Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Fétis (François-Joseph)

Musicologue et compositeur belge (Mons 1784 – Bruxelles 1871).

Il étudia le clavecin, le violon et, au Conservatoire de Paris, le piano avec Boieldieu et l'harmonie avec Rey. À partir de 1813, il fut organiste à Douai et, en 1821, devint professeur de composition au Conservatoire de Paris. Il fonda en 1827 la Revue musicale qui devait fusionner en 1835 avec la Gazette musicale. En 1827 aussi, il fut nommé bibliothécaire au Conservatoire de Paris et en 1833, directeur du conservatoire de Bruxelles. Il fut aussi maître de chapelle du roi des Belges. Bien qu'il ait composé des œuvres orchestrales et instrumentales, un requiem et des opéras-comiques, la postérité n'a retenu que l'importance de son rôle de critique et de chercheur dont témoignent ses nombreux et souvent importants ouvrages, mémoires ou articles de musicologie, de théorie et de pédagogie musicales. Il faut voir en lui, plus que le critique sans doute partial et à l'esprit étroit qui fut l'objet des sarcasmes de Berlioz, l'un des fondateurs de la musicologie moderne. Sa monumentale Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique (8 vol., Paris, 1835-1844) est imprégnée de l'idée, qu'il fut un des premiers à défendre, que les chefs-d'œuvre du passé sont, du point de vue de l'art et pas seulement de l'archéologie, aussi intéressants que ceux du présent. Les idées qu'il a exposées dans son Traité complet de la théorie et de la pratique de l'harmonie (Paris, 1844) ont une portée révolutionnaire, laissant prévoir, au terme de l'évolution de l'harmonie dans la musique européenne, un ordre « omnitonique » admettant toutes les possibilités d'équivoque tonale. Dans son Histoire générale de la musique (5 vol., Paris, 1869-1876), restée inachevée, il reconnut l'intérêt des musiques extra-occidentales et apparaît, en cela aussi, comme un précurseur.

Feuermann (Emanuel)

Violoncelliste autrichien (Kolomyja, Galicie, 1902 – New York 1942).

En 1909, il vint avec sa famille à Vienne où il étudia le violoncelle avec Anton Walter. Il se produisit en public dès l'âge de onze ans, puis se perfectionna à Leipzig. À seize ans, il s'installa à Cologne comme professeur au conservatoire, violoncelle solo de l'orchestre du Gürzenich et membre du Quatuor Bram Eldering. De 1929 à 1933, il fut professeur à la Hochschule de Berlin, puis vécut à Zurich, s'exila aux États-Unis et fut nommé professeur au Curtis Institute de Philadelphie en 1941. Considéré malgré sa disparition prématurée comme l'un des grands violoncellistes du siècle, Feuermann, remarquable interprète de musique de chambre, a en particulier joué en trio, d'une part, avec Arthur Schnabel et Bronislav Huberman, d'autre part, avec Arthur Rubinstein et Jascha Heifetz.

Févin (Antoinede)

Compositeur français (Arras v. 1470 ou 1475 – Blois 1511 ou 1512).

Glaréan qualifie d'heureux disciple (felix aemulator) de Josquin ce fils d'un échevin d'Arras, dont on sait seulement qu'il fut chantre à la chapelle du roi Louis XII. Si l'on se fie au jugement de ses contemporains (Crétin, Mouton, Louis XII) et aux publications qui l'honorèrent (Petrucci publia en 1514 six motets, en 1515 trois messes à 4 v.), il jouissait d'une réputation et d'une estime solides. Contrairement à Divitis, Févin ne prête aucune attention au texte et à sa déclamation. La marque la plus significative de son style est l'emploi des voix groupées par deux en duo, emploi qui, si l'on y ajoute l'usage de la technique de l'imitation et un évident souci de clarté, accrédite le jugement de Glaréan. On connaît de Févin 11 messes (dont Mente tota, Ave Maria, Sancta Trinitas), un requiem, des fragments de messes, une vingtaine de motets, des magnificat, des lamentations et une quinzaine de chansons françaises.

