), etc. Ces titres ne représentent qu'une infime partie d'une gigantesque production musicale. Au XIXe siècle, si les versions musicales sont moins nombreuses, on peut l'imputer à une production plus réduite d'opéras originaux : on peut citer tout de même le Marchand de Venise de Reynaldo Hahn, Antoine et Cléopâtre et Jules César de Malipiero, le Songe d'une nuit d'été (1960) et le Viol de Lucrèce de Britten, Lear de A. Reimann, opéras auxquels il faut ajouter des ballets comme les Roméo et Juliette de Prokofiev (1936) et Ragnar Grippe, et des musiques de film comme celles de William Walton pour les adaptations de Laurence Olivier, etc.

Sharp (Cecil)

Folkloriste et éditeur anglais (Londres 1859 – id. 1924).

Il étudia les mathématiques et la musique à Cambridge, et après un séjour en Australie, fut de 1896 à 1905 à la tête du conservatoire de Hampstead. Il tourna son attention vers les chants et les danses populaires à partir de 1899, et devint un des membres les plus importants de la Folk-Song Society, fondée en 1898. Sa première publication fut Folk-Songs from Somerset (5 volumes de 1904 à 1909), et son étude intitulée English Folk-Song : Some Conclusions (1907) demeura très longtemps sans égale. The Morris Book (1913) fut sa première publication consacrée à la danse. Durant la Première Guerre mondiale, il effectua plusieurs voyages aux États-Unis, et y entreprit, en particulier dans les Appalaches, des travaux similaires à ceux qu'il avait menés en Angleterre. À la fin de sa vie, il avait réuni 4 977 mélodies, en avait publié 1 118 et avait doté d'un accompagnement 501 d'entre elles. Son action influença fortement des compositeurs comme Vaughan Williams, Holst ou Butterworth.

Shaw (George Bernard)

Écrivain et dramaturge irlandais (Dublin 1856 – Ayot Saint Lawrence 1950).

Fils d'un tromboniste et d'une cantatrice, il aurait voulu être baryton d'opéra. S'il ne réalisa pas ce rêve, il resta toujours proche de la musique, notamment de Mozart, qu'il considérait comme une sorte de maître à vivre, de formateur (ses œuvres y font souvent allusion, notamment à Don Giovanni). Il travailla comme critique musical dans divers journaux, The Hornet, The Star, The World, et y défendit Verdi et Wagner, sur lequel il publia un essai, le Parfait Wagnérien (1898), analyse du Ring. Parmi ses amis, il comptait le compositeur Elgar (pour lequel il écrivit un livret d'opéra) et Arnold Dolmetsch. De nombreux personnages de compositeurs et de musiciens apparaissent dans ses œuvres de fiction. Ses pièces donnèrent lieu à des adaptations lyriques, comme le Héros et le Soldat (Arms and the Man, 1894), qui devint une opérette d'Oscar Strauss sous le titre Chocolate Soldiers (1908), et Pygmalion (1912), dont fut tirée la célèbre opérette de Loewe, My Fair Lady (1956).