Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
H

Hogwood (Christopher)

Claveciniste et chef d'orchestre anglais (Nottingham 1941).

Il fait ses études musicales à Cambridge auprès de Thurston Dart puis avec Raymond Leppard, Rafael Puyana et Gustav Leonhardt. Après une année d'études à l'Académie de musique de Prague, il rencontre David Munrow et se produit comme claveciniste au sein de l'Early Music Consort of London. En 1973, il crée et commence à diriger l'Academy of Ancient Music, qui se consacre aux répertoires baroque et classique. Avec cet ensemble, il réalise de nombreux enregistrements : Purcell (notamment les musiques de scène), Locke, Byrd, l'intégrale des symphonies de Mozart et (en cours) de Haydn. De 1983 à 1985, il dirige le London Mostly Mozart Festival au Barbican Center de Londres. Il prend en 1986 la direction artistique de la Haendel and Haydn Society of Boston et dirige entre 1988 et 1992 l'orchestre de chambre de Saint Paul, dans le Minnesota. Il est l'auteur d'écrits musicologiques et a participé à l'édition de partitions telles que les Sonates pour clavier de J. C. Bach. Ses enregistrements à la tête de l'Academy of Ancient Music ont reçu plusieurs grands prix du disque (Académie Charles-Cros, Award du Gramophone Magazin et Mozart-Gemeinde de Vienne).

Holborne (Antony)

Luthiste et compositeur anglais ( ? v. 1550 – ? 1602).

On ne connaît pratiquement rien de sa vie, si ce n'est qu'il vécut à la cour d'Élisabeth Ire et que John Dowland lui dédia un de ses plus beaux ayres : I saw my lady weep (Second Book of Songs, 1600). Le seul air de Holborne que l'on possède (My heavy sprite, oppress'd with sorrow's might) figure dans le recueil collectif de Robert Dowland, A Musicall Banquet (1610). The Cittharn Schoole (1597) comprend trente-deux pièces pour cistre solo, des duos pour cistre et basse de viole, et deux quatuors. Un autre recueil, particulièrement intéressant, renferme soixante-cinq danses à 5 parties ; publié par W. Barley à Londres en 1599, il contient des Pavans, Galliards, Almains and other short Aeirs… for Viols, Violins, or other Musicall Winde Instruments avec des titres évocateurs tels que Last will and testament ou Coranto Heigh-ho.

Höller (York)

Compositeur allemand (Leverkusen 1944).

D'abord autodidacte, il s'oriente ensuite vers la composition : ses premiers essais sont marqués par Bartók, Stravinski et Hindemith. De 1963 à 1968, il poursuit ses études à l'École supérieure de musique de Cologne (Kölner Musikchochschule) : composition chez B. A. Zimmermann, musique électronique chez H. Eimert, piano chez Alfons Kontarsky et E. Schmitz-Göhr, direction d'orchestre chez W. v. d. Nahmer. Parallèlement, il étudie la philosophie et la musicologie à l'université de Cologne. Ses œuvres des années 60 et 70, exclusivement pour ensembles de chambre, sont directement inspirées par la deuxième école de Vienne ainsi que par les théories et les pratiques de Boulez, de Stockhausen et de Zimmermann. Particulièrement intéressé par les problèmes de communication, Höller a écrit une thèse : Étude critique de la technique sérielle de composition (1967). Après le succès de sa pièce orchestrale Topic (1967) à Darmstadt en 1970, il est invité par K. Stockhausen à travailler au studio électronique de la WDR (1971-72). En 1972, il réalise un projet audiovisuel à l'occasion du centenaire de Scriabine lors du festival de musique contemporaine à Donaueschingen. Dans ses œuvres, il poursuit l'interaction des domaines acoustique et électronique, ainsi que l'intégration des technologies les plus avancées à la création musicale, et il attribue une importance considérable à la live-electronic. Invité à l'I. R. C. A. M., il y continue sa recherche dans le domaine de la technologie digitale en réalisant Arcus (1978), commande de l'I. R. C. A. M., pour orchestre de chambre et instruments avec transformation électronique sur bande, où un programme d'ordinateur définit la transformation électronique des sons instrumentaux enregistrés.

