Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
B

Blancafort (Manuel)

Compositeur espagnol (La Garriga, prov. de Barcelone, 1897 – Barcelone 1987).

Il fit ses études à Barcelone avec Juan Lamote de Grignón, subit l'influence de F. Mompou, puis, à l'occasion d'un séjour en France, celles des impressionnistes, du groupe des Six et de Stravinski. D'abord attiré par le folklore catalan (Sonata antigua), il a évolué vers une écriture plus élaborée et plus personnelle (1er concerto pour piano), puis est revenu au classicisme (Sinfonia en mi majeur). On lui doit des pièces orchestrales, des pages pour piano, de la musique de chambre et des mélodies.

Blanchard (Esprit Antoine)

Compositeur français (Pernes-les-Fontaines, Vaucluse, 1696 – Versailles 1770).

Formé par Guillaume Poitevin à la cathédrale d'Aix-en-Provence, il fut nommé maître de chapelle successivement à l'abbatiale Saint-Victor de Marseille (1717), à Toulon (1727), à Besançon (v. 1733) et à Amiens (1734). En 1738, succédant à Bernier, il obtint l'un des quatre postes de sous-maître de la chapelle royale de Versailles (les trois autres étant occupés par Campra, Gervais et Madin). Compositeur d'œuvres sacrées, Blanchard s'inscrit, avec son Te Deum, qui servit en 1745 à la célébration de la victoire de Fontenoy, et une trentaine de motets, dans la tradition de Delalande. Il soigna particulièrement l'instrumentation de ses ouvrages et introduisit la clarinette, vers 1761, dans l'orchestre de la chapelle royale.

Blanchet (Émile Robert)

Pianiste et compositeur suisse (Lausanne 1877 – id. 1943).

Fils d'un organiste connu, Charles Blanchet, qui avait été élève de Moschelès, il fit ses études auprès de son père, puis à Cologne et enfin à Berlin, auprès de Busoni. Fixé à Lausanne, il fut professeur de piano au conservatoire (1904-1917) et directeur de cet établissement (1905-1908), se consacrant parallèlement à une carrière de concertiste et à la composition. Il a laissé une quantité considérable d'œuvres pour piano (préludes, études, etc.) d'une écriture pleine d'intérêt sur le plan rythmique et contrapuntique.

Bland (John)

Éditeur anglais (Londres ? v. 1750 – id.  ? v. 1840).

Il débuta à Londres en 1776 et prit sa retraite dès 1795. En novembre 1789, il rendit visite à Haydn à Eszterháza et lui commanda les trois trios pour clavier, flûte (ou violon) et violoncelle Hob. XV.15-17. À cette visite est associée la célèbre anecdote du Quatuor du Rasoir (en fa mineur opus 55 no 2). Parurent chez lui comme opus 3 les premières œuvres de chambre écrites par un Américain de naissance (trois trios à cordes de John Antes composés au Caire).

Blasius (Matthieu Frédéric)

Compositeur et chef d'orchestre français (Lauterbourg, Bas-Rhin, 1758 – Versailles 1829).

Il fut clarinettiste à l'Hôtel de Bourgogne, puis devint un des plus sûrs chefs d'orchestre de l'Opéra-Comique, où il débuta en 1802. Il fut le créateur de nombreuses œuvres de Dalayrac, Boieldieu, Méhul, etc. Il composa lui-même surtout des romances, des marches militaires et des œuvres de musique de chambre, mais aussi quelques charmants opéras-comiques comme le Pelletier de Saint-Fargeau (1793). Il écrivit encore une Nouvelle Méthode pour la clarinette (Paris, 1796).

Blatny (Pavel)

Compositeur tchèque (Brno 1931).

