Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
D

decrescendo

Terme italien indiquant qu'il faut diminuer l'intensité d'une note ou d'une phrase musicale.

Contraire de crescendo (« en augmentant »), decrescendo est synonyme de diminuendo, les deux termes pouvant être remplacés par le signe O.

Degrada (Francesco)

Musicologue et compositeur italien (Milan 1940).

Il a fait ses études au conservatoire de Milan, où il a obtenu un prix de piano en 1961 et un prix de composition en 1965. Il a enseigné l'histoire de la musique aux conservatoires de Bolzano, de Brescia et de Milan, puis à l'Institut de musicologie de l'université de Milan, dont il est devenu le directeur en 1976. Ses recherches concernent la Renaissance, la période baroque et la musique contemporaine. Membre de plusieurs sociétés musicales, il est aussi responsable des éditions critiques chez Ricordi à Milan. Il a publié de nombreuses études et collaboré à des émissions radiodiffusées ou télévisées.

Principaux écrits : Sylvano Bussotti e il suo Teatro (Milan, 1976) ; Antonio Vivaldi da Venezia all'Europa (Milan, 1978) ; Il Palazzo incantato. Studi sulla tradizione del melodramma dal Barocco al Romanticismo (2 vol., Florence, 1980) ; Antonio Vivaldi veneziano europeo (Florence, 1980) ; Studi Pergolesiani (éd., 1986 et 1988) ; Andrea Gabrieli e il suo tempo (Florence, 1988).

degré

Terme employé en analyse musicale pour désigner toute note de l'échelle tonale ou modale considérée dans sa fonction, c'est-à-dire par rapport au son de référence (tonique dans la musique tonale), numéroté I par définition.

Les Grecs analysaient leurs degrés par rapport aux tétracordes, en leur donnant des noms sans les numéroter ; le chant grégorien les situait par rapport à un noyau, variable selon le mode, déterminé par le binôme finale-teneur ou corde de récitation (dite plus tard « dominante »), et non pas par hexacordes comme on le croit parfois : l'hexacorde n'a jamais été rien d'autre qu'une convention solfégique, servant à la solmisation. La musique harmonique a été la première à considérer ses degrés par rapport à l'octave et à dicter leur équivalence d'une octave à une autre : elle les numérote donc en montant de I à VIII selon l'échelle diatonique, opère une mutation VIII I et recommence ensuite. Certains auteurs n'emploient pas le chiffrage VIII et passent directement de VII à I. Les degrés chromatiques sont exclus de la numérotation : on les considère soit comme des notes de passage entre deux degrés voisins, soit comme de simples déplacements des degrés diatoniques, le plus souvent causés par l'attraction exercée par des degrés forts sur les degrés faibles. Outre leur numérotation, les degrés de la musique tonale ont aussi reçu des noms de fonction : I (ou VIII) tonique, III médiante, IV sous-dominante, V dominante, VII sous-tonique, dite « sensible » lorsqu'elle est à un demi-ton de VIII ; les noms de fonction des degrés II (sus-tonique) et VI (sus-dominante) sont peu employés.

Degtiariov (Stépan)

Compositeur russe (Borisovka, gouv. de Kursk, 1766 – près de Kursk 1813).

Il était serf du comte Chérémétiev, qui possédait sa troupe de musiciens personnelle. Devenu élève de Sarti, il alla se perfectionner en Italie. Il fut ensuite chef d'orchestre et répétiteur chez Chérémétiev, et fut affranchi après la mort du comte. Bien qu'une partie de son œuvre soit perdue, il en subsiste de nombreux concerts vocaux religieux et un grand oratorio patriotique, Minine et Pojarsky ou la Libération de Moscou, qui fut représenté à Moscou en mars 1811. Degtiariov est représentatif de la génération intermédiaire entre les compositeurs du règne de Catherine II et ceux de l'école russe du XIXe siècle. On lui doit aussi la traduction russe (1805) du traité Regole armoniche de Vincenzo Manfredini, paru en 1775.

Del Monaco (Mario)

Ténor italien (Florence 1915 – Mestre 1982).

Autodidacte, il s'est instruit au moyen d'enregistrements réalisés par les grands chanteurs du passé. Il débuta en 1939 à Pesaro, dans le rôle de Turridu (Cavalleria rusticana). Après la guerre, il commença une carrière internationale qui le conduisit dans le monde entier, triomphant dans les rôles les plus dramatiques du répertoire italien. Radames d'Aïda, Otello, Canio de Paillasse étaient ses personnages de prédilection. Son timbre à la fois corsé et brillant possédait une admirable égalité sur toute l'étendue du registre et un éclat exceptionnel. À défaut de subtilité musicale, les interprétations de Mario Del Monaco avaient une intensité et une vitalité auxquelles on ne pouvait rester insensible et sa voix fut, sans aucun doute, une des plus remarquables qu'on ait pu entendre récemment.

Delage (Maurice)

Compositeur français (Paris 1879 – id. 1961).

Venu tardivement à la musique, il trouva auprès de Maurice Ravel, dont il fit la connaissance vers 1902, appui et conseils ; il allait d'ailleurs être, avec Léon-Paul Fargue et Ricardo Vinès, un des familiers du compositeur. Il écrivit, en 1908, un poème symphonique, Conté par la mer. Mais, sur l'avis de Vincent d'Indy, cette œuvre fut refusée par la Société nationale de musique. Ravel soutint alors son ami, et le conflit qui s'ensuivit au sein de la Société nationale entraîna, en 1910, la création de la Société musicale indépendante (S. M. I.). Après un voyage aux Indes, Maurice Delage composa ses Poèmes hindous pour soprano et dix instruments, que Rose Féart créa en 1913. En 1923, Koussevitski dirigea aux Concerts de l'Opéra son Ouverture pour le ballet de l'Avenir. Walter Straram créa, en 1933, son triptyque orchestral, Contrerimes (Nuit de Noël, Hommage à Manuel de Falla, Danse). Une œuvre pour chant et piano, In morte di Samuraï (1950), et un poème symphonique, le Bateau ivre (d'après Arthur Rimbaud, 1954), attestent ensuite la continuité d'un talent subtil, reconnu seulement d'une élite. Maurice Delage a peu écrit. Mais ce qu'il a consenti à publier est d'une très grande qualité. Ses 4 Poèmes hindous et ses 7 Haï-Kaï (1923) témoignent d'un extrême raffinement de la pensée et d'un sens délicat des équilibres sonores.