Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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boîte à musique

Le cylindre à picots, issu du principe de la roue à cames, était connu depuis la fin du Moyen Âge et servait à animer des carillons, des automates et autres objets mécaniques. Vers la fin du XVIIIe siècle, un horloger genevois eut l'idée de l'adapter à un mince peigne d'acier, dont les dents, de longueur inégale, produisaient autant de notes. Quand le cylindre tourne, entraîné par une manivelle ou, le plus souvent, par un mouvement d'horlogerie, les picots disposés sur une même ligne horizontale accrochent au passage le bout des lames correspondantes et les font vibrer. Des airs plus ou moins longs (suivant le diamètre du cylindre) peuvent être ainsi reconstitués avec leur accompagnement. Par la suite, des cylindres interchangeables ont permis aux modèles les plus perfectionnés de rivaliser avec l'orgue de Barbarie, quant à la variété du répertoire.

   C'est surtout au XIXe siècle que la boîte à musique a connu la plus grande vogue, jouant un rôle certain dans la diffusion de la musique. L'invention du phonographe semble lui avoir porté un coup fatal, mais on continue pourtant à en fabriquer, surtout en Suisse, à cause du charme archaïque et naïf, inimitable, qui se dégage de la sonorité de cet appareil.

boîte expressive

Disposition utilisée en facture d'orgues et consistant à enfermer tous les tuyaux d'un clavier dans un coffret étanche, clos vers l'avant par une série de jalousies mobiles actionnées par une cuiller ou une pédale commandée de la console.

Les sonorités sont ainsi étouffées et s'éclaircissent en léger crescendo lorsque l'exécutant ouvre la boîte. Inventée au XVIIIe siècle, la boîte expressive a été très généralement répandue dans les orgues d'esthétiques romantique et postromantique, où elle répond au besoin de nuances nouvelles du style symphonique. Elle affecte les jeux du clavier de récit et, sur les instruments plus grands, ceux du clavier de positif.

Boito (Enrico, dit Arrigo)

Compositeur, poète et librettiste italien (Padoue 1842 – Milan 1918).

Fils d'un sculpteur italien et d'une comtesse polonaise, il mena de pair des études musicales et littéraires dans des conditions difficiles, son père ayant abandonné le domicile familial. Il publia des poésies de caractère libertaire et entama une carrière de chroniqueur, puis, encouragé par Emilio Praga, l'un des pères de la « scapigliatura » (VÉRISME), il se rendit à Paris, où il découvrit une musique instrumentale inconnue en Italie, rencontra Baudelaire, Rossini, Verdi (auquel il fournit les vers de l'Hymne des nations) et Gounod, dont il fit représenter le Faust à Milan. Conscient des faiblesses du livret de cet opéra, il rédigea un poème d'après les deux Faust de Goethe, en écrivit la partition et présenta l'œuvre à la Scala en 1868, sans aucun succès. Révisé, notablement raccourci, ce Mefistofele triompha à Bologne en 1875, mais ne trouva sa forme définitive qu'après de nouvelles modifications pour sa nouvelle présentation à la Scala, en 1881, avec une éclatante distribution. Entre-temps, Boito s'était enflammé pour les courants nouveaux de l'art ; il milita en faveur de Wagner (on lui doit les versions italiennes de Rienzi et de Tristan, mais aussi celle du Freischütz de Weber) et prit position contre Verdi. L'éditeur Ricordi ayant réconcilié les deux artistes, Boito aida Verdi à la refonte de son Simon Boccanegra (1881), puis écrivit pour lui les livrets d'Otello et de Falstaff. Il fournit également des livrets à d'autres musiciens : son ami Franco Faccio (Hamlet), Ponchielli (La Gioconda), Catalani (La Falce) et Mancinelli (Ero e Leandre). Directeur du conservatoire de Parme, de 1889 à 1897, élu sénateur en 1912, il travailla longtemps à un Néron, dont il publia le livret en 1901, mais qu'il laissa inachevé ; complétée par Antonio Smareglia et Vincenzo Tommasini, l'œuvre fut créée à la Scala de Milan en 1924, sous la direction de Toscanini.

   Esprit ambitieux et tourmenté, toujours insatisfait, à l'image de son héros Faust, Boito, auteur de recueils de vers, de romans, de drames, ne sut pas toujours mettre son talent musical à la hauteur de son inspiration littéraire ; son Mefistofele, œuvre d'extrême jeunesse, n'en contient pas moins des pages prophétiques, cependant que Néron souligne la prodigieuse évolution de son style vers un modernisme affirmé.

Bokanovski (Michèle)

Femme compositeur française (Paris 1943).

Après un stage au Groupe de recherches musicales de Paris, elle poursuit, dans son studio personnel, la réalisation d'œuvres électroacoustiques et « mixtes » (pour instruments et bande) rares et méditées. On peut citer : Koré (1972), pour ensemble vocal et bande, Pour un pianiste (1974), pour bande et piano, pièce remarquable, dédiée à son instigateur et interprète Gérard Frémy, 3 Chambres d'inquiétude (1975-76), Suite pour l'Ange (1980) et les bandes sonores très denses et étudiées qu'elle a réalisées pour les films de Patrick Bokanovski (la Femme qui se poudre, le Déjeuner du matin, l'Ange).

Bolcom (William)

Compositeur américain (Seattle 1938).

Il fit ses études à l'université de Washington, à Mill's College, à l'université Stanford avec Leland Smith et au Conservatoire de Paris (1959-1961) avec Simone Plé-Caussade (contrepoint), Olivier Messiaen (esthétique), Darius Milhaud et Jean Rivier (composition). Il fréquenta aussi Darmstadt, où il subit l'influence de Pierre Boulez. Il a ensuite occupé diverses fonctions aux États-Unis, notamment celle d'assistant au Queen's College de New York (1966-1968). Sa musique fait appel à des techniques très diverses : composition sérielle, expériences dans le domaine des microtons, etc. Son catalogue comprend notamment 4 symphonies, 9 quatuors à cordes, des œuvres concertantes, des pièces pour différentes formations instrumentales (en particulier Sessions I à IV, 1965-1967) et les opéras d'acteurs Dynamite Tonite (1963), Greatshot (1969) et Theatre of the Absurd (1970).

boléro

Danse espagnole et plus particulièrement andalouse, connue depuis la fin du XVIIIe siècle.

Elle est issue de la séguedille et son inventeur serait le danseur Cerezo. Accompagné, à l'origine, de chants et de castagnettes, le boléro se compose de trois couplets sur un mouvement modéré à 3/4. Des changements de rythme à l'intérieur du ternaire sont possibles. rappel schéma

   Le boléro s'est rapproché du fandango par l'accent de plus en plus nerveux des castagnettes. Weber, Auber, Chopin, Albéniz et Ravel (ce dernier dans un mouvement un peu plus lent) ont utilisé le rythme caractéristique de cette danse.