Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
S

sicilienne

Bien que le terme siciliana, ou alla siciliana, figure dans des compositions italiennes depuis la fin du Moyen Âge, rien ne prouve qu'il existe un lien quelconque entre cette forme musicale et le folklore sicilien. C'est une pièce instrumentale ou symphonique de caractère chantant, écrite à 6/8 ou 12/8 sur un rythme balancé qui évoque la barcarolle. Mais alors que celle-ci a connu sa plus grande vogue à l'époque romantique, la sicilienne a été abondamment cultivée au XVIIIe siècle pour être complètement abandonnée au XIXe. Dans les suites ou concertos de J. S. Bach, Haendel et Telemann, pour ne citer que les principaux musiciens allemands influencés par le style italien, les mouvements lents sont fréquemment des siciliennes, dont on retrouve l'équivalent chez plus d'un compositeur italien ou français de l'époque baroque. Beaucoup plus récemment, le charme archaïque de la sicilienne a été redécouvert par des compositeurs modernes, notamment Gabriel Fauré dans sa musique de scène pour Pelléas et Mélisande.

Sieber (Jean-Georges)

Éditeur français d'origine allemande (Reiterswiesen 1738 – Paris 1822).

Arrivé à Paris en 1758, corniste dans divers orchestres (dont celui du Concert spirituel de 1777 à 1786), il commença ses activités d'édition en 1770-1771. Contrairement à d'autres, il publia essentiellement de bonnes éditions (dont plusieurs d'opéras en partition) de compositeurs de premier plan : Stamitz, Johann Christian Bach (dont il fut probablement l'agent « autorisé » dans la capitale française), Haydn (plus de 50 symphonies et de nombreuses œuvres de chambre), Mozart (symphonie en majeur no 31 K.297 dite Paris avant 1783 ; première édition des sonates pour piano et violon K.301-306 en 1778). En 1786, il publia néanmoins avec un finale apocryphe la symphonie en majeur no 53 (l'Impériale) de Haydn, et c'est chez lui que parurent en 1801 les Mystères d'Isis, pastiche tiré de la Flûte enchantée. Son fils Georges-Julien (1775-1847) travailla d'abord avec lui (1795), puis de façon autonome (1799), avant de lui succéder en 1824.

Siepi (Cesare)

Basse italienne (Milan 1923-Atlanta 2010).

Autodidacte, il a débuté à Schio (près de Venise) en 1941, dans le rôle de Sparafucile. Réfugié en Suisse pendant la guerre, à cause de ses activités antifascistes, il fit de nouveaux débuts à Venise en 1945 et fut engagé à la Scala de Milan l'année suivante. En même temps, il commença une carrière internationale qui le conduisit au Festival de Salzbourg dont il fut la vedette de 1953 à 1958, aussi bien dans les rôles de Mozart (Don Giovanni et Figaro) que de Verdi (Philippe II dans Don Carlos). Après 1958, refusant la concurrence de Boris Christoff à la Scala de Milan, il quitta définitivement l'Italie pour s'installer à New York, où il occupa au Metropolitan Opera la place laissée vide par Ezio Pinza. Plus récemment, il aborda le répertoire wagnérien (Gurnemanz de Parsifal en 1975). Acteur remarquable, musicien parfait, Siepi possède une des plus belles et des plus longues voix de basse qu'on ait pu entendre récemment.

Siface (Giovanni Francesco Grossi, dit)

Castrat italien (Chiesina Uzzanese, Pistoia, 1653 – près de Ferrare 1697).

Son pseudonyme lui vint de son interprétation du rôle de Siface dans Scipione affricano de Cavalli (Rome 1671). Attaché à partir de 1675 à Francesco II d'Este, duc de Modène, il chanta à Venise (pour l'inauguration du San Giovanni Grisotomo en 1678), Rome (où il fut remarqué par la reine Christine de Suède) et Naples, puis (après être passé par Paris) à Londres (1687). Lors de son retour en Italie, Purcell composa la pièce de clavecin Sefauchi's Farewell (publiée en 1689 dans Musick's Handmaid). Siface dut sa célébrité à son art de l'ornementation. Il mourut assassiné entre Ferrare et Bologne.

Silbermann

Célèbre dynastie de facteurs d'orgues du XVIIIe siècle.

Originaires de Saxe, ils s'établirent à Strasbourg, et leur activité s'étendit principalement en Alsace. André (1678-1734), élève de François Thierry, construisit trente-cinq instruments, parmi lesquels ceux de Marmoutier (1710) et d'Ebersmünster (1732) sont restés en parfait état. Son frère, Gottfried (1683-1753), fut son élève, puis retourna s'établir en Saxe, à Freiberg. Là, il construisit quarante-neuf orgues, mais s'intéressa également au clavicorde et au piano-forte. Il connut J. S. Bach, et, après une période de mésentente, ce dernier put apprécier les piano-forte de Gottfried Silbermann.

   À Strasbourg, l'entreprise d'André se poursuivit avec son fils aîné, Jean-André (1712-1783), mais aucun des cinquante-sept instruments que celui-ci édifia en Allemagne, en Alsace et en Suisse ne subsiste aujourd'hui dans son état d'origine. Érudit, Jean-André écrivit plusieurs ouvrages historiques et laissa cinq volumes manuscrits de très précieuses informations historiques sur la facture d'orgues dans sa famille et à son époque. Son frère cadet, Jean-Daniel (1717-1766), fut son associé avant d'aller reprendre l'entreprise de son oncle Gottfried à Freiberg.

   Les autres membres de la famille en poursuivirent la tradition jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, comme facteurs d'orgues et de piano-forte, et comme organistes, tant en Alsace qu'en Saxe.

Silcher (Philipp Friedrich)

Compositeur et folkloriste allemand (Schnait, Wurtemberg, 1789 – Tübingen 1860).

Il reçut de son père les bases de la formation musicale, et travailla ensuite à Fellbach avec l'organiste Auberlen, tout en gagnant sa vie comme instituteur. Une rencontre avec Weber en 1809, puis des leçons avec Konradin Kreutzer et Hummel achevèrent de le convaincre de se consacrer à la musique. En 1817, il devint directeur de l'université de Tübingen et maître de chapelle à l'École évangélique. Adepte de l'enseignement musical fondé sur le chant populaire d'après les méthodes de Pestalozzi qu'il rencontra, et de Naegeli avec qui il collabora, il s'occupa à rassembler et à faire éditer de nombreux chants populaires allemands. Il contribua à la formation de sociétés chorales et rédigea plusieurs ouvrages à l'intention d'un large public, dont le traité Harmonie-und Komposition-Lehre (1851). Il composa lui-même un grand nombre de lieder, de chœurs, ainsi que quelques pièces et variations instrumentales.