Février

Famille de musiciens français.

 
Henry, compositeur (Paris 1875 – id. 1957). Élève, au Conservatoire, de Massenet, Fauré, Leroux et Pugno, il fut surtout marqué par les leçons de Messager, son premier maître. Après avoir pratiqué la musique de chambre et la mélodie, il révéla ses dons pour le théâtre avec le Roi aveugle (1906). En 1909, l'Opéra-Comique monta Monna Vanna (sur un poème de Maeterlinck), son chef-d'œuvre. Suivirent notamment Carmosine (Gaîté-Lyrique, 1912), Gismonda (Chicago, 1919), la Damnation de Blanchefleur (Monte-Carlo, 1920), l'Île désenchantée (Opéra, 1925) et la Femme nue, d'après Henry Bataille (Monte-Carlo, 1929).

 
Jacques, fils du précédent, pianiste et pédagogue (Paris 1900 – Remiremont 1979). Élève d'Édouard Risler et de Marguerite Long, professeur au Conservatoire de Paris à partir de 1959, il a formé plusieurs générations de pianistes et mené une brillante carrière internationale, particulièrement consacrée à la musique française. Il fut choisi par Maurice Ravel pour créer en France le Concerto pour la main gauche.

Fiala (Joseph)

Compositeur tchèque (Lochovice, Bohême, 1748 – Donaueschingen 1816).

Il fit des études de violoncelle et de hautbois à Prague, joua dans l'orchestre de la comtesse Netolitzky, à la chapelle du prince Öttingen-Wallerstein à Öttingen en 1774, puis à la chapelle du prince-archevêque de Salzbourg, de 1778 à 1785, et rencontra Mozart à Vienne. Après un séjour à Saint-Pétersbourg au service de Catherine II et du prince Orlov, il s'installa en Allemagne en 1792 et fut nommé violoncelle virtuose à la cour du prince de Fürstenberg à Donaueschingen. Fiala est l'auteur de duos concertants pour violon et violoncelle, pour flûte ou hautbois et basson, de plusieurs quatuors à cordes, divertimentos, symphonies et concertos. Mozart a parlé avec faveur de certaines de ses œuvres.

Fibich (Zdenek)

Compositeur tchèque (Vseborice 1850 – Prague 1900).

Fils d'un maître forestier, il étudia la musique à Prague, notamment avec Smetana, et au conservatoire de Leipzig, où il travailla en particulier le piano avec Moscheles. De retour à Prague en 1871, il fut second chef et maître de chœur au Théâtre national, abandonna cette fonction en 1878 pour protester contre les tendances de la direction, fermée à Smetana et à Wagner, et, à l'instar de tous les partisans de Smetana, il eut rarement une position officielle stable. Son œuvre très vaste laisse percevoir l'évolution de son style : des pièces de chambre, des ballades et chansons, et l'opéra Bukovin (1870), mystérieux appel de la forêt, dénotent l'influence de Schumann. Celle de Liszt apparaît dans l'œuvre pour orchestre, notamment dans huit poèmes symphoniques. L'opéra Blanik (1874-1877), écrit pour le futur Théâtre national tchèque, s'engage dans la voie ouverte par Smetana. C'est ensuite d'une attirance vers Wagner que témoigne l'opéra la Fiancée de Messine d'après Schiller (1894). Fibich semble s'épanouir dans cette manière d'écrire et s'affirme plus encore dans la trilogie mélodramatique Hippodamie (1890), au langage original. Le compositeur teinte peu à peu ses élans dramatiques de sentimentalité, abandonne les grandes formes au profit de cycles pour piano (Nalady, dojmy a upominky, véritable journal intime, 1892-1899) ou pour petite formation (Scènes à la Watteau pour flûte, piano et cordes, 1897). Sa dernière œuvre importante est l'opéra Sarka (1897).