Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Schaeffner (André)

Ethnologue et musicologue français (Paris 1895 – id. 1980).

Élève de S. Reinach à l'école du Louvre, de Vincent d'Indy à la Schola cantorum, de M. Mauss à l'École des hautes études, il a reçu une formation des plus complètes grâce à laquelle il a pu mener à bien des travaux très variés. Son ouvrage sur Stravinski, ses études sur Debussy, sont remarquables. Mais c'est principalement dans le domaine de l'ethnologie musicale, dont il a été l'introducteur en France, qu'André Schaeffner a acquis une réputation qui dépasse nos frontières. Il a fondé en 1929, au musée de l'Homme, un département d'ethnomusicologie et a été chargé de plusieurs missions scientifiques en Afrique. Il a dirigé la 3e édition française du Dictionnaire de Riemann (1931). Entre 1958 et 1961, il fut président de la Société française de musicologie.

Principaux écrits : Le Jazz, en collaboration avec A. Cœuroy (1926) ; I. Stravinski (Paris, 1931) ; Origine des instruments de musique (Paris, 1936, rééd. 1967) ; les Kissi, une société noire et ses instruments (Paris, 1951).

Édition : F. Nietzsche. Lettres à Peter Gast (Monaco, 1957) ; Segalen et Debussy, avec A. Joly-Segalen (Monaco, 1961) ; Debussy et ses rapports avec la musique russe (in Musique russe, I, 1953) ; Au fil des esquisses du Sacre du printemps (Revue de musicologie, tome 57, 1971, no 2).

Schäffer (Boguslaw)

Compositeur et théoricien polonais (Lvov 1929).

Il fit ses études de violon, puis de composition, avec A. Malawski à Cracovie, obtint son diplôme de musicologie à l'université de Cracovie en 1953, et, depuis 1963, est titulaire de la chaire de composition à l'École supérieure de musique de cette ville. Il commença sa carrière comme théoricien de la musique nouvelle, publiant en 1958 un ouvrage intitulé la Musique nouvelle. Problèmes de la technique de composition contemporaine, et assumant les fonctions de rédacteur en chef de la revue Ruch Muzyczny. Auteur en 1953 de la première œuvre dodécaphonique polonaise (Musique pour cordes : Nocturne), il écrivit d'abord une série d'œuvres encore relativement « classiques » comme Quattro Movimenti pour piano et orchestre (1957), Tertium datur pour clavecin et instrument (1958) et Monosonata pour vingt-quatre instruments à cordes (1959), puis élargit ses préoccupations en direction des rapports de la musique à des phénomènes tels que l'image, le graphisme, l'espace, la gestique.

   À partir de 1963, il composa une série de pièces de théâtre musical où l'action scénique ainsi que le jeu instrumental assument un rôle aussi fondamental que le résultat sonore lui-même : ainsi Tis-Mw2 (1962-63), composé à l'intention de l'ensemble Mw2 de Cracovie pour un acteur, un mime et une ballerine accompagnés de deux pianos, une chanteuse, une flûte et un violoncelle, ou encore Out of Tune pour soprano et violoncelle (1972).

   Il explora aussi le happening, avec notamment Non-Stop pour piano (1960), Expressive Aspects pour flûte et soprano (1963), Creative Act (1968), ou Negative Music pour n'importe quel instrument (1972).

   Ses « musiques d'action » comme Quartet SG pour ensemble de musiciens (1968) ou Synectics pour trois exécutants (1970) se situent entre le voir et l'entendre, et, d'une façon générale, sa démarche rejoint la signification toujours donnée par John Cage à la notion d'expérimental.

   Il s'est en outre intéressé à l'écriture musicale et aux partitions graphiques, par exemple dans Free Form no 1 (1972), à l'électroacoustique, comme dans Synthistory : Electronic Music (1973), et au jazz (Blues no 2 pour ensemble instrumental, 1973). Citons encore Missa elettronica pour chœur de garçons et bande (1975), Heideggeriana pour ensemble (1979), Autogenic Composition pour soprano, flûte, violoncelle, piano et quatre acteurs (1980), Cinq Introductions et Un épilogue pour petit orchestre de chambre (1981), et l'ouvrage théorique Introduction à la composition (1976).

Schalk (Franz)

Chef d'orchestre autrichien (Vienne 1863 – Edlach 1931).

Il fut au conservatoire de Vienne l'élève de Hellmesberger (violon), Epstein (piano), mais surtout de Bruckner (composition). Après avoir été chef d'orchestre à Graz, à Prague, à Berlin, et avoir été invité à Londres et à New York, il fut nommé en 1900 à l'Opéra de Vienne. De 1919 à 1924, il en fut le directeur, conjointement avec Richard Strauss, puis directeur en titre jusqu'en 1929. Il y dirigea en 1919 la création de la Femme sans ombre de Strauss. Avec son frère Josef (Vienne 1857 – id. 1900), il s'était appliqué à faire connaître les symphonies de Bruckner, mais en leur ayant fait subir certains remaniements injustifiables.

Schat (Peter)

Compositeur néerlandais (Utrecht 1935).

Élève de Kees Van Baaren au conservatoire de sa ville natale, il étudia aussi avec Matyas Seiber à Londres et Pierre Boulez à Bâle. D'abord influencé par Stravinski et par les quatuors de Bartók, il se tourna ensuite vers Webern et Stockhausen, et devint un des principaux chefs de file de l'avant-garde de son pays. Son Septuor (1957), conçu selon la technique dodécaphonique, attira l'attention par ses qualités formelles et sonores. Suivirent notamment Mozaiken pour orchestre (1959), Signalement pour six percussions et trois contrebasses (1961), et l'opéra Labyrinth (1961-62), créé sous la direction de Bruno Maderna en 1966. En 1969, il joua le rôle essentiel dans la conception et la réalisation de l'opéra collectif Reconstruction.

   Lié depuis 1967 au Studio de musique électroinstrumentale d'Amsterdam, ce qui devait se refléter dans un certain nombre d'œuvres dont Thema pour hautbois solo, dix-huit vents, quatre guitares électriques et orgue électrique (1970), et To You (1972), il fonda en 1973 le Cirque électrique d'Amsterdam, groupe pour lequel il composa Het vijde seizoen, pièce de théâtre musical (1973). Le circus-opéra Houdini (composé en 1974-1976, créé en 1977) donna naissance, entre autres, à la Houdini symfonie pour solistes, chœurs et orchestre (1976), et au ballet I am Houdini pour ténor, chœur et deux pianos (1976). Citons encore une Symphonie no 1 (1978, rév. 1979), et Aap verslaat de Knekelgeest pour cinq chanteurs et douze instrumentistes (Amsterdam, 1980).