Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
N

Naudot (Jacques Christophe, dit Jean-Jacques)

Flûtiste et compositeur français (v. 1690 – Paris 1762).

Maître de flûte à Paris en 1726, il fut l'un des premiers compositeurs à introduire la flûte traversière en France, et écrivit pour cet instrument vingt livres de sonates (à une ou plusieurs flûtes) ainsi que plusieurs concertos, etc.

Naumann (Johann Gottlieb)

Compositeur allemand (Blasewitz, près de Dresde, 1741 – Dresde 1801).

Après des études à la Kreuzschule de Dresde, il se rendit en Italie (1757) et y reçut les conseils de Tartini, du Padre Martini et de Hasse. Recommandé par ce dernier, il devint compositeur d'église, puis maître de chapelle (1776) à la cour de Dresde. À partir de 1777, il contribua à réorganiser la chapelle musicale de Stockholm, donnant notamment les opéras Cora och Alonzo (1782) et, surtout, Gustaf Wasa (1786), longtemps considéré comme l'opéra national suédois. Il se rendit aussi à Copenhague, où fut représenté en 1786 Orpheus og Eurydyke, et, la même année, se fixa de nouveau à Dresde, effectuant ultérieurement d'importants séjours à Berlin. Outre des œuvres instrumentales, on lui doit, entre autres, 12 oratorios (dont 1 français et 11 italiens) et 25 ouvrages pour la scène. Les premiers, parmi lesquels La Clemenza di Tito (1769), s'inscrivent dans la descendance de Hasse. Les suivants, dont La Dama soldato (1791), témoignent aussi de l'influence de Gluck et de l'opéra français, en particulier par leur usage du récitatif accompagné et du chœur.

Navarra (André)

Violoncelliste français (Biarritz 1911 – Sienne 1988).

Un premier prix remporté à treize ans au conservatoire de Toulouse lui ouvre en 1926 les portes de celui de Paris, où il étudie le violoncelle avec J. Loëb et la musique de chambre avec Ch. Tournemire. Nanti, l'année suivante, d'un nouveau premier prix, il fait partie du quatuor Krettly, de 1929 à 1935, et fait ses débuts de soliste en 1931, avec l'orchestre des concerts Colonne dirigé par Gabriel Pierné.Sa carrière est jalonnée de tournées importantes aux États-Unis, au Japon et, surtout, à Londres, où il triomphe avec le Concerto d'Elgar, qu'il inscrit à son répertoire.

   En France, Navarra provoque et crée de nouvelles œuvres pour son instrument, en particulier des concertos que lui dédient A. Jolivet (1962) et H. Tomasi (1970). Il joue et enregistre avec les plus grands chefs, Ch. Münch, K. Ancerl, A. Cluytens, C. Silvestri, mais consacre le plus clair de son temps à l'enseignement depuis sa nomination en 1949 au Conservatoire de Paris. Il donne également des cours d'été à l'Accademia Chigiana de Sienne (à partir de 1954), au conservatoire de Vienne et à l'Académie musicale de Detmold (à partir de 1958). L'art et la pédagogie de Navarra ont en commun une conception chaleureuse de l'instrument, visant à tisser des sonorités idéales et émouvantes.

nay
ou ney

Flûte oblique orientale (arabo-irano-turque).

La flûte oblique orientale, nay ou ney, est un instrument très ancien, dont le nom provient du mot persan ney (roseau). Son essor est lié à celui de la civilisation islamique au sein de laquelle le nay est un instrument traditionnel à la fois populaire, savant et sacré. Il exprime alors aussi bien la rêverie du berger, le raffinement esthétique classique ou le souffle mystique des derviches, soufis et initiés de diverses congrégations de l'Islam, dont les « mevlevis-tourneurs » de Turquie.

   Le nay arabe est constitué d'un simple roseau ouvert aux deux extrémités, dépourvu d'embouchure ou d'encoche, dont les caractéristiques sont constantes et indépendantes de la dimension, du timbre ou du registre. Le roseau doit être, de préférence, constitué de neuf segments séparés par huit nœuds. Un trou postérieur est percé à mi-longueur, soit dans le cinquième segment, et six trous antérieurs répartis en deux groupes similaires de trois sont percés dans les sixième, septième et huitième segments. Le ney turc comporte une embouchure en ivoire, en os, ou en écaille et quelques bagues de décoration. Le ney iranien comporte souvent une « embouchure » de métal qui en facilite le jeu.

   Les flûtistes orientaux, pour éviter les transpositions par les doigtés, disposent en général d'une bonne dizaine de nay, dont chacun donne un fondamental et un registre différents. Ils peuvent ainsi transposer en conservant leurs doigtés et jouer de concert avec différents instruments et chanteurs. Pour jouer du nay, on dispose l'extrémité supérieure contre sa lèvre inférieure (parfois ses dents en Iran), et on incline la tête et le roseau selon deux obliquités différentes. Le souffle se brise sur l'extrémité supérieure et donne le son.

   Le fondamental et les divers degrés (trois octaves moins une note) sont obtenus par la disposition des doigts et la force du souffle qui donne la quinte et les deux octaves des notes graves. Les mini-intervalles dépendent de l'inclinaison relative tête-roseau et de l'obturation partielle des trous. La maîtrise du nay est donc le fruit d'une longue expérience.

   Le timbre du nay, voilé et blessé, doit être respecté. Il est symbolique du souffle vital. Les inflexions sont riches en harmoniques et provoquent des effets dépassant la mélomanie conventionnelle, d'où les succès actuels des nay et ney.

Nectoux (Jean-Michel)

Musicologue français (Le Raincy 1946).

Il a travaillé avec Yves Gérard et avec Vladimir Jankélévitch pour sa thèse d'État Gabriel Fauré et le théâtre (1980). Diplômé de l'École nationale supérieure des bibliothèques (1970), il a été conservateur à Versailles puis au département de la musique de la Bibliothèque nationale à Paris (1972), et a été nommé en 1985 responsable des activités musicales au musée d'Orsay à Paris, avant d'en devenir conservateur en chef. Éditeur de Chopin, il a publié notamment Fauré (1972), Correspondance Saint-Saëns-Fauré (1973, 2e éd. 1993), G. Fauré  : Correspondance (1980) et Gabriel Fauré  : les voix du clair-obscur (1990).

Neefe (Christian Gottlob)

Compositeur allemand (Chemnitz 1748 – Dessau 1798).

Il étudia à Leipzig le droit à l'université et la musique avec J. A. Hiller, et, vers 1780, s'établit à Bonn, où il devint organiste de la cour (1782) et eut comme élève Beethoven (piano, orgue, basse continue, composition). Il perdit ses postes lors de l'occupation française (1794), mais, en 1796, fut nommé directeur musical du théâtre de Dessau. Bon pédagogue, il s'illustra, surtout, comme compositeur, dans le domaine du lied et dans celui du singspiel. Il collabora avec Hiller pour Der Dorfbarbier (1771) et écrivit lui-même, entre autres, Die Apotheke (1771, d'après Goldoni), Die Zigeuner (1777) et, surtout, Adelheit von Veltheim (1780), au sujet proche de celui de l'Enlèvement au sérail de Mozart. Ses lieder et ses odes d'après Klopstock ont souvent un ton de ballade.

   On lui doit aussi le monodrame Sophonisbe (1778).