Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
W

Willaert (Adriaan)

Compositeur flamand (Bruges ? v. 1490 - Venise 1562).

Il reçut à Paris l'enseignement de J. Mouton après avoir, semble-t-il, abandonné des études juridiques. Le milieu musical parisien le marqua d'ailleurs profondément (choix des textes, stylistique). Mais c'est en Italie qu'il devait faire carrière : à la cour de Ferrare (1522) et à Milan (1525-1527) comme chantre, puis à Venise (1527), où, pendant trente ans, il occupa le poste de maître de chapelle à Saint-Marc. Il fut le véritable fondateur de l'école de Venise par sa personnalité et ses œuvres, par son enseignement et par la qualité de ses disciples : Cyprien de Rore, son successeur à Saint-Marc, A. Gabrieli, Mesulo, Porta, les théoriciens Zarlino et Vicentino.Ces deux derniers ont fort bien mis en relief son apport en écrivant sous son influence, le premier les Istitutioni harmoniche (1558), l'une des bases de l'enseignement du contrepoint pendant plus d'un siècle, et le second L'Antica Musica (1555), où sont soulignées les possibilités de l'expression et du chromatisme.

   L'originalité de Willaert et de l'école vénitienne à sa suite est, en effet, d'avoir su faire fusionner l'héritage de la polyphonie nordique et les ressources de l'expression, de la couleur. Dans ses motets (350), Willaert utilise très tard la technique du cantus firmus et les procédés du canon, mais dès le motet à six voix Verbum bonum et suave (1519), il sait trouver des phrases courtes et une sobriété pleine de vigueur, et par-delà sa science des enchaînements de période, fait preuve d'un certain sens de l'harmonie. Les messes soulignent bien que son dessein fut de dépasser les maîtres franco-flamands par la clarté et par la recherche d'un « certain plaisir à surprendre l'oreille », ce qui se traduit notamment par l'usage de retards. Ce n'est pas sans raison que l'Arétin, qui exigeait de la musique une « volupté immédiate », le surnomma le « père de la musique ».

   Dans un esprit de rénovation et de diversification, il introduisit également des procédés français : d'où un souci des mots et de leur sonorité. Il n'inventa pas le double chœur, mais sut admirablement en tirer parti (cf. Salmi spezzati, 8 v., 1550).

   Willaert est avec Festa, Arcadelt, Verdelot, l'un des créateurs du madrigal. Ses premiers madrigaux sont encore très proches de la frottola. Mais son art devint, plus tard, extrêmement savant et raffiné sur le plan sonore et expressif, sans renoncer pour autant au contrepoint.

   Certains ont pu lui reprocher un manque de véritable émotion, mais ses contemporains ont su reconnaître la justesse de sa déclamation, la clarté et l'audace de son harmonie. La fusion qu'il opéra des styles des pays du Nord et de l'art italien représente un tournant important dans l'histoire de la musique.

Williams (John)

Guitariste australien (Melbourne 1942).

Il commence l'étude de la guitare avec son père. Après l'installation de sa famille en Angleterre en 1952, il travaille avec A. Segovia. De 1956 à 1959, il étudie le piano, l'harmonie et l'histoire de la musique au Royal College of Music de Londres. Dès l'âge de seize ans, il commence une brillante carrière, qui devient rapidement internationale. En récital soliste et en formation de musique de chambre, il se produit dans un répertoire qui inclut le jazz, la création contemporaine et la musique pop (en particulier avec l'ensemble qu'il a créé : The Height Below). De 1960 à 1973, il enseigne au Royal College of Music de Londres et dirige à partir de 1984 plusieurs festivals en Angleterre et en Australie.

Williamson (Malcolm)

Compositeur australien (Sydney 1931 – Cambridge, Angleterre, 2003).

Il a étudié au conservatoire de sa ville natale avec Eugene Goosens, puis à Londres avec Élisabeth Lutyens (1950). Fixé dans la capitale britannique depuis 1953, il est devenu Master of the Queen's Music en 1975, succédant à ce poste à sir Arthur Bliss. Il a écrit notamment des opéras, parmi lesquels Our Man in Havana, d'après Graham Greene (1963), English Eccentrics, d'après Edith Sitwell (1964), Julius Caesar Jones, opéra pour enfants (1966), Dunstan and the Devil (1967), The Growing Castle, d'après Strindberg (1968), Lucky Peter's Journey, d'après Strindberg (1969), et The Red Sea (1972), Mass of Christ the King (1977, dont Agnus Dei à la mémoire de B. Britten), les Olympiques pour mezzo-soprano et cordes, d'après Montherlant (1977), et cinq symphonies (de 1957 à 1980).

Williencourt (Dominiquede)

Violoncelliste français (Lille 1959).

Au Conservatoire de Paris, il étudie auprès d'André Navarra et de Philippe Müller, et obtient en 1981 deux premiers prix (violoncelle et musique de chambre). Lauréat du Concours Rostropovitch la même année, il se perfectionne auprès de Mstislav Rostropovitch. Sa carrière se partage d'emblée entre les concerts (en solo et, surtout, en formation de musique de chambre) et l'enseignement. Avec Bruno Walter et Laurent Verney, il fonde le trio BWV, se produit avec de nombreux autres instrumentistes, réalise des enregistrements. Il appartient à l'association « Pour que l'esprit vive » au Domaine de la Prée, où se retrouvent en résidence interprètes et créateurs.

Willy (Henry Gauthier-Villars, dit)

Romancier et critique musical français (Villiers-sur-Orge 1859 – Paris 1931).

Il fut le premier mari de Colette, avec laquelle il signa la série des romans de Claudine. Mais il était aussi critique musical et écrivit dans un grand nombre de revues : Art et critique, Revue encyclopédique, Monde artiste, et surtout l'Écho de Paris où il tenait la rubrique intitulée les Lettres de l'ouvreuse, qui lui valut la notoriété. Il ne possédait pas une grande érudition musicale, et encore moins de notions techniques, mais une certaine sensibilité accordée au goût du jour et une intuition qui s'est parfois révélée juste. Il a été l'un des rares à reconnaître le génie de Debussy dans le Prélude à l'après-midi d'un faune. Ses articles étaient écrits dans un style distrayant, comique, plein de calembours, et prévus pour atteindre un vaste public. Les titres de ses feuilletons parlent pour eux-mêmes : la Mouche des croches, Entre deux airs, Accords perdus, la Colle aux quintes, Garçon, l'audition. Il a également écrit avec Pierre de Bréville une notice explicative sur Fervaal de Vincent d'Indy, a traduit en français les livrets de Bastien et Bastienne de Mozart et de l'Amour tzigane de Lehár, et a rédigé les livrets de Claudine (musique de Berger), de la Petite Sirène (de Polignac) et du Troisième Larron (C. Terrasse). Il a publié une biographie de Bizet (1912).