Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Lettre par laquelle on désigne la note dans les pays de langues allemande et anglaise.  

da capo (d.c.) [ital. ; « à nouveau », « à partir du début »]

Expression qui s'emploie pour indiquer une reprise à partir du commencement.

Si cette reprise ne doit pas se poursuivre jusqu'à la fin, l'arrêt est indiqué par le mot fin, en italien fine, au-dessus d'une double barre. Le da capo se signale par l'indication correspondante, abrégée ou non, ou encore par un signe conventionnel de renvoi, généralement répété au début du morceau, et qui peut être soit placé au-dessus d'une double barre, soit formé de deux points précédant cette double barre ; en ce dernier cas, les mêmes deux points (au milieu de la portée) doivent figurer en rappel à l'emplacement où l'on renvoie, surtout s'il y a une anacrouse précédant l'emplacement exact du renvoi.

   Le da capo était, au XVIIIe siècle, caractéristique des airs d'opéra, qui en portaient parfois le nom (aria da capo) en exigeant la reprise de la première partie de l'air, mais cette reprise pouvait être ornée (DOUBLE), même si l'ornementation n'était pas écrite explicitement.

Da Ponte (Emanuele Conegliano, dit Lorenzo)

Poète et librettiste italien (Ceneda, aujourd'hui Vittorio Veneto, 1749-New York 1838).

Né dans une famille de confession juive, il s'appelait en réalité Emmanuele Conegliano, et prit le nom et le prénom de l'évêque de Ceneda lorsque son père se convertit avec ses trois fils (1763), dont il était l'aîné. Ordonné prêtre en 1773, il enseigna à Trévise puis à Venise, et, en 1779, fut banni pour quinze ans de cette ville pour adultère. Après un bref séjour à Dresde, il s'installa en 1781 à Vienne, où Joseph II le nomma librettiste du nouveau théâtre italien. Il écrivit d'abord pour Salieri, mais obtint ses premiers grands succès en 1786 avec Le Nozze di Figaro destiné à Mozart, et surtout Una cosa rara destiné à Martin y Soler. En 1787, il écrivit pour Salieri Axur, d'après Tarare de Beaumarchais, pour Martin y Soler L'Arbore di Diana et pour Mozart Don Giovanni, et en 1789-90 pour Mozart Cosi fan tutte. La mort de son protecteur Joseph II (1790) l'obligea à quitter Vienne. Il se rendit à Prague (où il rencontra Casanova), puis à Dresde, et à l'automne de 1792 arriva à Londres, où, compte non tenu de séjours en Hollande (1793) et en Italie (1798), il devait rester treize ans. Nommé librettiste du King's Theatre en 1793, il perdit plus tard cette place, et des difficultés financières croissantes le forcèrent à émigrer en Amérique avec sa famille (1805). À New York, il fut épicier puis libraire et professeur d'italien, et, en 1825, assista à la première de Don Giovanni dans cette ville : ce fut pour lui une sorte d'apothéose. Il y écrivit aussi ses mémoires (Memorie di Lorenzo Da Ponte di Ceneda scritte da esso, New York, 1823-1827, éd. rév. 1829-30), ouvrage intéressant, paru à plusieurs reprises (dont deux en 1980) en français, mais qu'il faut se garder de prendre au pied de la lettre. Ses livrets, dont le nombre dépasse la trentaine, valent moins par leur profondeur que par leur vivacité et leur simplicité, et surtout par leur sens remarquable des contrastes, de l'antithèse et de l'opposition de caractères. À ce titre, sa plus grande réussite semble bien être Cosi fan tutte.

dabka
ou dabke

Danse traditionnelle populaire du Moyen-Orient arabe célébrant les réjouissances.

Elle se danse, de la Palestine à l'Iraq, en groupe et en file au son du hautbois oriental (zamr, mizmar, ou zurna) et de la grosse caisse orientale (tabl, tabul). La chorégraphie varie selon les régions. En Iraq, de très belles dabka-s, qui peuvent réunir en un seul cercle plusieurs centaines de personnes, sont spontanément interprétées à Bachiqa, près de Mossoul, à l'occasion des fêtes du Printemps. Au Liban, la dabka, malencontreusement dénaturée sur les conseils du chorégraphe soviétique Moïsseiev, tend à devenir une exhibition scénique confiée à des professionnels chaussés de bottes et ranimant un Caucase d'opérette.

daff
ou deff
ou duff

Tambour de basque, utilisé au sein du monde arabo-islamique dans les musiques traditionnelles.