Héritier d'une lignée de musiciens, fils d'un élève de Janáček, Blatny a été lui-même l'élève de Pavel Borkovec, et c'est avec un mémoire sur les œuvres scéniques de ce dernier qu'il a obtenu, en 1958, un diplôme à l'issue de ses études de musicologie à l'université de Brno, menées parallèlement à des études de composition à Brno et à Prague. Poursuivant une formation éclectique, Blatny a fréquenté aussi bien les cours de Darmstadt (1965-1969) que les classes de composition de jazz à la Berklee School of Music de Boston. Influencé à ses débuts par Stravinski, Martinu, Prokofiev, puis par le baroque et la Renaissance, il a expérimenté depuis 1960 à peu près toutes les voies de la création contemporaine : musiques dodécaphonique, sérielle, aléatoire, électronique, etc. L'empreinte du jazz moderne est tout particulièrement perceptible chez lui et apparaît, par exemple, mêlée à d'autres tendances, mais souvent dominante, dans Concerto pour orchestre de jazz (1962), Per orchestra sintetica I et II (1960 et 1971), Étude pour trompette en quarts de ton (1964), Coda pour flûte, clarinette, contrebasse et percussion (1968), Histoire pour neuf musiciens de jazz (1968). La plupart de ses autres compositions sont écrites pour de petites formations instrumentales.

Blaukopf (Kurt)

Musicologue autrichien (Czernowitz 1914 – Vienne 1999).

Il s'est spécialement consacré à la sociologie de la musique, dirigeant à partir de 1965 l'Institut de sociologie de la musique de Vienne et publiant en 1952 un important ouvrage sur le sujet (rév. en 1972). Il a également écrit un livre sur Mahler (Vienne, 1969 ; trad. française, 1979), et fait paraître sur ce compositeur un vaste volume documentaire et iconographique (Vienne, 1976).

Blavet (Michel)

Flûtiste et compositeur français (Besançon 1700 – Paris 1768).

Après avoir étudié dans sa ville natale, il se rendit, à l'âge de vingt-trois ans, à Paris, où s'établit d'emblée sa réputation de flûtiste, qui gagna vite l'Europe. Quantz l'admira et Frédéric II lui proposa d'entrer à son service à la cour de Prusse. Blavet fit toutefois carrière en France, où il bénéficia de la protection du prince de Carignan et du comte de Clermont. En 1738, il entra dans la Musique du roi, et fut nommé deux ans plus tard au poste de premier flûtiste de l'Opéra. Il perfectionna la technique de la flûte traversière et composa plusieurs recueils de sonates pour une ou deux flûtes, parus entre 1728 et 1740. Il laisse également un concerto et plusieurs ouvrages lyriques, dont son « opéra bouffon » le Jaloux corrigé, qui date de 1752, année du début de la querelle des bouffons, et qui, ainsi que d'autres partitions de Blavet, classe celui-ci parmi les artistes français les plus italianisants de sa génération.

Blaze

Famille de compositeurs et critiques musicaux.

 
Henri (Cavaillon, Vaucluse, 1763 – id. 1833). Les compositions, essentiellement religieuses, de ce musicien délicat ne furent guère connues qu'en Provence où il enseignait la musique. Il signa aussi des sonates pour piano et fit éditer à Avignon de nombreuses études sur les musiciens de son temps.

 
François, dit Castil-Blaze, fils du précédent (Cavaillon 1784 – Paris 1857). Après des études de droit et d'harmonie à Paris, il fut, à Cavaillon, avocat, puis sous-préfet, ensuite inspecteur de librairie. Il s'installa à Paris en 1820 et, après le succès de son livre De l'opéra en France (2 vol., 1820-1826), il fit une brillante carrière de critique musical, notamment au Journal des débats (1822-1832), où lui succéda Berlioz. Parallèlement, il signa des œuvres fort singulières : d'une part, des adaptations d'ouvrages étrangers, où il modifiait, amputait les originaux et les enrichissait de pages musicales de son cru (par ex., transformation du Freischütz de Weber en Robin des bois, 1824) ­ Berlioz s'éleva à maintes reprises contre ces réalisations ; d'autre part, des livrets originaux ou adaptés de pièces de théâtre, qu'il habillait de musiques glanées dans les partitions de différents compositeurs (par ex., les Folies amoureuses, musiques de Mozart, Cimarosa, Paer, Rossini, Generali et Steibelt, 1823). Il composa aussi quelques partitions sur des livrets écrits par lui-même, ainsi que des romances, des pastiches et des messes. Il fit enfin paraître d'autres livres, souvent d'un grand intérêt, comme le Mémorial du Grand Opéra (1847).

 
Henry, baron de Bury, fils du précédent (Avignon 1813 – Paris 1888). Après avoir été attaché d'ambassade, il devint l'un des critiques musicaux les plus célèbres de son époque et écrivit dans la Revue des Deux Mondes, la Revue de Paris et la Revue musicale. Il publia plusieurs études, dont une Vie de Rossini (1854).