Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
B

Bovicelli (Giovanni Battista)

Musicien italien (Assise, fin du XVIe s. – † Milan).

Chantre à la cathédrale de Milan (1592-1597), Bovicelli est aujourd'hui connu pour avoir écrit un important traité riche d'exemples musicaux concernant l'art vocal en Italie pendant la seconde moitié du XVIe siècle : Regole, passaggi di Musica, madrigali e motetti passeggiari (Venise, 1594). Ses exemples sont tirés des œuvres de Palestrina, Merulo, Rore et exposent la pratique de l'ornementation vocale improvisée.

Bowman (James)

Contre-ténor anglais (Oxford 1941).

Choriste à la cathédrale d'Ely en 1960, il débute au sein des maîtrises d'Oxford, ce qui lui évite une formation académique. En 1966, Benjamin Britten l'engage dans son English Opera Group pour chanter Oberon dans le Songe d'une nuit d'été. C'est le début d'une longue complicité qui amène Britten à lui destiner son Canticle IV, Journey of the Magi (1971) et le rôle d'Apollon dans Mort à Venise (1973). Il inspire aussi The Ice Break à Michael Tippett en 1977. Réhabilitant la tessiture de contre-ténor dans la musique contemporaine, il participe aussi à la redécouverte du répertoire baroque : dès 1967, il chante avec David Munrow et le Early Music Consort of London. Il s'impose dans les oratorios de Haendel, dont Rinaldo, mis en scène par Pizzi en 1981 à Vérone et en 1985 au Châtelet. Il effectue de nombreuses tournées avec Christopher Hogwood et assure des master-classes depuis 1990. Après Alfred Deller, dont il n'est pourtant pas un disciple, il a largement contribué à redonner à la voix de contre-ténor un rôle désormais reconnu.

boyau

Corde d'instrument à archet, faite avec la membrane médiane de l'intestin grêle du mouton.

Les violons étaient autrefois entièrement montés en boyaux, chanterelle comprise. L'élévation progressive du diapason et la tension supplémentaire qui en résulte ont entraîné le remplacement de cette chanterelle par une corde d'acier moins fragile ; puis, pour des raisons de sonorité, le boyau de la corde la plus grave (sol) a été gainé d'une spirale de fil d'argent. Longtemps, le boyau nu est resté en usage pour les cordes intermédiaires de et de la, mais il tend à disparaître complètement au profit des cordes filées d'argent ou d'aluminium qui sonnent plus brillamment. Les autres instruments du quatuor ne sont pas épargnés par cette évolution. Cependant, le retour à une exécution fidèle de la musique baroque ­ s'accommodant d'une sonorité plus douce et jouée à un diapason plus bas d'environ un demi-ton que le diapason normal actuel ­ a entraîné récemment la remise en honneur du boyau, dans un usage spécialisé.

Boyce (William)

Compositeur et organiste anglais (Londres 1710 – id. 1779).

Élève de Maurice Greene et de Johann Christoph Pepusch, il poursuivit ses études musicales malgré un début de surdité. Nommé, en 1736, compositeur de la chapelle royale, pour laquelle il composa de nombreux services et anthems, il reçut, l'année suivante, la charge des trois ensembles de Gloucester, Worcester et Hereford, connus sous le nom de Three Choirs. En 1755, il succéda à Greene comme maître de musique du roi. Mais, à partir de 1769, sa surdité empirant, il se retira à Kensington afin de se consacrer à son célèbre recueil de musique d'église Cathedral Music (3 vol., 1760-1778). Grâce à cette collection, le répertoire sacré de l'Église anglicane des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles put être en grande partie conservé.

   Si Boyce fut l'un des meilleurs compositeurs anglais du XVIIIe siècle, son œuvre a souffert de la présence, en Angleterre, de la personnalité immense d'Haendel. Ses huit symphonies à 8 parties demeurent aujourd'hui des œuvres originales et inspirées. Boyce composa également une soixantaine d'anthems, des services, des ouvertures, 12 sonates en trio, des pièces d'orgue et de clavecin, une cinquantaine d'odes, de la musique théâtrale, des airs, cantates, duos, contenus dans un recueil intitulé la Lyra britannica.

Boyvin (Jacques)

Organiste et compositeur français (Paris v. 1653 – Rouen 1706).

Peut-être fut-il l'élève de Lebègue. En 1674, il fut nommé organiste à la cathédrale de Rouen et conserva cette charge jusqu'à sa mort. Après un incendie, son orgue fut magnifiquement reconstruit par Robert Clicquot et inauguré en 1689. Cette même année, Boyvin publia son premier Livre d'orgue, qui devait être suivi d'un second en 1700. Chacun de ces deux Livres contient des suites de six à dix pièces « dans les huit tons à l'usage ordinaire des églises ». Le premier est précédé d'un précieux Avis au public concernant le meslange des jeux de l'orgue, les mouvements, agréments et le toucher, et le second, d'un Traité abrégé de l'accompagnement pour l'orgue et le clavecin. Les suites font alterner pleins-jeux, dialogues, récits, basses, fugues, selon la meilleure tradition française. Outre un coloriste raffiné, Boyvin s'y montre un musicien expressif, qui manie avec délicatesse l'harmonie et le style fugué. Il est l'un des principaux jalons qui mènent de Titelouze à Grigny.

Bozay (Attilá)

Compositeur hongrois (Balatonfüzfö 1939 – Nordungarn 1999).

Il a fait ses études musicales à l'école de musique de Békéstarhos, puis à Budapest au Conservatoire Béla Bartók et à l'Académie Ferenc Liszt dans la classe de composition de Ferenc Farkas, d'où il est sorti en 1962. Nommé professeur de composition au conservatoire de Szeged (1962-63), il a été producteur à la radio hongroise (1963-1966), puis a séjourné à Paris grâce à une bourse de l'Unesco (1967). Depuis son retour en Hongrie, il s'est consacré exclusivement à la composition, remportant le prix Erkel en 1968.

   Influencé à la fois par Webern et Bartók, Attilá Bozay use soit d'une structure très stricte d'origine sérielle, soit d'une forme très souple fondée sur la dynamique et les jeux de timbre. Il semble vouloir retrouver l'esprit du verbunkos tout en se servant de techniques de permutation (séries de Fibonacci et de Seiber). Il s'est imposé sur la scène internationale à côté de György Kurtág et de Zsolt Durkó, ses aînés. Son œuvre comprend essentiellement des compositions pour un instrument seul (piano, violon, violoncelle, cithare), de la musique de chambre pour différentes formations, dont 2 quatuors à cordes (1964, 1971), des pièces pour orchestre comme Pezzo concertato no 1 pour alto et orchestre (1965) et no 2 pour cithare et orchestre (1974-75), Pezzo sinfonico no 1 (1967) et no 2 (1975-76) et Variazioni (1977), et l'opéra la Reine Küngisz (1969).