   Höller vit à Cologne et enseigne l'analyse et la théorie musicale à l'École supérieure de musique. Il dirige depuis 1990 le nouveau studio de musique électronique de la radio de Cologne. En 1989 est créé à Paris l'opéra le Maître et Marguerite. Ont suivi Requiem pour piano, orchestre et électronique (1990-1991), Aura pour orchestre (1991-1992).

Holliger (Heinz)

Compositeur et hautboïste suisse (Langenthal, canton de Berne, 1939).

Connu d'abord comme instrumentiste virtuose, il compte actuellement parmi les compositeurs les plus importants de sa génération. Après des études musicales à Berne (composition, hautbois, piano), il s'est perfectionné à Paris avec Yvonne Lefébure (piano) et Pierre Pierlot (hautbois), et a suivi les cours de composition de Pierre Boulez à Bâle. Il a obtenu en 1959 le premier prix pour le hautbois du Concours international de Genève et en 1960 le prix de l'Union des compositeurs suisses. Depuis 1961, il exerce une intense activité de soliste et a enregistré de nombreux ouvrages classiques et contemporains. Installé à Bâle, il enseigne à l'École supérieure de musique de Fribourg-en-Brisgau. Ses œuvres sont explicitement marquées par son expérience d'instrumentiste, et il s'est spécialement attaché à l'élargissement des possibilités techniques et sonores des instruments. Dans Pneuma pour vents, percussion, orgue et radio (1970), les effectifs mis en jeu sont considérés comme « un poumon énorme qui respire », les instruments comme « la bouche qui articule les bruits de souffle » (Holliger). Les modalités inhabituelles du jeu instrumental, l'utilisation des multiphoniques et des bruits de souffle, la décomposition de la matière verbale et la composition des bruits-sons articulatoires dans les œuvres à textes (de G. Trakl, N. Sachs, A. X. Gwerder, P. Celan, S. Beckett), puis l'intégration du geste et du fonctionnement corporel à l'œuvre devenue pièce de théâtre instrumental (cf. Cardiophonie pour instrument à vent et 3 magnétophones, 1971) sont toujours élaborées selon des projets formels cohérents. L'extension de l'univers sonore acoustique (Atembogen pour orchestre, 1974-75) et électronique (Pas moi, 1980) inclut chez Holliger l'élaboration de textures sonores complexes et de structures formelles d'inspiration sérielle.

   On lui doit notamment : Drei Liebeslieder pour voix d'alto et orchestre (1960) ; Elis, trois morceaux nocturnes pour piano (1961 ; rév., 1966) ; Erde und Himmel, petite cantate sur des textes d'Alexandre Xaver Gwerder (1963) ; Mobile pour hautbois et harpe (1962) ; Quatre Miniatures pour soprano, hautbois d'amour, célesta et harpe (1962-63) ; Elis, version pour orchestre (1963 ; 2e vers., 1973) ; Der Magische Tänzer, deux scènes pour 2 chanteurs, 2 acteurs, 2 danseurs, chœur, orchestre et bande (1963-1965) ; Trio pour hautbois, alto et harpe (1966) ; Siebengesang pour hautbois, orchestre, 7 ou 21 voix de femmes et haut-parleurs (1966-67) ; Dona nobis pacem pour 12 voix a cappella (1970) ; Psalm pour chœur mixte a cappella sur un texte de P. Celan (1971) ; Lied pour flûte seule (1971) ; Streichquartett (quatuor à cordes, 1973) ; Die Jahreszeiten, quatre lieder pour chœur mixte a cappella d'après Hölderlin (1975) ; un spectacle musical réalisé pour l'I. R. C. A. M. en 1980, composé de Va et vient pour 9 voix et 9 instruments sur des textes de S. Beckett et de Pas moi pour soprano et bande sur un texte de S. Beckett ; Scuardanelli-Zyklus pour flûte, chœur mixte, orchestre et bande (Donaueschingen, 1985) ; Gesänge der Frühe pour chœur, orchestre et bande (1987) ; Jisei pour 4 voix et cloches (1988) ; What Where, opéra de chambre d'après S. Beckett (1989), le cycle de mélodies Beiseit (1990), un Concerto pour violon (1995).