Pachmann (Vladimirde)
Pianiste russe d'origine autrichienne (Odessa 1848 – Rome 1933).
Il reçoit ses premières leçons de piano de son père, professeur à l'université d'Odessa et violoniste amateur, et complète sa formation auprès de J. Dachs au conservatoire de Vienne (1866-1868), où il remporte une médaille d'or. Sa carrière fulgurante le mène de sa ville natale il y fait ses débuts en 1869 dans toute l'Europe et en Amérique, où il fait sensation autant par les apartés dont il accompagne de plus en plus fréquemment avec l'âge son jeu (embrassant par exemple sa main droite après un trait réussi en s'exclamant « Bravo, Pachmann ! ») que par la virtuosité et le toucher infiniment nuancé qu'il prodigue dans ses interprétations de Chopin. En début de carrière, il provoqua l'admiration de Liszt en personne.
Pacini (Giovanni)
Compositeur et théoricien italien (Catana 1796 – Pescia 1867).
Il étudia le chant, puis la composition avec le père Mattei, connut son premier succès à dix-sept ans (Annetta e Lucindo, Milan, 1813) et composa dès lors plusieurs opéras chaque année, y démontrant une rare facilité ; ayant parfois collaboré avec Rossini (notamment pour Cenerentola e Matilde), il ne s'affirma véritablement qu'après le retrait de celui-ci et le départ de l'Italie de Bellini et Donizetti, ses cadets, avec notamment Furio Camillo (1839) et surtout Saffo (1840) qui n'a jamais quitté l'affiche.
Pacius (Friedrich, dit Fredrik)
Compositeur finlandais d'origine allemande (Hambourg 1809 – Helsinki 1891).
Arrivé à Helsinki en 1835, il enseigna à l'université de cette ville, y fonda une société chorale et des concerts symphoniques réguliers, et composa sur un livret en suédois le premier opéra finlandais, la Chasse du roi Charles (Helsinki 1852). Considéré comme le fondateur de la musique finlandaise, il est l'auteur de l'hymne national du pays (1843), sur des paroles du poète suédois Runeberg plus tard traduites en finnois.
Paderewski (Ignacy Jan)
Pianiste et compositeur polonais (Kuryðowka, Podolie, 1860 – New York 1941).
Il manifeste des dons précoces qui le font admettre en 1872 au conservatoire de Varsovie. Il y étudie le piano avec Juliusz Janotha, Rudolf Strobl, Jan Sliwinski et Pavel Schlözer, la théorie musicale avec Karol Studzinski, l'harmonie et le contrepoint avec Gustaw Roguski. À peine diplômé, il enseigne lui-même à Vienne de 1878 à 1883, et à Strasbourg en 1885. Il poursuit ses études à Berlin, puis à Vienne avec Friedrich Kiel (1881), Heinrich Urban (1883) et surtout Leschetizky (1884), qui se montrent déjà effrayés par son style peu orthodoxe. Son premier récital important, donné à Paris salle Érard, le 3 mars 1883, marque le début d'une renommée, qui va se répandre dans toute l'Europe et bientôt en Amérique. Il crée aux États-Unis une fondation Paderewski (1896) pour venir en aide aux jeunes compositeurs, et, à Varsovie, deux concours de composition musicale et de théâtre (1898).
De 1889 à 1909, il compose durant les mois d'été la majeure partie de son œuvre, fortement inspirée par le folklore polonais, Danses polonaises, Tatra Album, Fantaisie polonaise pour piano et orchestre, l'opéra Manru, pages d'obédience postromantique. Le virtuose défend un répertoire limité aux grands romantiques comme Chopin, dont il réalise une nouvelle édition, Liszt et Beethoven, préférant le récital au concert avec orchestre, pour lequel il ne joue que neuf concertos différents.
La prestance et l'allure aristocratique de Paderewski entraient pour beaucoup dans la fascination qu'il exerça sur les foules, au même titre que sa technique transcendante et que sa manière très personnelle de résoudre les problèmes de rubato et de pédale, avec comme but premier la fidélité à l'expression, sinon au texte lui-même. Homme d'engagement, il le fut également envers son pays, la Pologne, qu'il servit jusque dans son effondrement de la Seconde Guerre mondiale, jouant pour appeler à sa libération. Ambassadeur à Washington (1918), puis Premier ministre et ministre des Affaires étrangères (1919-20), il représenta son pays ressuscité à la signature du traité de Versailles. Il fut aussi, au début de la Seconde Guerre mondiale, président du gouvernement polonais en exil.
Paer (Ferdinando)
Compositeur italien (Parme 1771 – Paris 1839).
Formé à Parme où il donna à vingt ans un Orphée et Eurydice, il devint maître de chapelle à Venise, puis en 1797 chef d'orchestre du théâtre de la Porte de Carinthie à Vienne ; il occupa diverses responsabilités à Prague et à Dresde avant d'être appelé à Paris par Napoléon en 1807, succédant en 1811 à Spontini à la direction du Théâtre-Italien, poste qu'il dut, en 1826, céder à Rossini dont il avait, dit-on, mal défendu la cause. Décoré de la Légion d'honneur, il fut ensuite nommé directeur de la musique de la Chambre de Louis-Philippe. Alors que les premières œuvres de Paer se rapprochent de celles de Cimarosa, sa découverte des opéras de Mozart, à Vienne, modifia profondément son style (Camilla, ossia Il Sotterraneo, 1799). Sa Leonora (1804) précéda de peu le Fidelio de Beethoven.
