Bořkovec (Pavel)
Compositeur tchèque (Prague 1894 – id. 1972).
Il prit d'abord des leçons particulières de composition avec Josef Bohuslav Foerster et Jaroslav Křička. De 1925 à 1927, il fut, au conservatoire de Prague, l'élève de Josef Suk, qui l'éveilla au postromantisme. Sous cette influence, il écrivit le poème symphonique Stmívání et sa 1re symphonie (1926-27). Après avoir sacrifié à la mode et s'être placé dans le sillage de Stravinski et Honegger, il évolua vers un style vigoureux, s'apparentant au Hindemith didactique, avec son concerto grosso (1941-42), son 2e concerto pour piano (1949-50) et ses deux derniers quatuors à cordes (1947 et 1961). Deux autres symphonies (1955 et 1959) témoignent de son goût pour la construction classique alliée à des recherches polytonales et fondée sur un solide métier de contrapontiste rythmique. De 1946 à 1964, il enseigna au conservatoire de Prague et forma une grande partie de l'école musicale tchèque actuelle.
Il a laissé des œuvres pour piano, 5 quatuors à cordes, des sonates, 3 symphonies, 4 concertos, le ballet Krysař (Le preneur de rats joue de la flûte, 1939), deux opéras, Satyr (le Satyre, 1937-38) et Paleček (Tom Pouce, 1945-1947), des mélodies, des chœurs, des madrigaux.
Borodine (Aleksandr Porfirievitch)
Compositeur russe (Saint-Pétersbourg 1833 – id. 1887).
« Je suis un musicien du dimanche », affirma Borodine lui-même. De fait, la musique resta toujours une occupation secondaire pour ce fils naturel du prince Lucas Guedeanov, qui fit sa carrière comme professeur de chimie à l'Académie militaire de médecine. Peut-être cela explique-t-il le caractère restreint de sa production et la lenteur de son rythme de travail. Borodine reçut des leçons de flûte, violoncelle, hautbois et, surtout, des leçons de piano de sa mère. S'étant lié d'amitié avec Moussorgski et Balakirev, en 1862, il participa à la constitution du groupe des Cinq. Tout en partageant les idées fondamentales du groupe, il se montra moins hostile que ses condisciples à l'emprise germanique sur la musique russe.
« Je suis moi-même, de nature, un lyrique et un symphoniste. Je suis attiré par les formes symphoniques. » Balakirev l'encouragea, d'ailleurs, dans cette voie de la musique pure (1re symphonie, 1862-1867). Liszt, qui considérait la musique russe comme le seul courant de vitalité depuis le Parsifal de Wagner, en fit l'éloge. La 2e symphonie (1869-1876), menée de pair avec le Prince Igor, reflète l'influence de cet opéra. Vraie symphonie héroïque russe, elle symbolise le rôle historique que Borodine a joué : une synthèse entre la Russie et l'Occident par un mélange des sources populaires et des formes classiques ou romantiques européennes. Malgré la lenteur avec laquelle cette œuvre a été élaborée, l'inspiration en est d'une richesse et d'une aisance étonnantes et les mélodies naissent spontanément. N'a-t-on pas dit qu'il y a dans le Prince Igor la matière d'au moins cinq opéras ? Commencée en 1869, l'œuvre demeura inachevée à sa mort et fut terminée par Rimski-Korsakov et Glazounov.
Le compositeur crée deux univers différents, l'un russe celui d'Igor , avec ses thèmes francs et diatoniques, l'autre oriental celui de Kontchak , avec son chromatisme, par exemple les Danses polovtsiennes ou la cavatine de Kontchakovna. Il préfère les formes italiennes traditionnelles (revues par Glinka) au style récitatif de Moussorgski. Le souci de la ligne générale l'emporte sur les détails. La voix occupe la première place, l'orchestre la seconde.
En 1880, Borodine contribua à fêter les vingt-cinq ans de règne d'Alexandre III avec Dans les steppes de l'Asie centrale, mais ses sentiments politiques étaient ambigus. Son libéralisme donna la clé d'un certain nombre de ses mélodies, telles que la Princesse endormie, Chanson dans la forêt sombre, la Mer, dont la vraie lecture est parabolique.
L'écriture de Borodine souligne son attachement à la simplicité de la ligne mélodique, à la légèreté et à l'agilité du contrepoint, à la clarté d'une harmonie riche en modulations. Le 2e quatuor, la 2e symphonie, à l'orchestration singulièrement audacieuse, connaissent une juste célébrité.
Borrel (Eugène)
Musicologue français (Libourne 1876 – Paris 1962).
Élève de Vincent d'Indy, il fonda en 1909, avec Félix Raugel, la Société Haendel, dont l'activité fut grande entre 1909 et 1913. Borrel réédita des œuvres de musique ancienne pour le violon, instrument dont il jouait lui-même et qu'il enseigna à la Schola cantorum. Ses recherches portèrent principalement sur les maîtres français des XVIIe et XVIIIe s., comme l'indiquent les titres de ses principaux écrits : l'Interprétation de la musique française de Lully à la Révolution (Paris, 1934 ; rééd. Paris, 1977) ; Jean-Baptiste Lully (Paris, 1949).
Bortnianski (Dimitri)
Compositeur ukrainien (Gloukhovo, Ukraine, 1751 – Saint-Pétersbourg 1825).
Choriste à la chapelle impériale, il travailla à Saint-Pétersbourg avec Baldassare Galuppi (1765-1768) et suivit ce dernier à Venise. Il se perfectionna aussi à Bologne avec le padre Martini, puis à Rome et à Naples. Il rentra en Russie en 1779, et fut nommé directeur de la chapelle impériale de Paul Ier en 1796. Il composa des œuvres pour la scène, puis se consacra à la musique religieuse. Il préconisa une étude attentive des chants neumatiques des XIIe et XIIIe s., qui devaient, selon lui, « contribuer à la naissance d'un style nouveau, d'une école foncièrement russe ». C'était là un langage neuf, qui annonçait étrangement les théories de Glinka. Tchaïkovski étudia les partitions de Bortnianski et en dirigea la réédition. Les œuvres vocales (mélodies religieuses à 3 ou 4 voix, psaumes orthodoxes, 35 concerts à 4 voix, 10 concerts pour 2 chœurs, une messe, etc.) remplissent 10 volumes et furent publiées, à Moscou, aux alentours de 1880. Bortnianski écrivit aussi 3 opéras tous trois créés en Italie , 4 opéras-comiques de style français, des sonates et une symphonie.
Börtz (Daniel)
Compositeur suédois (Hässelholm 1943).
Élève de H. Rosenberg et de K.-B. Blomdahl, il effectue des voyages d'études en Allemagne, France, Italie et Hollande (musique électronique à Utrecht avec M. Kœnig). Börtz se distingue par son intérêt pour les idées philosophiques nées de Hesse et de Kafka et pour les prolongements du mouvement musical né avec Mahler et Bruckner ; sa Kafka-Trilogi (1966-1968, 1968 et 1969), les opéras Landskab med flod (1972) tiré de Siddharta de Hesse, et Baccgabterna (1988-1990), en témoignent talentueusement.