Dahlhaus (Carl)

Musicologue allemand (Hanovre 1928 – Berlin 1989).

Il a étudié à Göttingen et à Fribourg, soutenant une thèse sur les messes de Josquin Des Prés. Il enseigne depuis 1967 l'histoire de la musique à l'université technique de Berlin, et dirige l'édition complète des œuvres de Wagner. Ses nombreuses publications concernent plus particulièrement la musique des XIXe et XXe siècles, ainsi que la place de la musique dans le monde moderne (Grundlage der Musikgeschichte, 1977 ; Die Idee der absoluten Musik, 1978 ; Musikalischer Realismus, 1984).

Dalayrac (Nicolas Marie)
ou Nicolas Marie d'Alayrac

Compositeur français (Muret, Haute-Garonne, 1753 – Paris 1809).

Son père, qui l'avait successivement destiné aux carrières juridique et militaire, ne put l'empêcher de devenir musicien. Sous-lieutenant à Versailles dans la garde du comte d'Artois, il compléta sa formation musicale avec François Langlé et fit jouer en 1781, sous un pseudonyme italien, deux petites pièces, le Petit Souper et le Chevalier à la mode, qui furent tant applaudies que leur véritable auteur fut bientôt dévoilé. Le succès de l'Éclipse totale, l'année suivante, le conduisit à quitter

   les armes pour se consacrer davantage à l'art lyrique. Il composa plus de cinquante opéras-comiques, qui s'inscrivent dans la tradition de Monsigny et de Grétry. Nina ou la Folle par amour (1786) est considéré comme son meilleur ouvrage. On peut également citer : le Corsaire (1783), Azemia (1786), Camille (1791), Adolphe et Clara (1799), Maison à vendre (1800) et Gulistan (1805). Ses emprunts à Rameau ou à Méhul et surtout son instinct scénique lui assurèrent le meilleur accueil du public et Boieldieu, Auber, Adam, Franck et Berlioz admirèrent la beauté de ses mélodies et l'élégance de son style.

Dalbavie (Marc-André)

Compositeur et chef d'orchestre français (Neuilly-sur-Seine 1961).

Il commence très tôt des études de piano et remporte à dix ans le Concours général de France. Au Conservatoire de Paris, il travaille la composition avec Michel Philippot et l'orchestration avec Betsy Jolas. Il prend des cours avec John Cage à Londres (1980) et avec Franco Donatoni à Sienne (1984). Entre 1983 et 1985, il suit les cours de Tristan Murail. Dalbavie, qui appartient depuis 1985 au département de la recherche musicale de l'I.R.C.A.M., fait partie d'une génération qui s'est vite familiarisée avec l'ordinateur et en a tiré toutes les conséquences. Il parle souvent du rôle stimulateur que jouent l'informatique et l'outillage électronique, mais trouve aussi que « l'univers technologique est déjà insuffisant » pour l'imagination des compositeurs de sa génération. Dans les Paradis mécaniques pour onze instruments (1982-83), Dalbavie travaille avec des « accords/timbres », la trame de l'œuvre étant constituée par la transformation progressive des objets dans le temps. Des images sonores spécifiques au monde de l'informatique musicale sont appropriées par l'écriture purement instrumentale. Dans Interludes pour violon solo (1987), il poursuit une abstraction radicale du jeu de l'instrument, débarrassé pour l'occasion de toute rhétorique ou expressivité. On lui doit aussi les Miroirs transparents pour orchestre (1985), Diadèmes pour alto principal transformé, ensemble instrumental et ensemble électronique, Instances pour chœur, orchestre et dispositif électronique (1991), Seuils pour soprano, orchestre et dispositif électronique. Il a reçu plusieurs prix de composition, dont celui de la S.A.C.E.M. (1985).