Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Nourrit (Adolphe)

Ténor français (Paris 1802 – Naples 1839).

Il débute en 1821 dans Iphigénie en Tauride de Gluck à l'Opéra de Paris où il succéda à son père, ténor lui aussi, mais qu'il devait surpasser. Adolphe Nourrit fut sans doute un des plus grands chanteurs français de tous les temps. Élève de García, il utilisa sa formation italienne pour créer un style de chant spécifiquement français qui atteignit son apogée au milieu du XIXe siècle : déclamation lyrique très nuancée visant à une expression profonde des sentiments. Il créa Robert le Diable et les Huguenots de Meyerbeer, Guillaume Tell de Rossini, la Juive de Halévy, la Muette de Portici d'Auber. Sa technique utilisait au maximum la « voix mixte » qui lui permettait une souplesse exemplaire et un contrôle parfait des demi-teintes. En 1837, il quitta l'Opéra de Paris, à la suite de l'engagement de Gilbert Duprez et du succès que celui-ci obtenait avec sa technique de la « voix sombrée » où le registre de poitrine était utilisé pour des effets nouveaux de vaillance dans l'aigu. Pendant les deux années qui suivirent, Nourrit obtint de grands succès en Italie. Il se suicida à Naples, dans un accès de neurasthénie, en se jetant de la fenêtre de son hôtel.

Novaes (Guiomar)

Pianiste brésilienne (São João de Boa Vista 1896-São Paulo 1979).

Une bourse lui permet de se présenter au Conservatoire de Paris : elle est première nommée sur quatre cents candidats, devant un jury composé de Debussy, Fauré et Moszkowski. Élève d'Isidore Philipp, elle remporte son premier prix en 1911 et, dès 1912, fait son entrée sur la scène internationale à Londres. En 1916, elle fait ses débuts en Amérique et, en 1922, épouse le compositeur brésilien Octavio Pinto (1890-1950). Son jeu délicat, parfois qualifié d'« aristocratique », fait merveille dans Chopin et Schumann. Elle a aussi enregistré des sonates de Beethoven, mais l'on a pu dire que ses disques n'étaient pas toujours le reflet fidèle de son art. Elle a voulu promouvoir la musique brésilienne et la culture interaméricaine. Dans cet esprit, elle grave la Negro Folk Symphony de Dawson, avec Leopold Stokowski.

Novák (Vítězslav)

Compositeur tchèque (Kamenice 1870 – Skuteč 1949).

Fils d'un médecin de campagne, il décide sa mère, veuve depuis 1881, à venir s'installer à Prague pour qu'il puisse suivre simultanément les cours de l'université de droit et du conservatoire. Il y reçoit l'enseignement de K. Knittl, puis de Strecker, qui réussit à faire entrer Novák dans la classe de Dvořák. Ce dernier lui fait reprendre sept fois sa Sonate pour violon et piano, que Novák donne pour son concert de sortie du conservatoire le 8 juillet 1892 avec K. Hoffmann au violon. De 1892 date également son ouverture le Corsaire. Jusqu'en 1896, Novák travaille le piano avec Josef Jiránek et la composition avec le successeur de Dvořák, K. Bendl. Parallèlement paraissent le Trio en « sol » mineur op. 1 et la Sérénade en « fa » majeur pour petit orchestre.

   Puis Novák découvre pendant l'été 1896 la Valaquie morave, et discute folklore morave avec Janáček. La rencontre de ces deux tempéraments va conduire à l'essor de la musique tchèque et slovaque des vingt années à venir (1900-1920). Novák vit désormais à Brno et compose successivement divers tableaux de ces contrées dominées par le massif des Tatras : Quintette avec piano en la mineur op. 12 (1897), le 1er Quatuor à cordes op. 22, le poème symphonique Dans les Tatras (V Tatrách op. 26), la Sonate héroïque op. 24, la Sonatine des brigands op. 54/55 pour piano, enfin la Suite de Slovaquie morave op. 32.

   Mais cette intense activité créatrice ne l'empêche pas de sombrer dans des crises de dépression. Il nous conte ces moments de crise sentimentale et d'isolement baudelairien dans le Trio quasi una ballata op. 27 et dans le 2e Quatuor à cordes en majeur op. 27, esquisse autobiographique très personnelle. Il s'affirme ensuite à l'orchestre avec le diptyque Désir et Passion, juxtaposant la poésie impressionniste d'Andersen (l'Éternel Désir) à l'expression d'une passion dévorante (Toman et la Fée), se confirmant comme un contemporain de Reger et de Schönberg.

   Pour le 50e anniversaire de la fondation de la Société philharmonique de Brno, il écrit la Tempête, « fantaisie maritime » (première, Brno, 17 avr. 1910 par Rudolf Reissig), cantate étrange dont le flot mêle une suite de petits poèmes symphoniques à des scènes grandioses pour chœur et solistes. Puis vient Pan, poème musical pour piano, où il laisse éclater ses quatre passions : la montagne, la mer, la forêt et la femme.

   Novák revient fréquemment à Prague où il a succédé à Dvořák comme professeur de composition. Il écrit Chemises de noce, mais réussit mieux le conte lyrique la Lanterne (1923). Mais la scène musicale est occupée par Janáček, et Novák doit attendre la fin de la mode debussyste pour retrouver une certaine audience. Il écrit successivement sa Symphonie d'automne op. 62, comparable à l'Épilogue de Suk, la Jihočeska suita op. 64, enfin des œuvres patriotiques célébrant la mémoire des héros morts pendant la dernière guerre. Cette période d'occupation, de résistance, semble lui donner de nouvelles forces. Il écrit des chansons (op. 74/75), légendes (op. 76), mélodies (op. 77), berceuses (op. 78), des chœurs (Domov, Pét smíšen'ych sborů, Máj [« Mai »], Hvězdy [« les Étoiles »])… Kubelik crée à Prague la Symphonie de mai. Désormais, Novák peut prendre une retraite remplie d'honneurs.

Novello

Famille anglaise d'origine italienne qui a donné à l'histoire de la musique plusieurs figures importantes.

 
Vincent (Londres 1781 – Nice 1861), compositeur, organiste et pianiste virtuose. Il fonda en 1811 la maison d'édition musicale Novello and Co , qui commença par éditer des œuvres de musique sacrée (Purcell, Mozart, Haydn, Beethoven). Des onze enfants qu'il eut de son épouse Mary Sabilla Hehl, un certain nombre se firent un nom dans la musique. Parmi eux, on citera :

 
Clara Anastasia (Londres 1818 – Rome 1908). Elle fut une soprano réputée au concert comme à la scène, créant notamment des rôles de Rossini, Bellini, Donizetti. En 1829, ayant appris que la sœur de Mozart était dans le besoin, Vincent Novello organisa une collecte, et, pour en remettre le produit à « Nannerl », entreprit avec sa femme Mary un voyage qui les mena à Salzbourg et à Vienne. Leurs notes et leur journal ayant trait à ce voyage, très intéressants, ne devaient être découverts et publiés que plus d'un siècle plus tard (A Mozart Pilgrimage, Londres 1955, rééd. 1975).