Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
E

écart

Intervalle plus ou moins grand entre deux notes.

Les traités d'harmonie traditionnelle interdisent au compositeur d'écrire un écart dépassant l'octave entre les parties supérieures ; un écart plus grand est permis entre le ténor et la basse. Sur les instruments à clavier, la main ne permet guère de jouer un intervalle dont l'écart soit supérieur à la dixième. Aussi les écarts plus grands sont-ils généralement arpégés, technique qui est assez courante, par exemple, dans le jazz.

Eccard (Johannes)

Compositeur allemand (Mühlhausen 1553 – Berlin 1611).

Il étudia probablement le chant et la composition dans sa ville natale avec Joachim à Burck. De 1567 à 1571, il fut choriste à la chapelle de la cour de Weimar et travailla avec J. Hermann. De 1571 à 1573, il fut chantre à la chapelle de Munich où il étudia avec Roland de Lassus. De 1577 à 1578, il fut au service des Fugger à Augsbourg avant d'entrer à celui de Georg-Friedrich de Prusse-Ansbach à Königsberg, où il fut successivement vice-maître de chapelle (1580), puis maître de chapelle (1604). À partir de 1608, il occupa le poste de maître de chapelle à la cour de Berlin. Ses compositions religieuses s'efforcent de rendre audible la mélodie liturgique sans sacrifier les exigences du contrepoint (Geistliche Lieder auf dem Choral, Königsberg, 1597). De même, dans son œuvre profane (Neue deutsche Lieder, Mülhausen, 1578 ; Neue Lieder, Königsberg, 1589), il tente de concilier les formes plus légères de la chanson avec l'écriture de la polyphonie savante.

Eccles
ou Eagles

Famille de musiciens anglais.

 
Solomon ( ? v. 1617 – Spitalsfield, Londres, 1682). Pendant de nombreuses années, il mena une carrière extrêmement fructueuse, mais vers 1659-60 abandonna sa profession pour devenir quaker, et fanatique, brisant tous ses instruments et brûlant ses livres de musique. Il se fit finalement cordonnier. En 1667, il publia néanmoins un curieux pamphlet contre la musique pratiquée à l'église, A Music-Lector or The Art of Music, et, après un voyage en Amérique, se remit à composer.

 
Solomon, sans doute le neveu du précédent ( ? v. 1640-1650 – Guilford 1710).

 
Henry, frère du précédent ( ? v. 1640-1650 – Londres 1711). Il fut violoniste chez le roi Jacques II.

 
John, fils du précédent (Londres v. 1668 – Hampton Wick 1735). À partir de 1690, il devint compositeur attitré pour le théâtre, mais sans jamais atteindre la notoriété de son prédécesseur, Henry Purcell, et fut nommé en 1700 Master of the King's Music (« Maître de la musique du roi »), prenant sa retraite en 1715. Il publia trois grands livres d'airs en 1698-1700, 1704 et 1710, et en 1702 A Set of Lessons for the Harpsichord (« Recueil de leçons pour le clavecin »).

 
Henry, sans doute parent du premier Henry ( ? v. 1675-1685 – ? v. 1735-1745). Il travailla à Paris.

 
Thomas, frère du précédent ( ? v. 1672 – ? 1745).

échange

Terme employé dans le langage harmonique pour désigner une note mélodique située entre deux sons identiques appartenant à deux accords (ou à un même accord répété) et à distance d'un ton ou d'un demi-ton.

L'échange est en fait une broderie simple de la note harmonique qu'elle orne. Lorsque, après l'échange, on entend de nouveau le son identique, celui-ci peut appartenir soit à la même harmonie que précédemment, soit à une harmonie différente (ex. un sol dans un accord de sol ; note d'échange la ­ retour au sol qui fait maintenant partie d'un accord de do).

échantillonneur

Dispositif (micro-ordinateur spécialisé ou logiciel pouvant fonctionner sur un micro-ordinateur à vocation audiovisuelle) qui réalise la numérisation du son, la gestion, éventuellement la modification, et la reproduction des fichiers qui en résultent.

Il réalise la conversion de la variation continue d'un signal sonore analogique (fourni, par exemple, par un microphone) en une suite discrète de nombres binaires par des prélèvements, appelés « échantillons », effectués à intervalles réguliers. Le nombre d'échantillons prélevés par unité de temps s'appelle fréquence d'échantillonnage. La fidélité du résultat dépend de la fréquence d'échantillonnage : plus ce taux est élevé, plus le son numérisé est proche du signal analogique originel (le théorème de Shannon montre que la fréquence d'échantillonnage doit être au moins égale au double de la fréquence sonore la plus haute, sinon un effet nommé repliement ­ aliasing ­ donne naissance à des sons parasites ; comme la limite du domaine audible est de 20 kHz, la fréquence d'échantillonnage le plus souvent utilisée, par exemple par les disques compacts, est de 44,1 kHz). Le son numérique ainsi obtenu peut être stocké sur une mémoire (disque dur, disquette, disque optique, etc.) et, éventuellement, joué à l'aide d'un clavier ­ dont la plupart des échantillonneurs sont dotés­, à n'importe quelle hauteur, quelle que soit la hauteur initiale du signal analogique. Un échantillonneur se compose d'une ou plusieurs entrées audio, d'un convertisseur analogique-numérique, d'une mémoire de stockage, des outils de gestion et de traitement numérique des échantillons (transposition, modification de l'enveloppe), d'un convertisseur numérique-analogique, d'une ou plusieurs sorties audio.

échappée

Terme qui s'applique à n'importe quelle note étrangère à l'harmonie, à condition que l'échappée succède par mouvement conjoint à une note réelle et qu'elle mène ensuite à l'accord suivant par mouvement disjoint, qu'elle fasse partie de l'harmonie de cet accord ou non.

Si elle en fait partie, l'échappée possède le même effet que l'anticipation. Elle peut être de longue ou de courte durée, être brodée ou simple, être précédée ou suivie d'une appoggiature. En général, l'échappée est supérieure à la note réelle.

échelle

Terme qui désigne l'ensemble des sons employés dans un système mélodique donné, mais sans que ces sons soient soumis à une organisation déterminée ou à une hauteur fixe.

L'échelle concerne notamment les musiques primitives, indiennes, orientales, etc., mais le mot ne doit pas être employé pour celui de mode, qui suppose, lui, une organisation. Évoluant à partir du cycle des quintes, les échelles furent d'abord composées de deux sons seulement (échelle ditonique, par exemple, fa-do). Ensuite s'ajoutèrent les échelles tritonique, tétratonique, pentatonique (de loin la plus usitée, par exemple dans la musique chinoise), hexatonique qui contient un demi-ton (par exemple, mi-fa), le maximum étant un ensemble de sept sons (heptatonique).