Parmi les prédécesseurs de Rossini, Paer se distingue par son cosmopolitisme, son adroite fidélité au bel canto, assortie d'un goût mélodique rare et enrichie d'une harmonie originale et d'une instrumentation assez soignée, fait rare à l'époque parmi ses compatriotes, et dont il est certain qu'il trouva l'inspiration à Paris autant qu'à Vienne : c'est à Paris qu'il donna sa remarquable Agnese en 1809. Plus heureux dans le genre léger que dans le genre sérieux, Paer a néanmoins laissé une œuvre importante pour l'église, de la musique de chambre et des concertos pour piano, orgue, etc. Parmi ses cinquante opéras, on peut noter encore Achille (Vienne, 1801, joué dans toute l'Europe), et son aimable Maître de chapelle (Paris, 1821) dont un acte est demeuré au répertoire.
Paganini (Niccolo)
Violoniste, altiste, guitariste et compositeur italien (Gênes 1782 – Nice 1840).
Il prit ses premières leçons de musique avec son père, mandoliniste amateur, puis étudia avec Servetto, violoniste dans l'orchestre du théâtre de Gênes et avec Costa, maître de chapelle de la cathédrale San Lorenzo. À neuf ans, il fit ses débuts à Gênes en jouant ses variations sur la Carmagnole. Il travailla quelques mois avec Rolla, puis avec Ghiretti, maître de Paer. En 1797, accompagné de son père, il fit une tournée de concerts en Lombardie. De 1801 à 1804, il se consacra à la guitare puis étudia les compositions de Locatelli. Sur quoi il devint à Lucques directeur de la musique de la princesse Bacciochi, sœur de Napoléon (1805-1813). Il rencontra Rossini à Bologne en 1813. De 1828 à 1834, il parcourut l'Europe, suscitant partout l'enthousiasme ; il se rendit successivement à Vienne, où l'empereur le nomma « virtuose de la cour », en Allemagne, Autriche, Bohême, Saxe, Pologne, Bavière, Prusse, et dans les provinces rhénanes. En 1831, il arriva à Paris, où il donna son premier concert à l'Opéra le 9 mars, et où il resta jusqu'en mai. Ayant fait ses débuts à Londres le 3 juin 1831, il resta en Angleterre jusqu'en juin 1832. En janvier 1834 il rencontra Berlioz à qui il demanda d'écrire un solo pour alto ; ainsi naquit Harold en Italie que Paganini cependant ne devait jamais jouer. Le 27 mai 1840, il mourut à Nice où il s'était rendu dans l'espoir de rétablir sa santé.
Bien que n'appartenant pas à leur génération, Paganini a fasciné les artistes romantiques, violonistes, pianistes, compositeurs, peintres ou écrivains : Chopin, Schumann, Liszt, Th. Gautier, Goethe, Heine. Sa silhouette méphistophélique, le halo de mystère qui entoure sa vie, la légende d'un pacte noué avec le diable et sa virtuosité spectaculaire rejoignent un des aspects de l'art romantique, qui veut surprendre. Les mots « prodigieux », « fantastique », « surnaturel » reviennent toujours à son propos sous la plume de ses contemporains. Fétis écrivit par exemple dans la Revue musicale du 12 mars 1831 : « Le violon entre les mains de Paganini n'est plus l'instrument de Tartini ou de Viotti ; c'est quelque chose à part qui a un autre but. » Personnage hoffmannesque, Paganini souleva par son jeu un enthousiasme proche de l'envoûtement. Après l'avoir entendu à Paris en 1832, Liszt se retira pour parfaire une technique pianistique pourtant déjà considérable. Plus d'un siècle après sa mort, il reste le symbole du violoniste virtuose, se jouant des difficultés les plus ardues qu'il crée à son propre usage.
En fait, il n'a pas inventé la technique du violon mais, personnalité dotée d'un extraordinaire pouvoir de synthèse, il réunit en un tout artistique, convenant à la manière de penser et de sentir de la première moitié du XIXe siècle, ce qui avant lui existait déjà dans cette technique. Il donna à celle-ci un nouvel élan, et lui apporta l'épanouissement grâce à son talent créateur formé en dehors de l'académisme des écoles. Il explora les virtualités acrobatiques du violon, exaltant l'instrument, mettant en valeur ses possibilités expressives et ses positions les plus élevées, et usant du démanché avec hardiesse, passant sans transition du registre grave au registre aigu et vice versa ; il fut le premier à utiliser au maximum les ressources de la 4e corde, à laquelle il destina de nombreuses compositions (sonates Maria-Luisa, Napoléon, Militaire, Majestueuse Sonate sentimentale, 3 thèmes variés) ; il pratiqua la scordatura, écrivit de longs passages en chromatisme. Grâce à une extensibilité exceptionnelle de la main, il se joua des extensions les plus périlleuses et donna les premiers exemples de trilles à l'octave et à l'unisson. Il utilisa avec audace le staccato jeté, les doubles, triples, quadruples cordes et les accords, dans des combinaisons réclamant souvent des doigtés délicats, des croisements de doigts ou extensions rendus plus difficiles encore par la rapidité du tempo. Il étendit l'emploi des sons harmoniques, inventa de nouvelles combinaisons, utilisa aux deux mains le pizzicato en traits rapides, en le mêlant aux sons coll'arco, comme accompagnement du chant joué avec l'archet.
Les difficultés techniques de ses œuvres, « point solsticial de la virtuosité » (selon Schumann), et notamment celles des 24 Caprices, ont inspiré de nombreux compositeurs parmi lesquels Schumann, Liszt, Brahms, Rachmaninov, Casella, Castelnuovo-Tedesco, Lutoslawski et Dallapiccola. Paganini a composé uniquement de la musique instrumentale, destinée à ses instruments de prédilection : la guitare, l'alto et surtout le violon, auquel il destina notamment six concertos.