Englund (Einar)
Compositeur finlandais (Gotland, Suède, 1916 – id. 1999).
Après ses études à l'Académie de musique d'Helsinki où, de 1933 à 1941, il mène de front la composition avec Selim Palmgren, l'orchestration avec Leo Funtek et le piano, puis à Tanglewood (États-Unis), où, en 1949, il travaille avec Aaron Copland, Englund s'affirme aussi bien comme compositeur, pianiste, critique musical au Hufvudstadsbladet de Helsinki (1957) que comme professeur de théorie musicale à l'Académie de musique d'Helsinki (1958). En 1948, la création de sa 2e symphonie est le premier événement important de l'ère postsibelienne en Finlande. Compositeur inventif et indépendant, il utilise un langage tonal élargi de manière non conventionnelle. Son orchestration est vigoureuse et sa thématique est servie par une grande clarté formelle. Il a écrit 7 symphonies en 1946, 1948 (Koltrast, « l'Oiseau noir »), 1971, 1976, 1977-78 (Fennica), 1984 (Aphorismes) et 1988, des concertos pour piano (1955, 1974), pour violon (1981), pour flûte (1985) et pour violoncelle (1954), plus de 20 musiques de film (Valkoinen peura, « le Renne blanc », 1954), de la musique instrumentale et vocale et 2 ballets (Sinuhe, 1965 ; Odysseus, 1959).
enharmonie
1. Dans la musique grecque, le « genre enharmonique » désignait une division irrégulière du tétracorde (v. chromatique, diatonique). Cette division irrégulière utilisait ce que nous appellerions, de nos jours, des quarts de ton, par exemple mi-do-do un quart de ton plus bas –si.
2. Actuellement, et depuis l'apparition de la polyphonie occidentale, l'enharmonie désigne des enchaînements, soit mélodiques, soit harmoniques, entre des notes dont la hauteur se trouve être presque la même (tout à fait la même sur le clavier des instruments accordés au tempérament égal), mais dont la fonction musicale et surtout harmonique peut être différente. Par exemple, sur le piano, do dièse et ré bémol sont représentés par la même note. Mais do dièse peut évoquer la tonalité de ré majeur, en même temps que ré bémol peut évoquer celle de la bémol majeur. Dans l'Enharmonique, célèbre pièce de clavecin de Rameau, lors de la douzième mesure après la barre de reprise, un accord de septième diminuée appartient par enharmonie aux tonalités de ré mineur et de fa mineur. À Londres, Haydn écrivit deux œuvres (la cantate Berenice che fai ? et la symphonie no 102) contenant des modulations enharmoniques spectaculaires, et prit bien soin d'indiquer aux exécutants (en anglais) qu'il s'agissait de the same note (la même note).
énigme
Phrase ou sentence (dite aussi devise) jointe à un canon énigmatique pour en faciliter la résolution.
On en trouve, par exemple, dans l'Offrande musicale de J.-S. Bach.
Enocq (Étienne)
Facteur d'orgues français ( ? – Paris 1682).
Il fut associé à son beau-frère Robert Clicquot. En sa qualité de facteur d'orgues du roi, il construisit des instruments de salon ou de chapelle pour les châteaux des Tuileries, de Fontainebleau, de Saint-Germain-en-Laye et de Versailles.
enregistrement
Si le rêve de l'enregistrement des sons remonte à l'Antiquité, il ne suscita que des fantaisies poétiques (Platon, Rabelais, Cyrano de Bergerac) jusqu'à ce qu'un Français, Léon Scott de Martinville, s'avisant du mouvement vibratoire des sons, construisît son phonautographe (1857) : un stylet, mis en vibration par une membrane recevant la pression acoustique, traçait l'ondulation correspondante sur une plaque de verre enduite de noir de fumée et se déplaçant régulièrement. Ce procédé, qui anticipa exactement sur le microphone et le burin de gravure, fixait une image des sons émis, mais était malheureusement impuissant à les reproduire.
Vingt ans plus tard, le 16 avril 1877, le poète français Charles Cros donna la description d'un appareil qu'il nommait paléophone : le déplacement latéral d'un burin, mis en vibration, gravait une empreinte dans la matière d'un disque en rotation. Ce disque pouvait servir à en fabriquer d'autres identiques, par galvano-plastie et pressage. Et en procédant à l'inverse de l'enregistrement, on le lisait et il engendrait des vibrations acoustiques dans un cornet amplificateur. Le principe de l'enregistrement et de la reproduction sonore sur disques était trouvé, mais il demeura dix ans à l'état d'idée, sans connaître de réalisation pratique.
