Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
M

Mather (Bruce)

Compositeur canadien (Toronto 1939).

Il a fait ses études musicales à Toronto et à Paris avec Darius Milhaud, Olivier Messiaen et Lazare Lévy, et suivi les cours de direction d'orchestre de Pierre Boulez à Bâle en 1969. Depuis 1966, il enseigne à la faculté de musique de l'université McGill de Montréal. Dans un style résolument néoclassique influencé par Berg et Debussy mais aussi par Scriabine, Delius et Szymanowski, il a écrit notamment Élégie pour saxophone et orchestre à cordes (1959), Orphée pour soprano, piano et percussion, d'après Valéry (1963), Ombres pour orchestre (1967), Musique pour Rouen pour orchestre à cordes (1971), In memoriam Alexandre Uninsky pour piano (1974), Musigny pour grand orchestre (1979-80), Barbaresco pour alto, violoncelle et contrebasse (Metz, 1984), Scherzo pour orchestre (1987). C'est aussi un excellent pianiste.

Mathis (Édith)

Soprano suisse (Lucerne 1936).

Formée aux Conservatoires de Lucerne et de Zurich, elle rencontre Élisabeth Bosshart, qui accompagne sa carrière. En 1956, elle débute au Théâtre de Lucerne en chantant Chérubin dans les Noces de Figaro. Dès 1962, elle est à Salzbourg, Munich et Glyndebourne. Elle s'impose comme une mozartienne, abordant des opéras peu connus comme Bastien et Bastienne, La Finta Giardiniera, La Finta Semplice ou Il Re Pastore. Mais elle est aussi Pamina, Suzanne, Marcelline dans Fidelio, ou Mélisande. De 1961 à 1972, elle intègre la troupe de l'Opéra de Hambourg. En 1980, elle reçoit le titre de Kammersängerin à Munich et se fixe à Londres. Son style sobre et limpide fait merveille dans les cantates baroques et les mélodies romantiques. En 1986, elle chante des lieder de Mozart et, en 1990, grave Kleider machen Leute de Zemlinski. En 1994, elle aborde les lieder de Schubert et Brahms, tout en continuant à interpréter la musique religieuse de Mozart.

matines

Première partie de l'office de nuit, suivie par les laudes, et se divisant elle-même en 3 nocturnes. Chacun de ceux-ci comportait principalement une lecture chantée collective de psaumes avec antiennes et la lecture psalmodiée par un lecteur soliste de « leçons », translittération du mot latin lectio (« lecture »), coupée de répons, en nombre variable selon les cas. L'office se terminait par le chant d'un hymne et par le Te Deum (que l'on retrouve dans les drames liturgiques chantés à ce moment de l'office).

   Dans le bréviaire séculier, l'office de matines, très abrégé, se lisait sans obligation horaire. La récente réforme liturgique ne laisse plus grand-chose de l'office traditionnel.

Matsudaira Yoritsune

Compositeur et pianiste japonais (Tokyo 1907 – id. 2001).

Après avoir étudié la littérature française, ainsi que la composition avec Kosuke Komatsu (et, plus tard, avec Alexandre Tcherepnine), il passe par une période néoclassique et debussyste, qu'illustre une œuvre comme Pastorale (1935). Ses Chants populaires de Nanbu (1928-1936), pour voix et piano, obtiennent en 1936 un prix de composition. Il commence à s'intéresser à l'ancienne musique de cour japonaise, le gagaku. En 1937, il entre dans l'équipe de direction de la Société japonaise de musique contemporaine. Ses œuvres d'après la Seconde Guerre mondiale proposent une synthèse de la technique d'écriture sérielle avec le style du gagaku, par exemple dans Thème et Variations (1951) pour piano et orchestre, ou dans Métamorphoses sur le thème Sabaira (1953) pour soprano et orchestre de chambre. La Société internationale de musique contemporaine (I.S.C.M.) diffuse ses œuvres en Occident, faisant de lui le premier compositeur japonais connu dans les cercles d'avant-garde occidentaux, et son œuvre Dialogue chorégraphique, pour quintette à vent, harpe, 2 pianos et percussions, est créée au festival de Royan en 1967. Ses œuvres tardives intègrent les techniques aléatoires, mais le gagaku demeure pour son écriture une référence esthétique et stylistique, par exemple dans Junkansuru gakusho (1971) pour 2 orchestres de chambre.

Mattheson (Johann)

Compositeur et théoricien allemand (Hambourg 1681 – id. 1764).

Organiste dès l'âge de neuf ans, il bénéficia d'une très solide éducation, et se produisit comme chanteur (1696), puis comme chef d'orchestre et compositeur (1699) à l'Opéra de sa ville natale, où en 1703 il fit la connaissance de Haendel, qu'il faillit tuer en duel. Secrétaire de l'ambassadeur britannique à Hambourg (1706), directeur de la musique à la cathédrale (1718-1725), maître de chapelle du duc de Holstein (1719), il composa à cette époque beaucoup d'œuvres pour la plupart restées manuscrites : 6 opéras, plusieurs oratorios, des cantates, 12 sonates à 2 et 3 flûtes sans basse (Amsterdam, 1708), suites pour clavecin (Londres, 1714). Dans son Manuel du parfait organiste (1719), il employa les 24 tonalités majeures et mineures, annonçant par là le Clavier bien tempéré de Bach. En 1728, une complète surdité, dont les premiers signes s'étaient manifestés dès 1705, l'obligea à se retirer de la vie publique. Il se consacra alors à des écrits théoriques qui le font apparaître comme une sorte de pape dans les affaires musicales de son temps tout en constituant en quelque sorte le point de départ de la musicologie allemande. Son esprit vif et belliqueux et sa plume acérée, mais aussi ses attaches avec les goûts plutôt conservateurs de l'Allemagne du Nord se manifestent notamment dans ses deux principaux écrits : le Parfait Maître de chapelle (Der Vollmommene Kapellmeister, Das ist Gründliche Anzeige aller derjenigen Sachen, die einer wissen… muss, der einer Capelle… vorstehen will, 1739 ; rééd., 1954), et Fondement d'un arc de triomphe (Grundlage einer Ehren-Pforte, 1740 ; rééd., 1769), source inépuisable de renseignements biographiques sur les musiciens. Il signa près de 120 ouvrages littéraires, parmi lesquels, en 1761, une traduction commentée de la biographie (parue sans nom d'auteur) de Haendel par Mainwaring (rééd., 1976).

Matthus (Siegfried)

Compositeur allemand (Mallenuppen 1934).

Il est l'une des plus éminentes personnalités du monde musical de la République démocratique allemande. Élève de R. Wagner-Regeny et de H. Eisler, il travaille à l'Opéra-Comique de Berlin, où il connaît le succès avec ses premiers opéras : Lazarillo von Tormes (1963-64 ; création, 1964), Der Letzte Schuss (1967) et Noch Ein Löffel Gift, Liebling ? (1971 ; création, 1972), charmante comédie policière. Adepte des techniques d'écriture sérielles, comme dans Inventionen pour orchestre (1964), il s'intéresse également aux possibilités offertes par les procédés électroacoustiques, par exemple dans Galilei, pour 1 voix, 5 instruments et bande (1966). Il a écrit pour la scène et pour la télévision. Parmi ses œuvres récentes, les opéras Weise von Liebe und Tod des Cornets Christoph Rilke (Dresde, 1985) et Graf Mirabeau (1989), Windspiele pour trio à cordes (1995), Blow Out, concerto pour orgue et orchestre (1995).