Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
T

târ

1. Luth à manche long utilisé en Iran et en Azerbaïdjan dans la musique traditionnelle. Il est de création relativement récente. La caisse de bois à double renflement est recouverte d'une table de peau. La touche du long manche est garnie de vingt-cinq frettes ajustables au mode joué et correspondant sur chaque rang à une octave et une quinte, soit dix-sept intervalles par octave. Le târ est pourvu de trois doubles rangs de cordes accordées du grave à l'aigu en fonction de l'octave, de la quinte et de la quarte.

2. Instrument de percussion utilisé dans les musiques traditionnelles arabo-islamiques. Au Maghreb, les târ-s sont des tambours de basque. Au Moyen-Orient arabe et sur le golfe Arabo-Persique, les târ-s sont des grands tambours sur cadre à une membrane. (BANDÎR, DAFF, RIQ.)

tarab

Mot utilisé dans les musiques arabes de Turquie et d'Iran pour désigner un émoi spécifique lié à l'audition d'une musique ou plus souvent d'un chant faisant « perdre la tête ».

tarentelle

Une double étymologie rattache l'origine de cette danse à la ville de Tarente, en Italie du Sud, et à l'araignée dite tarentule dont la piqûre passait pour provoquer une agitation comparable à la danse de Saint-Gui. Devenue très populaire à Naples au début du XVIIIe siècle, influencée par le fandango espagnol, c'était une danse très vive, à 6/8, généralement accompagnée au tambour de basque. De nombreux compositeurs, de Rossini (la Danza) à Debussy (les Collines d'Anacapri), ont écrit ou introduit dans leurs œuvres des tarentelles. La musique de ballet classique a également fait grand usage de ce rythme caractéristique qui évoque irrésistiblement Naples et la Sicile.

Tartini (Giuseppe)

Compositeur et violoniste italien (Pirano 1692 – Padoue 1770).

Ses parents le destinaient à vivre dans les ordres, et il fut envoyé en 1709 à l'université de Padoue pour y étudier les lettres, mais se maria secrètement, en 1712, avec la jeune Elisabetta Premazore, avant de commencer à gagner sa vie comme violoniste d'orchestre. On lui attribue une jeunesse dissipée de bretteur, et en tout cas de proscrit, puisqu'il dut se réfugier à Assise après son mariage secret. On dit que c'est là qu'il jouait derrière un rideau pour ne pas être reconnu, faisant l'admiration des auditeurs par sa sonorité, et qu'il reçut des leçons d'un franciscain tchèque. C'est là aussi que le diable lui serait apparu pour lui suggérer l'effet instrumental qu'il devait exploiter dans la sonate dite du « Trille du Diable ».

   Il fréquenta aussi les cercles de Corelli et Geminiani. En 1721, il était premier violoniste à la basilique de Saint-Antoine à Padoue, ville où il devait, après ses voyages, revenir se fixer à partir de 1728. Entre 1723 et 1726, il reste à Prague, attaché au service du prince Kinsky, chancelier de Bohême.

   En 1728, à Padoue, il fonde une académie de musique nommée École des nations et où il enseigne, à côté de l'art violonistique, le contrepoint et la composition. Particulièrement réputé pour sa technique d'archet, il attire des élèves de tous les pays, dont Pugnani, Naumann, La Houssaye et surtout Nardini. Son style était célèbre pour son expressivité, mais selon certains il se mit en vieillissant à pratiquer une ornementation de plus en plus chargée.

   Son Trattato delle appoggiature fut un des premiers traités d'ornementation de l'époque. Ses autres écrits importants sont sa fameuse Lettre à Maddalena Lombardini de 1760, où il s'adresse à une de ses élèves, en lui énonçant ses principes d'exécution et d'ornementation, et qui reste un document instructif sur les techniques de jeu violonistique de l'époque (Tartini préconise notamment l'emploi d'un archet plus léger et de cordes plus volumineuses).

   Mais surtout, il publia en 1754 son fameux Trattato di musica secondo la vera scienza dell'armonia, qu'il devait rééditer dans une version nouvelle en 1767. Le système harmonique qui y est exposé, et qui suscita des polémiques, notamment de la part du Padre Martini, est basé entre autres sur la théorie des « sons résultants » (terzi tuoni), et fait appel à des notions d'algèbre et de géométrie, ainsi qu'aux notions platoniciennes, pour expliquer la génération harmonique. Rousseau, dans son Dictionnaire de musique, l'oppose à celle de Rameau : « Monsieur Rameau fait engendrer les dessus par la basse ; Monsieur Tartini fait engendrer la basse par les dessus », ce qui revient à tirer l'harmonie de la mélodie.

   Des œuvres de Tartini, il nous reste environ 125 concertos parmi les 200 qu'il aurait composés. On a conservé de même 160 sonates sur 200 attestées, certaines ayant été éditées de son vivant. Citons encore l'Arte del arco, recueil de variations sur une gavotte de Corelli, 50 sonates en trio, des symphonies et des concertos de violoncelle.

Taskin

Dynastie de musiciens français d'origine belge.

 
Pascal (Theux, près de Liège, 1723 – Paris 1793). Il étudia la facture du clavecin à Paris chez François Étienne Blanchet, auquel il succéda après sa mort et dont il épousa la veuve. En 1768, il fit construire un nouveau type de clavecin, munissant l'un des rangs de sautereaux de cuir de « buffle » (en réalité bœuf d'Italie), au lieu de la traditionnelle plume de corbeau ; ce procédé a pour effet d'adoucir le son. Il remplaça également les registres à main par des genouillères, permettant de changer de registre sans lever les mains du clavier. En 1773, il fut nommé garde des instruments du roi, succédant à Chiquelier. Cette charge accaparante de restaurateur et réparateur explique le nombre relativement réduit de ses propres instruments. Vers la fin de sa vie, il commença également à fabriquer des pianos, ainsi qu'une harpe-psaltérion nommée Armandine, se présentant sous la forme d'un clavecin sans clavier.

 
Pascal-Joseph, neveu du précédent (Theux 1750 – Paris 1829). Il fit le même métier que son oncle, dont il fut l'élève. De 1771 à la Révolution, il fut facteur du roi, puis accordeur à l'École de chant de 1793 à 1795. Au-delà de cette date, il semble avoir cessé ses activités.

 
Henry-Joseph, fils du précédent (Paris 1778 – id. 1852). Il se distingua de bonne heure comme claveciniste et fut page musical de Louis XVI. Il composa de la musique instrumentale, des opéras restés inédits, et s'essaya même à la musicologie.

 
Alexandre, petit-neveu du précédent (Paris 1853 – id. 1897). Il étudia le chant au Conservatoire avec Bussine et Ponchard. Il débuta à l'Opéra-Comique en 1878 et fit une brillante carrière de baryton. Il connut un succès particulier dans Carmen et dans les Contes d'Hoffmann. Sa fille Arlette, cantatrice, épousa l'organiste Louis Vierne.