La même année, l'Américain Thomas Alva Edison fit construire une machine de type analogue, dans laquelle les vibrations étaient enregistrées sur un cylindre tournant (12 août 1877). Homme avant tout pragmatique, Edison ne chercha pas à concrétiser un rêve, mais plus simplement à faciliter le travail de bureau par une machine permettant de dicter le courrier ; le cylindre y était réutilisable à volonté après lecture, puisqu'on pouvait effacer l'inscription gravée par rabotage.
Perfectionné par Bell et Tainter, le graphophone d'Edison fut la première machine parlante couramment exploitée, et le resta jusqu'au lendemain de la Grande Guerre. Il fut très utilisé comme appareil de bureau, mais son développement comme système de lecture de musique enregistrée se heurta à l'impossibilité de réaliser une duplication industrielle des cylindres : chacun devait être enregistré individuellement.
Les travaux des Français Henri Lioret, puis Charles et Émile Pathé, et des Allemands Joseph et Emile Berliner allaient développer l'idée de Charles Cros. En 1898, les frères Berliner fondèrent à Hanovre la première compagnie spécialisée dans la fabrication de disques pour gramophones tirés en séries industrielles : ce fut la Deutsche Grammophon Gesellschaft. Le succès fut foudroyant. Dès les premières années du siècle, la production annuelle se chiffra par millions de disques, pour un catalogue de plusieurs milliers de titres.
Désormais, la grande aventure était partie, les firmes éditrices de disques et les fabriques de gramophones de toutes sortes, sans cesse perfectionnés, se multiplièrent et se diversifièrent. Dès 1908, un premier enregistrement intégral de Carmen fut réalisé (en allemand, avec Emmy Destinn). En 1913, la première gravure complète d'une symphonie de Beethoven, la Cinquième, était effectuée par l'Orchestre philharmonique de Berlin, sous la direction d'Arthur Nikisch. En 1919, le pianiste Wilhelm Kempff signa son premier contrat d'enregistrement, tandis que Caruso (mort en 1921) confiait à la cire l'équivalent d'une dizaine d'heures d'enregistrement en soliste.
Vers 1926, l'application de la lampe triode permit l'invention de l'amplificateur. Le gramophone devint électrophone, et d'« acoustique », l'enregistrement, considérablement amélioré, devenait « électrique ». Ce fut une ère nouvelle qui s'ouvrait. Datèrent de cette époque de nombreux enregistrements aujourd'hui réédités dans des conditions sonores très honorables (Chaliapine, Busch, Kreisler, Mengelberg, Weingartner, Thill, Huberman, etc.). Il fallut attendre un quart de siècle pour que se produisît la nouvelle révolution, avec le microsillon et la haute-fidélité.
Le microsillon marque un âge nouveau dans la diffusion du disque auprès du public le plus large, développement qui intéresse désormais tout autant la sociologie que l'histoire de la musique : abandon de la pratique musicale au profit de l'écoute passive, énorme consommation musicale en tous lieux, accès à une vaste culture sonore, fixation de très nombreux événements acoustiques. Comme la photographie, le disque permet de constituer un « musée imaginaire » de la musique, de tous les âges et de tous les pays. En outre, par la référence toujours possible à d'autres interprétations, gravées avec la rigueur idéale (sinon toujours musicale et vivante) autorisée par la technique du montage de la bande magnétique, la virtuosité instrumentale et l'exigence du public se sont considérablement accrues sous l'effet du microsillon. Mais devant les excès de tant de stérile perfection technique, on en revient aujourd'hui à l'émotion de la pratique musicale, de l'enregistrement sur le vif et de la spontanéité de l'expression qui donnaient tout leur prix aux enregistrements et aux interprétations du passé : c'est la juste revanche de la musique sur la technique.
En un siècle d'histoire, le disque a connu un développement considérable et de multiples standards quant à son format, sa vitesse de rotation, ses procédés de gravure et de fabrication. Le prodigieux essor du disque et de la « haute-fidélité », après la Seconde Guerre mondiale, a entraîné une indispensable normalisation internationale autour du disque microsillon ; mais une nouvelle époque de l'enregistrement et de la reproduction sonores s'amorce au tournant des années 80, avec le disque « numérique » ou « audiodigital » à lecture par rayon laser, dont aucune normalisation n'a cependant encore vu le jour en raison du formidable enjeu économique que représente l'adoption de tel ou tel procédé industriel.