Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Dupérier (Jean)

Compositeur et critique musical suisse (Genève 1886 – id. 1976).

Élève au conservatoire de Genève, il y fut professeur d'harmonie jusqu'en 1929 et se fixa ensuite à Paris. Il a laissé des réflexions sur la musique à travers plusieurs ouvrages : Lettre à un sourd sur la musique et les musiciens ; Lettre d'un musicien ambulant à son confrère sédentaire ; Mémoires d'une flûte ; Musique ? Son œuvre de compositeur d'une élégante facture néoclassique, comprend des pages symphoniques (dont deux Symphonies, 1953 et 1954), un Quatuor, deux ouvrages lyriques (Zadig, 1938 ; le Malade imaginaire, 1943), des chœurs et des mélodies.

Duphly (Jacques)

Organiste, claveciniste et compositeur français (Rouen 1715 – Paris 1789).

Il fit ses études à Rouen où il fut l'élève de François d'Agincourt à l'église Saint-Jean. Vers 1730, il fut nommé organiste de la cathédrale d'Évreux. Il revint à Rouen en 1734 pour tenir les orgues de l'église Saint-Éloi puis, en 1740, de Notre-Dame-la-Ronde. Mais il s'intéressa ensuite au clavecin et, abandonnant l'orgue et sa ville natale, il se fixa à Paris et se fit connaître de la société de la capitale, écrivant des pièces de clavecin qui ont pour titre les noms de quelques-uns de ses admirateurs.

   Son œuvre se situe vers la fin de la période pendant laquelle le clavecin régna en maître suprême. Duphly a laissé 46 pièces pour cet instrument (4 livres : 1744, 1748, 1756, 1768), qui témoignent d'une certaine sobriété dans l'ornementation, d'un goût pour le style galant, ainsi que de recherches dans le domaine sonore, puisque le clavier, grâce aux ravalements d'un Pascal Taskin, s'étendait maintenant jusqu'au fa grave. Les pièces de clavecin sont disponibles dans une édition moderne de Françoise Petit (Paris, 1967).

Dupin (Paul)

Compositeur français (Roubaix 1865 – Paris 1949).

Bien qu'issu d'une longue lignée de musiciens (les Schmidt, maîtres de chapelle à Buckeburg en Westphalie), il représente le type même de l'autodidacte. Après des études à l'institut de Melles en Belgique, puis aux arts et métiers de Tournai, il abandonne, à vingt-deux ans, l'industrie pour venir à Paris et s'y consacrer à la composition. Après quelques leçons d'harmonie avec Émile Durand, il étudie seul. Alors qu'il est employé à la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest, une souscription en sa faveur lui permet, en 1911, de se consacrer entièrement à la musique. Romain Rolland préface, en 1908, quelques-unes des compositions que son Jean-Christophe a inspirées au musicien. Dans d'éloquents articles et lettres, l'écrivain attire l'attention sur le génie de Dupin. Des musiciens l'admirent, au premier rang desquels Ch. Koechlin. De plus en plus solitaire, malade, quasi misérable, il meurt laissant une œuvre abondante (en partie éditée chez Durand, Eschig, Salabert), d'une surprenante écriture polymélodique où, à côté de partitions pour la scène, la musique de chambre, le concert, figurent de très nombreux canons vocaux de 3 à 12 voix où son originalité se déploie dans toute son ampleur.

duplum

Nom latin donné, au Moyen Âge, plus spécialement dans les œuvres de l'école de Notre-Dame (Léonin, Pérotin), à la voix située au-dessus du ténor (TENEUR).

Dans les motets du XIIIe siècle, le duplum prend le nom de motettus, une troisième voix supérieure pour compléter la polyphonie s'appelant le triplum. Le nom de duplum continua à être employé dans d'autres compositions, par exemple dans les rondeaux à trois voix d'Adam de la Halle.

Dupré (Marcel)

Organiste et compositeur français (Rouen 1886 – Meudon 1971).

