Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Haubenstock-Ramati (Roman)

Compositeur autrichien d'origine polonaise (Cracovie 1919 – Vienne 1994).

Il fit ses études à Cracovie (1934-1938) et à Lvov (1939-1941), fut directeur musical de la radio de Cracovie (1947-1950), puis émigra en Israël (1950), où il fonda la Bibliothèque nationale de musique et où il enseigna la composition à Tel-Aviv. De retour en Europe en 1957, il se familiarisa à Paris avec la musique concrète, puis devint conseiller pour la musique contemporaine aux éditions Universal à Vienne ­ il le resta jusqu'en 1968. Depuis lors, il se consacre essentiellement à la composition, mais a poursuivi diverses activités d'enseignement à Stockholm, Buenos Aires, Tel-Aviv et surtout en Autriche : il a été nommé professeur de composition à l'École supérieure de musique de Vienne en 1973 et directeur de l'Institut de musique électroacoustique de cette même ville en 1976, et il a reçu le prix musical de la ville de Vienne en 1977. D'abord influencé par Stravinski et Szymanowski, Haubenstock-Ramati s'est familiarisé avec Webern dès 1938 et a rendu hommage aux principes sériels dans certaines de ses premières œuvres, comme Blessings pour voix et neuf instruments (1954) ou Recitativo e aria pour clavecin et orchestre (1955). Il s'est ensuite tourné vers les formes variables, ou " formes à dynamiques fermées ", par exemple dans la série des Mobiles, parmi lesquels Petite Musique de nuit pour orchestre (1960) et Mobile for Shakespeare pour voix et six exécutants (1969), dans la série des Multiples inaugurée en 1969 pour les Multiples I à VI ­ chacun fait appel à une formation différente et peut exister en de nombreuses versions ­, ainsi que dans des pages orchestrales comme Vermutungen – über ein dunkles Haus (1963, tiré d'Amerika), Tableau I (1967), II (1969) et III (1971), ou encore Symphonien (1977, Baden-Baden, 1978). On lui doit encore, notamment, Hôtel Occidental pour chœur parlé, d'après Kafka (3 vers., 1967), deux quatuors à cordes (1973 et 1977), le ballet Ulysse (créé à Vienne, 1978), Nocturnes I et II pour orchestre (Graz, 1981 et 1982), Nocturne III pour orchestre (Vienne 1986). Il s'est toujours intéressé de près au graphisme musical et a organisé la première exposition consacrée à ce sujet à Donaueschingen en 1959.

Haudebourg (Brigitte)

Pianiste française (Paris 1942).

Elle étudie le piano avec Jean Doyen, avant d'entreprendre l'étude du clavecin. À dix-sept ans, elle entre au Conservatoire de Paris dans la classe de Marcelle de Lacour, obtient un premier prix de clavecin en 1963 et passe avec succès le concours de claveciniste soliste concertiste de l'O.R.T.F. En 1968, elle remporte la médaille d'or au Concours international Viotti. Elle interprète avec bonheur les compositeurs français des XVIIe et XVIIIe siècles et a fait beaucoup pour la redécouverte d'œuvres de Daquin, Dandrieu, Devienne, Schobert ou encore du Chevalier de Saint-Georges. Elle a également assuré la création de plusieurs œuvres contemporaines.

Hauer (Joseph Matthias)

Compositeur autrichien (Wiener-Neustadt 1883 – Vienne 1959).

Après des études générales dans sa ville natale, il occupe un poste d'instituteur à Krumbach et se met à l'étude de la musique en autodidacte, pendant ses loisirs. Au bout de quelques années, il devient professeur de musique dans les collèges et écoles secondaires et, après la Première Guerre mondiale, s'installe à Vienne comme professeur de musique. Dès 1908, il a commencé à élaborer un système de musique atonale utilisant des séries de douze sons et il peut être ainsi considéré comme un précurseur de Schönberg. Hauer commence à composer à partir de 1918, selon les mêmes principes théoriques. Mais, contrairement à la méthode de Schönberg, qui fixera définitivement l'ordre de succession des douze sons dans chaque série, la démarche de Hauer laisse une plus grande liberté au compositeur dans l'utilisation du total chromatique. La logique du système, de même que l'arrière-plan esthético-philosophique inspiré de la Farbenlehre de Goethe, incitera pendant longtemps Hauer à écarter toute idée de polyphonie. S'intéressant plus volontiers aux musiques orientales ­ chinoise, en particulier ­ qu'à l'héritage classique européen, dont il regrette l'évolution harmonique, la plupart de ses œuvres reflètent cet état d'esprit par leur caractère presque toujours homophone, privilégiant, par ailleurs, la voix humaine et les instruments réglés sur le « tempérament égal », tels que le piano ou l'harmonium, au détriment des instruments à cordes et à vent. Ce n'est que dans les dernières années de sa vie que Hauer introduit plus de souplesse dans ses conceptions, notamment dans la cantate Der Menschen Weg (« le Chemin des hommes » 1934 ; rév. 1952). Il met également au point un système d'écriture de la musique de douze sons (Zwölftonschrift). Tout en rendant hommage au chercheur, Schönberg lui-même, dans la préface à son traité d'harmonie, insiste sur l'aspect trop rigoureusement systématique de la démarche de Hauer, qui donne souvent à ses œuvres un caractère expérimental. Sa production, d'ailleurs considérable et couvrant presque toutes les formes, est restée en grande partie inédite. Il a composé deux opéras, dont Salammbô op. 60 (création par O. Klemperer, Berlin, 1930), d'après Gustave Flaubert, des œuvres pour piano seul, pour orchestre, de la musique de chambre, des œuvres pour voix et orchestre, pour chœurs, et des mélodies sur des poèmes de Hölderlin.

Haug (Hans)

Compositeur et chef d'orchestre suisse (Bâle 1900 – Lausanne 1967).

Il fait ses études à Bâle avec Egon Petri et Ernst Lévy, puis à Munich avec Courvoisier et Busoni. Il débute comme chef d'orchestre à Granges et à Soleure, avant de diriger à Bâle et à Interlaken. De 1935 à 1938, il est chef d'orchestre à la Radio suisse romande, puis il se fixe à Lausanne comme professeur de composition au conservatoire. En dépit de sa formation germanique, son œuvre participe d'une esthétique influencée par l'esprit français et d'un style essentiellement souple et vivant, maintenu dans les éléments traditionnels.