Glyndebourne
Manoir élisabéthain du Sussex, près de Lewes (Grande-Bretagne), où se déroule chaque été un festival d'art lyrique, depuis 1934 (à l'exception des années de la guerre).
Le fondateur John Christie, époux de la soprano Audrey Mildmay, fit construire un théâtre jouxtant la demeure dont il avait hérité. Les premières représentations, en mai 1934, furent réalisées pendant quinze jours avec une scène étroite, mais bien équipée (elle allait être agrandie en 1938), et une salle de 300 spectateurs. En 1937, celle-ci fut portée à 600 spectateurs, et, en 1953, le théâtre atteignit 750 places. Le festival, à l'origine consacré à Mozart, s'ouvrit avec les Noces de Figaro et Così fan tutte. En 1936, Glyndebourne présentait ses productions de Così, les Noces, la Flûte enchantée, Don Juan et l'Enlèvement au sérail. 1938 vit l'accession de Verdi avec Macbeth et de Donizetti avec Don Pasquale. En 1946, avec l'English Opera Group, c'était la première mondiale du Viol de Lucrèce de Britten. 1947 vit celle d'Albert Herring, également de Britten, ainsi que l'Orfeo de Gluck avec Kathleen Ferrier. Citons encore les productions du Rake's Progress de Stravinski, de l'Ormindo ou de la Calisto de Cavalli. Les opéras, toujours chantés dans leur langue d'origine, sont l'objet d'un grand soin dans le choix des interprètes, souvent jeunes, mais d'une grande vraisemblance dramatique. Fritz Busch et Carl Ebert, chef et metteur en scène, eurent pour successeurs Vittorio Gui, John Pritchard et Bernard Haitink pour le premier, et Günther Rennert pour le second. Glyndebourne, au cœur de ses jardins et de ses prés, cultive une tradition où les joies de la musique se doublent de celles de la campagne : un festival dans le vrai sens du terme. Une nouvelle salle a été inaugurée en 1994.
Gnessine (Mikhaïl Fabianovitch)
Compositeur soviétique (Rostov-sur-le-Don 1883 – Moscou 1957).
En 1901, il entra au conservatoire de Saint-Pétersbourg dans les classes de Rimski-Korsakov, de Liadov et de Glazounov. Il s'est intéressé très tôt au langage harmonique de Mahler et aux différentes musiques orientales. Attiré, d'autre part, par les recherches du metteur en scène Meyerhold tendant à recréer le théâtre à l'antique, il travailla avec lui en 1912-1914, faisant un cours de déclamation musicale et écrivant des chœurs pour Antigone et Œdipe roi de Sophocle. Il enseigna la composition, à partir de 1923, à l'École de musique fondée par sa sœur Elena à Moscou en 1895, puis de 1925 à 1935 au conservatoire de Moscou, de 1935 à 1944 à celui de Leningrad, et de 1944 à 1951 au nouvel institut Gnessine. Fils d'un rabbin, il a écrit des œuvres sur des sujets bibliques et a introduit dans la musique russe la musique traditionnelle juive (Variations sur un thème populaire israélite, 1917 ; Pages du Cantique des cantiques, 1919 ; Chansons israélites sur des textes en yiddisch, 1923-1926 ; Orchestre israélite au bal du gouverneur, 1926). En 1921-1923, il a séjourné en Palestine où il a composé son opéra la Jeunesse d'Abraham. À partir de 1926, les thèmes officiels soviétiques sont venus s'ajouter dans son œuvre aux thèmes orientaux et israélites. Il a chanté avec force les révolutions et la puissance de l'U. R. S. S. dans le Monument symphonique 1905-1917 (1925-26), et l'Armée rouge (1943). Puisant dans les folklores des peuples de l'U. R. S. S., il a écrit Chants populaires de l'Azerbaïdjan pour quatuor, Adyghée pour sextuor, Cinq Chants des peuples de l'U.R.S.S. pour piano à quatre mains. Parmi ses nombreux élèves, il faut citer A. Khatchaturian et T. Khrennikov.
Gobbi (Tito)
Baryton italien (Bassano del Grappa 1913 – Rome 1984).
Il fit des études de droit avant de se consacrer au chant, et débuta à Rome, en 1937, dans le rôle de Germont (La Traviata). Le succès de sa carrière est dû à ses dons d'acteur et à son intelligence musicale, plus encore qu'à ses capacités vocales. Son timbre sombre et corsé est sans doute plus remarquable par les effets qu'il sait en tirer que par sa beauté intrinsèque. Son répertoire, très vaste, comprend une centaine d'opéras. Tragédien impressionnant, Gobbi s'est surtout illustré dans les grands rôles de Verdi : Rigoletto, Macbeth, Boccanegra, Iago, mais aussi dans le Wozzeck de Berg. Il a chanté dans le monde entier, a enregistré de nombreux disques, et tourné dans vingt-six films.
Godard (Benjamin)
Violoniste et compositeur français (Paris 1849 – Cannes 1895).
Il travailla le violon avec Richard Hammer, puis entra au Conservatoire de Paris dans les classes de Vieuxtemps (violon) et de Reber (composition). Il concourut vainement pour le prix de Rome. Il joua, comme violoniste ou altiste, dans différents ensembles de musique de chambre. Compositeur, il écrivit de nombreuses pages pour violon, pour piano (24 Études), des mélodies, des œuvres symphoniques (Symphonie gothique, 1883 ; Symphonie orientale, 1884 ; Symphonie légendaire, 1886), et huit opéras qui ne s'imposèrent guère sauf le dernier, la Vivandière (1895), à l'orchestration terminée par Paul Vidal. Musicien distingué, toujours satisfait de lui-même, mais ne s'attardant guère à parachever ses compositions, il fut cependant assez populaire de son temps. En 1887, il fut nommé professeur de la classe d'ensemble instrumental au Conservatoire. On lui doit une orchestration des Scènes d'enfant de Schumann. Phtisique, il se retira en 1892 sur la Côte d'Azur où il mourut. De nos jours, on ne se souvient que de son opéra Jocelyn (1888).
Godowski (Leopold)
Compositeur et pianiste américain, d'origine polonaise (Wilno 1870 – New York 1938).
Il fait ses études à l'École de musique de Berlin avec Bargiel et Rudorff. Après une première tournée en tant que pianiste (1884), il étudie la composition à Paris avec Saint-Saëns en 1886, et effectue de nombreuses tournées en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Godowski enseigne le piano au conservatoire de Chicago de 1890 à 1900, puis à l'Akademie der Tonkunst de Vienne en 1909, et s'installe définitivement aux États-Unis en 1914. Il a composé essentiellement des œuvres de musique de chambre et des études de concert dans un style néoclassique (Renaissance, Triakontameron, Walzermasken), ainsi que des transcriptions d'œuvres de Chopin et de Strauss (Symphonic Metamorphoses on Johann Strauss's Waltzes). Il est également l'auteur de plusieurs ouvrages didactiques, dont The Progressive Series of Piano Lessons.