Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
P

Peuerl (Paul)

Organiste, facteur d'orgue et compositeur allemand (Stuttgart ? 1570 – Arès 1625).

Organiste à Horn (Basse-Autriche) à partir de 1602 puis au collège protestant de Steyer (1609-1625), il fut sans doute le premier à pratiquer en Allemagne la suite pour cordes en quatre mouvements apparentés.

Pezel (Johann Christoph)

Instrumentiste et compositeur allemand (Glatz 1639 – Bautzen 1694).

On possède peu de données sur sa formation. Il apparaît en 1664 à Leipzig, comme violoniste, dans un groupe de musiciens municipaux (« Ratsmusiker »). Également joueur de clarino, il entre en 1670 dans l'ensemble des « Stadtpfeifer ». La même année, il publie son recueil de sonates Hora decima pour ensemble de vents (cornets, trombones) ou de cordes. Plusieurs de ses recueils ultérieurs seront constitués de pièces de danse formant des suites. (Delitiae musicales, 1678 ; Fünfstimmige blasende Musik, 1685). Pezel brigua le poste de cantor à Saint-Thomas de Leipzig, mais sans succès. En 1681, il s'installa à Bautzen, où il poursuivit la même activité, doublée de celle de compositeur religieux. Son œuvre religieuse, restée à l'état de manuscrits, a été perdue. Mais sa musique instrumentale montre les possibilités qu'un compositeur habile peut tirer d'un genre apparemment ingrat.

Pfitzner (Hans)

Compositeur et chef d'orchestre allemand (Moscou 1869 – Salzbourg 1949).

Sa famille s'étant installée à Francfort en 1872, il fit ses études au conservatoire de cette ville avec Knorr (théorie) et Kwast (piano) entre 1886 et 1890, et s'y lia avec J. Grun, son futur librettiste. Nommé professeur au conservatoire de Coblence (1892), puis chef d'orchestre au théâtre de Mayence (1894), il fit représenter dans cette ville, en 1895, son premier opéra, Der arme Heinrich. Il fut ensuite professeur au conservatoire Stern de Berlin, séjourna à Munich, puis se fixa à Strasbourg en 1908, où il cumula les postes de directeur du conservatoire, des concerts symphoniques et de l'opéra.

   En 1917, son œuvre dramatique la plus importante, Palestrina, fut créée à Munich sous la direction de Bruno Walter. Cette œuvre, dans la tradition de l'opéra wagnérien en même temps qu'hommage à la polyphonie de la Renaissance et à l'un de ses plus illustres représentants, Palestrina, est un manifeste d'opposition aux recherches de Schönberg et de Busoni. Le thème en est la solitude morale et la lutte du compositeur défendant ses principes artistiques.

   La même année, Pfitzner écrivit son pamphlet polémique Futuristengefahr (le Danger futuriste), dirigé contre Busoni. En 1919, il rédigea Die neue Aesthetik der musikalischen Impotenz, s'opposant ainsi aux idées exprimées par Paul Bekker dans son Beethoven. De 1929 à 1934, il enseigna à l'Académie musicale de Munich, puis effectua des tournées comme pianiste et chef d'orchestre. Après sa mort fut fondée la Hans Pfitzner Gesellschaft.

   Homme d'opinions conservatrices, se considérant « comme le dernier survivant de la musique dans un monde devenu fou » (C. Rostand), Pfitzner poursuivit la tradition du romantisme allemand issue de Schopenhauer, Schumann et Wagner. Outre ses œuvres scéniques, parmi lesquelles Die Rose vom Liebesgarten (1901), il a écrit notamment de la musique de chambre, des œuvres symphoniques, des concertos pour piano, pour violon et pour violoncelle, la cantate Von deutscher Seele (1921), et la fantaisie chorale Das dunkle Reich (1929).

Phalese (Pierre)

Imprimeur de musique flamand (Louvain v. 1510 – id. v. 1573).

Membre de l'université de Louvain depuis 1542, il est d'abord « libraire juré » et obtient son premier privilège d'imprimeur en 1551. Sa réussite lui permet d'établir sa propre imprimerie musicale à caractères mobiles. Il s'associe pendant peu de temps avec Martin Rotaire, puis, à partir de 1570, avec Jean Bellère. Il s'est surtout spécialisé dans la musique de luth (Hortus Musicus, 1552-53 ; Thesaurus Musicus, 1573-74), mais a également imprimé 10 recueils de chansons et 8 de cantiones sacrae. La qualité de ses impressions n'a rien à envier à celle de ses célèbres contemporains (Susato, Ballard, etc.), et sa firme, à la tête de laquelle lui succèdent ses fils Pierre et Corneille, puis ses petites-filles Magdalene et Maria, reste prospère jusqu'à sa fermeture, en 1674.

philharmonie

Terme signifiant « amour passionné de la musique ».

D'où la dénomination de « philharmonique » portée par de nombreux orchestres ou sociétés de musique.

Philidor (François André Danican)

Compositeur français (Dreux 1726 – Londres 1795).

Membre d'une célèbre dynastie de musiciens dont le patronyme était Danican et dont l'un des représentants, son demi-frère Anne Danican Philidor (1681-1728), avait fondé le Concert spirituel en 1725, il bénéficia de l'instruction musicale la plus sérieuse qui fût alors dispensée en France : il entra comme enfant de chœur à la chapelle de Versailles, dès l'âge de six ans, et y reçut jusqu'en 1740 l'enseignement de Campra. Contrairement à la plupart de ses contemporains, il mena une existence totalement indépendante : ses dons exceptionnels de joueur d'échecs lui permirent de passer quelques années de bohème à Paris, puis de séjourner longuement en Allemagne et à Londres. Il mit à profit ces neuf ans de vie cosmopolite pour acquérir une expérience musicale bien plus riche que ne le permettait à Paris la dictature du style français. Ses contemporains ne s'y étaient pas trompés, puisqu'on le considérait alors comme un compositeur italianisant : compliment chez les uns, moyen de l'éloigner des postes officiels pour les autres. Heureusement pour Philidor, son retour d'Angleterre, en 1754, le plonge dans un milieu musical en pleine révolution, à la suite notamment de la Querelle des bouffons. Après quelques expériences comme arrangeur dans les théâtres de la Foire, il fait représenter en 1759 son premier opéra-comique, Blaise le savetier, qui constitue, avec les Aveux indiscrets de Monsigny, la première grande œuvre du genre. L'opéra-comique est resté la forme de prédilection de Philidor : il en écrivit 19, de 1759 à 1788 ; les plus marquants sont, outre Blaise, le Jardinier et son seigneur, également sur un texte de Sedaine (1761), le Sorcier, sur un argument original de Poinsinet (1764), et Tom Jones (1765), d'après le roman de Fielding. Philidor fut moins heureux dans la tragédie lyrique, et seule Ernelinde (remaniée plusieurs fois de 1767 à 1773) connut un véritable succès ; on commence aujourd'hui à apprécier la valeur de cette œuvre, qui représente, avec Aline de Monsigny, la première tentative de redonner vie à un genre alors totalement sclérosé. L'originalité de Philidor se manifesta également dans le domaine de l'oratorio : son Carmen seculare (1779), composé à l'instigation du milieu littéraire de Londres, constitue en France un essai qui préfigure les grandes fêtes néoclassiques de la Révolution.