Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
W

Weissenberg (Alexis)

Pianiste bulgare naturalisé français (Sofia 1929).

Il est d'abord l'élève de Pantcho Wladigerow et apprend aussi la composition. En 1943, il entre au Conservatoire de Jérusalem pour y étudier le piano auprès du professeur Schröder. Il se perfectionne ensuite avec Olga Samarov à la Juilliard School de New York. Prix Leventritt en 1947 et, la même année, 1er Prix de la Youth Competition de l'Orchestre de Philadelphie, il donne ses premiers concerts aux États-Unis, puis en Europe et dans le monde entier. Sous la direction de grands chefs d'orchestre, dont Karajan, il se produit en récital ou en concerto sur les scènes internationales, proposant en particulier des interprétations remarquées des œuvres de J. S. Bach (dont un certain nombre de transcriptions pour le piano), qui assument la modernité de l'instrument, dans une approche dépouillée, parfois austère. Le caractère méditatif de son jeu est une constante de son approche du piano, et presque un signe distinctif. Parallèlement à son activité de concertiste, il enseigne et compose.

Welin (Karl Erik)

Compositeur, organiste, pianiste et pédagogue suédois (Genarp 1934 – Majorque 1992).

Il est le représentant de l'avant-garde sous toutes ses formes. Personnalité éclectique et parfois déroutante, il est presque aussi important comme interprète, notamment d'œuvres qu'il suscite et commande, que comme compositeur. Son œuvre comprend de nombreuses pièces pour petits ensembles instrumentaux (Pereo pour cordes, et Warum nicht, 1964 ; Etwas für… pour quintette à vent, 1967 ; Eigentlich nicht pour cordes, Hommage à… et Improvisation pour orgue, 1967 ; PC 139, 1969-70 ; Recidivans, 1972 ; Reciduo pour quatuor à cordes, 1974), mais aussi vocales (Dummerjöns, d'après H. C. Andersen, 1966 ; Ett svenskt rekviem sur un texte de C. von Linné, 1976).

Weller (Walter)

Violoniste et chef d'orchestre autrichien (Vienne 1939).

Il étudie le violon à la Hochschule für Musik de Vienne avec Moravec et Samolyl et, en 1956, intègre la Philharmonie de Vienne où son père est violoniste. De 1958 à 1971, il anime le Quatuor Weller : ses interprétations des quatuors de Haydn sont des modèles de précision et d'humour. En 1961, il est premier violon de la Philharmonie et de l'Opéra de Vienne. En 1966, il prend conseil auprès de Joseph Krips et de Georges Szell, et, en 1968, débute comme chef d'orchestre. Sa carrière est brillante, à Vienne et à Londres. De 1977 à 1980, il dirige la Philharmonie de Liverpool, et celle de Londres de 1980 à 1985. En 1989, il dirige le Vaisseau fantôme à la Scala, et est invité en Espagne et en Écosse. Chef aussi inspiré qu'il avait été un violoniste génial, il est nommé en 1994 à la tête de l'Orchestre symphonique et de l'Opéra de Bâle.

Wellesz (Egon Joseph)

Compositeur, pédagogue et musicologue autrichien (Vienne 1885 – Oxford 1974).

Il commença des études de droit qu'il abandonna bientôt, et prit des leçons privées de piano et d'harmonie (Carl Frühling) en même temps que de musicologie (Guido Adler). Les représentations dirigées par Mahler à l'Opéra de Vienne confirmèrent sa vocation. En 1904, il rencontra Schönberg, qui lui enseigna le contrepoint pendant deux ans. Il passa son doctorat de musicologie avec deux thèses brillantes sur Giuseppe Bonno (1908) et Francesco Cavalli (1913).

   Après avoir enseigné l'histoire de la musique au Nouveau Conservatoire de Vienne (1911-1915), il se spécialisa dans l'étude des musiques de l'Orient chrétien. Devenu professeur à l'université de Vienne (1929-1938), il se consacra avec succès au déchiffrement de l'écriture musicale byzantine, fondant en 1932 l'Institut de musique byzantine de la Bibliothèque nationale de Vienne. À Londres, où il émigra en 1938, il donna des cours au Royal College of Music, puis à l'université de Cambridge, avant d'être nommé, l'année suivante, conférencier sur la musique byzantine et professeur à Oxford, postes qu'il devait occuper jusqu'en 1956. Invité à plusieurs reprises à donner des cours aux États-Unis (Princeton et Dumbarton Oaks), il écrivit de nombreuses études sur la musique byzantine et devint le rédacteur en chef de deux volumes de la New Oxford History of Music (1953).

   Comme compositeur, il a été fortement influencé par Mahler, et plus encore par Schönberg, dont il fut le premier biographe (Vienne, 1921 ; trad. angl. 1924 ; réimpr. 1969), mais sa connaissance approfondie des musiques religieuses proche-orientales a laissé également des traces évidentes dans sa musique. Son œuvre très abondante (plus de cent numéros d'opus) aborde tous les genres. Membre très actif du comité directeur de la S. I. M. C., il a énergiquement contribué à sa renaissance après 1945.

   On lui doit notamment le ballet Das Wunder der Diana (1924), les opéras Die Prinzessin Girnara (1921, rév. 1928), Alkestis (1924) et Incognita (1951), des œuvres vocales, de la musique de chambre dont neuf quatuors à cordes (1911-12 à 1966), et de la musique d'orchestre dont neuf symphonies (1945 à 1971).

Wenzinger (August)

Violoncelliste et gambiste suisse (Bâle 1905 – id. 1996).

De 1915 à 1927, il étudie au Conservatoire de Bâle, et s'intéresse au jeu de la viole de gambe dès 1925. Élève d'Emmanuel Feuermann à Berlin, il est de 1929 à 1934 violoncelle solo de l'Orchestre de Brême. Il se fait connaître grâce au Cercle de musique de chambre Scheck-Wenzinger, premier ensemble baroque à avoir joué sur instruments d'époque, et dirige l'ensemble Kabeler Kammermusik à Hagen (Westphalie). En 1934, il fonde avec Paul Sacher la Schola cantorum basiliensis. Jusqu'en 1970, il y enseigne à la fois la viole et le violoncelle, et anime un quatuor de gambes. De 1945 à 1958, il dirige la Cappella colonisiensis. Auteur d'une méthode de viole et de nombreux ouvrages sur la musique ancienne, il est un pionnier : sa démarche a inspiré tout le renouveau de l'interprétation baroque des années 1960. Il enseigne aussi à Hanovre et Hambourg et, de 1972 à 1989, dirige l'Institut international baroque d'Oberlin, dans l'Ohio.