Toute sa famille fut musicienne : ses deux grand-pères organistes à Rouen (à Saint-Maclou et à Saint-Patrice), son père organiste à l'Immaculée-Conception d'Elbeuf, puis à Saint-Ouen de Rouen, sa mère pianiste et violoncelliste. Aussi ses dons très précoces furent-ils encouragés et développés : à huit ans, il se produisit déjà en concert, et à douze ans il fut nommé organiste titulaire à l'église Saint-Vivien de Rouen. Il travailla ensuite avec Guilmant, puis avec Vierne, Widor et Diémer. Au Conservatoire de Paris, il remporta les prix de contrepoint, de fugue et d'orgue, tout en suppléant déjà Widor à Saint-Sulpice (1906). En 1914, ce fut la consécration officielle du premier grand prix de Rome. Au lendemain de la Grande Guerre, Dupré devint le premier virtuose international de l'orgue. Dès 1920, il donna au Conservatoire, en dix récitals, la première audition intégrale de l'œuvre d'orgue de Bach, qu'il exécuta de mémoire. Il fit des tournées dans tous les pays, totalisant plus de deux mille concerts de par le monde, dont huit cents aux seuls États-Unis, tout en poursuivant ses activités françaises de professeur et de musicien : professeur d'orgue et d'improvisation au Conservatoire de Paris (1926), à l'École normale de musique de Paris, titulaire de l'orgue de Saint-Sulpice (1934), directeur général du conservatoire américain de Fontainebleau (1947), directeur du Conservatoire national supérieur de musique de Paris (1954-1956), directeur du Comité national de la musique. En 1956, il fut élu à l'Académie des beaux-arts.Sa virtuosité confondante l'a fait surnommer le « Liszt de l'orgue » par son élève Olivier Messiaen ; il possédait en effet une maîtrise absolue de ses gestes et de sa pensée, maîtrise qu'il a transmise à ses nombreux et brillants élèves ; toute la jeune école d'orgue française, l'une des meilleures au monde, lui est redevable à un titre ou à un autre. Cette maîtrise en faisait un prodigieux technicien de l'improvisation : il pouvait créer sur l'instant des développements musicaux dans les formes les plus complexes, fugue, canon, sonate en trio, choral orné, symphonie, etc. Son œuvre de compositeur se ressent de cette virtuosité intellectuelle, et tend à laisser dans l'ombre l'expression de sa sensibilité personnelle au profit de préoccupations formelles qui sont allées croissant dans son évolution. Dupré s'est surtout adressé à son instrument : Trois Préludes et fugues op. 7 (1912), son œuvre la plus convaincante avec la Symphonie-Passion op. 23 (1924), ainsi que la Suite bretonne op. 21 (1923), le Chemin de la croix op. 29 (1931-32), Trois Préludes et fugues op. 36 (1938), le Tombeau de Titelouze op. 38 (1942-43). Mais son œuvre, qui compte plus de cinquante numéros d'opus, comprend également des pages pour piano, de la musique de chambre, de la musique vocale (la France au calvaire, op. 49, oratorio, 1952-53), des œuvres pour orchestre (Symphonie en « sol » mineur op. 25, 1927-28 ; Cortège et litanie op. 19, 1921, pour orgue et orchestre). Il a publié des transcriptions de Mozart, de Haendel et de Bach, et des ouvrages didactiques importants : Traité d'improvisation (Paris, 1924), Méthode d'orgue (Paris, 1927), Cours de contrepoint (Paris, 1938), Cours de fugue (Paris, 1938), Manuel d'accompagnement du plain-chant grégorien (Paris, 1937), etc. Il a aussi édité les œuvres pour orgue de Bach, de Mendelssohn, de Schumann, de Franck, etc., doigtées et annotées (chez Bornemann). Il laisse un recueil de souvenirs, Marcel Dupré raconte (1972).