Delalande (Michel Richard)
Compositeur français (Paris 1657 – Versailles 1726).
Fils d'un tailleur parisien, il reçut son éducation musicale à Saint-Germain-l'Auxerrois. Organiste et claveciniste, il occupa les tribunes des Grands-Jésuites, du Petit-Saint-Antoine et de Saint-Gervais, où il succéda en 1672 à Charles Couperin, avant de céder sa place au jeune François Couperin. En 1681, il fut chargé de donner des leçons de clavecin aux princesses légitimées, Mlles de Blois et de Nantes, et devint, l'année suivante, organiste à Saint-Jean-en-Grève. En 1683, il obtint l'un des quatre postes de sous-maître de la chapelle royale. Dès lors, il connut, dans sa carrière à la cour, une ascension plus éclatante que celle qu'avait connue Lully lui-même. Il reçut les trois autres postes de la chapelle, après les départs successifs de Goupillet, Minoret et Colasse, et recueillit toutes les charges de la Chambre : en 1689, celle de surintendant ; en 1690, celle de compositeur ; et en 1695, celle de maître de la musique. En dépit de ce cumul et de l'abandon de ses postes d'organiste à Paris, il se consacra surtout à la musique religieuse. Il fut sans doute incité à se perfectionner dans ce genre par le roi, qui subissait, pendant cette période, l'influence dévote de Mme de Maintenon. La plupart des motets du compositeur, qui constituent son œuvre maîtresse, furent écrits à cette époque et témoignent de l'atmosphère religieuse dans laquelle vivait la cour à la fin du règne de Louis XIV. Après la mort du monarque, Delalande collabora avec Destouches au ballet les Éléments, dansé aux Tuileries en 1721 par le jeune Louis XV. L'année suivante, il perdit sa femme, la chanteuse Anne Rebel, et demanda au souverain l'autorisation de se retirer. Il se démit de toutes ses charges et reçut du roi l'ordre de Saint-Michel. Il devait se remarier en 1723 et mourir trois ans plus tard. Une quarantaine de ses meilleurs motets furent publiés, après son décès, par les soins de Colin de Blamont et connurent une certaine vogue jusqu'à la Révolution.
Bien que la majorité des œuvres de Delalande soit consacrée à la musique religieuse, plusieurs divertissements écrits pour la cour témoignent aussi de sa production dans le genre profane. Ces pièces, qui n'ont pas l'envergure des tragédies lyriques, s'inscrivent toutefois dans la tradition lullyste. Elles présentent des aspects divers : cantate profane (les Fontaines de Versailles, 1683), ballet (le Palais de Flore, 1689), pastorale (l'Amour fléchy par la constance, 1697) ou intermèdes écrits pour des comédies. Pour l'orchestre, Delalande composa notamment les célèbres Symphonies pour les soupers du roy, ainsi que quelques pages dans ses œuvres sacrées (symphonie du Te Deum). C'est dans le domaine de la musique religieuse que Delalande s'illustra et devint l'un des meilleurs représentants de la musique française. À côté de trois leçons de ténèbres, il laissa 71 grands motets, dont certains présentent deux versions différentes du même texte sacré. Parmi les plus connus : De Profundis (1689), Beati omnes (1698), Regina cœli (1698), Quare fremuerunt gentes (1706). Ces œuvres adoptent tantôt une écriture verticale, chère à Lully, tantôt une polyphonie mouvante, comme la pratiquait Charpentier. Elles sont conçues pour un effectif vocal important, et offrent une alternance de grands et de petits chœurs. L'orchestre ne se contente pas de soutenir les voix, mais a pour rôle d'exposer une idée dans un prélude ou de mettre en relief le timbre d'un instrument dans les passages réservés aux solistes. Des ensembles vocaux, tels les trios et les quatuors, apportent encore de la variété à ces ouvrages, qui commentent le texte sacré avec souplesse, en traitant un ou plusieurs versets dans un même moule. Delalande sut porter le motet à son apogée en lui conférant une spiritualité que seuls Bach et Haendel ont été capables d'atteindre, à cette époque, dans des œuvres religieuses monumentales.
Delannoy (Marcel)
Compositeur français (La Ferté-Allais 1898 – Nantes 1962).
Il se destina d'abord à l'architecture, commença à composer en autodidacte et fit parler de lui avec le Poirier de misère, d'après une légende flamande (créé à l'Opéra-Comique en 1927). Il travailla ensuite avec Arthur Honegger et, dans un style néoclassique influencé par la chanson française et le jazz, laissa dans tous les genres un catalogue considérable. Son œuvre la plus célèbre est le ballet la Pantoufle de vair, d'après Cendrillon de Charles Perrault, créé aux États-Unis en 1931, sous le titre Cendrillon ou la Pantoufle de vair, puis à l'Opéra-Comique en 1935 après avoir été remanié en 1934. Il fut également un critique musical sévère, mais pertinent.
Delerue (Georges)
Compositeur français (Roubaix 1925 – Los Angeles 1992).
Élève du Conservatoire de Paris, il a été directeur musical du festival d'Avignon (1948-1950), puis chef d'orchestre du Club d'essai de la radiodiffusion française (1951-1957). Il a écrit un Quatuor à cordes en 1948 et un autre en 1971, l'opéra de chambre Ariane en 1954, a fait représenter deux grands opéras, le Chevalier de neige sur un livret de Boris Vian (Nancy, 1957) et Medis et Alyssio sur un livret de Micheline Gautron (Strasbourg, 1975). Il a donné également des pages symphoniques comme la Symphonie concertante pour piano et orchestre (1957) ou les Variations libres pour un libre penseur musical (sur le nom de Ludwig van Beethoven) pour orchestre (1975). Mais c'est surtout par ses très nombreuses musiques de scène, radiophoniques et de film que, grâce à un métier très sûr, il a acquis la célébrité. Citons celles pour la Mort de Danton de Büchner (Avignon, 1949) ou les Mouches de J.-P. Sartre (Nîmes, 1950), pour les Rois maudits de M. Druon (1974) et pour les films Hiroshima mon amour (1958), la Peau douce (1964), le Conformiste (1970), les Deux Anglaises et le continent (1971), Une belle fille comme moi (1972), le Chacal (1974), Banlieue Sud-Est (1977), la Gifle (1978), le Dernier Métro (1980). Il a aussi signé plusieurs spectacles son et lumière.