Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
M

Monn (à l'origine Mann)

Famille de musiciens autrichiens.

 
Matthias Georg, organiste et compositeur (Vienne 1717 – id. 1750). Il s'appelait Johann Georg Matthias, mais changea son prénom pour éviter toute confusion avec son frère. Organiste à la Karlskirche à partir de 1738, il fut avec Wagenseil le principal représentant de l'école préclassique viennoise. Il est l'auteur de la plus ancienne symphonie connue en quatre mouvements avec menuet en troisième position (1740), mais cette œuvre constitue dans sa production un cas isolé : toutes ses autres symphonies sont en trois mouvements. On lui doit aussi de la musique de chambre dont six quatuors à cordes faits chacun d'un mouvement lent et d'une fugue, des pages religieuses, et des concertos dont sept pour clavecin (l'un d'eux fut « recomposé » par Schönberg en 1932 pour violoncelle et orchestre) et un pour violoncelle (édité par Schönberg en 1911-12).

 
Johann Christoph, pianiste et compositeur (Vienne 1726 – id. 1782). Frère du précédent, il fut surtout connu en son temps pour ses œuvres pour clavier. Des symphonies publiées en 1912 sous le nom de Monn dans la série Denkmäler der Tonkunst in Oesterreich avec une attribution globale à Matthias Georg, certaines sont en réalité de lui.

Monnaie (théâtre de la)

Opéra de Bruxelles, inauguré (peut-être avec Atys de Lully) en 1700 en remplacement du Théâtre du Quai-du-Foin et ainsi nommé en raison de la proximité d'un ancien atelier monétaire (1 200 places).

En 1830, une représentation de la Muette de Portici d'Auber déclencha la révolution belge. Détruit par le feu en 1855, il céda la place à un nouveau bâtiment inauguré le 24 mars 1856 avec Jaguarita l'Indienne de Halévy. Bruxelles y vit bien avant Paris plusieurs opéras de Wagner, et y furent créés notamment Hérodiade de Massenet (1881), Gwendoline de Chabrier (1886), le Roi Arthus de Chausson (1903), Fervaal (1897) et l'Étranger (1903) de Vincent d'Indy. De 1918 à sa mort en 1953, le pianiste et chef d'orchestre Corneil de Thoran marqua l'établissement de son empreinte. Il a été dirigé de 1981 à 1991 par Gérard Mortier, auquel a succédé en 1992 Bernard Foccroule, et a vu récemment les créations mondiales de la Passion de Gilles (1983) et de Reigen (1993) de Philippe Boesmans, de The Death of Klinghoffer de John Adams (1991) et de Medeamaterial de Pascal Dusapin (1992).

Monnet (Marc)

Compositeur français (Paris 1947).

Après des études au Conservatoire de Paris, il a travaillé à l'École supérieure de musique de Cologne avec Mauricio Kagel et a suivi les cours d'été de Darmstadt (avec Stockhausen, Ligeti, Xenakis, Kagel) ; il a été pensionnaire de la Villa Médicis à Rome (1976-1978). Son écriture se caractérise par l'emploi, pour chaque partition, de systèmes originaux poussés à l'extrême et se traduisant parfois par une rugosité de la matière sonore. Par leur rejet de l'idée de développement, certaines partitions (Musiques en boîte) créent une forte obsession auditive, alors que d'autres (Fantasia Semplice) sont d'une écriture plus subtile et éphémère. Globalement, il fait montre d'un tempérament inventif et ne craignant pas la contradiction. Il a fondé en 1986 la compagnie Caput Mortuum. On lui doit notamment : Pour six pianistes (1974) ; Dialectique, pour guitare (1976) ; Pour bouche et quelques objets, pour un acteur et quelques objets (1976) ; Eros Machina, pour 2 guitares électriques et bande (1978) ; Musiques en boîte, ensemble de trois partitions formé de Boîtes en boîte à musique à système, pour 2 pianos (1977), de Musique(s) en boîte(s) à retour à (1977) et de Succédané spéculatif de boîte, pour clavecin (1978) ; Du bas et du haut ou du haut et du bas, pour 13 instruments (1978-79) ; Fantasia semplice, pour violoncelle solo (1980) ; Membra disjecta (1978-1980), ensemble de six partitions comprenant Solos de trios, pour 3 percussionnistes, les Accrocs devant les accords, pour luth, Du soleil et de la lune, pour soprano, lecteur, piano et petit ensemble, la Joie du gaz devant les croisées, pour piano, Roue lubrique, pour monocorde de Poussot, et Livre fragile, pour 16 voix solistes (les quatre premières ont été créées à Metz en 1980) ; la Scène, pour 16 musiciens (1981-82) ; Magari ! pour trio à cordes (1983). Patatras ! pour 8 instruments (1984) ; Chant pour violoncelle seul (1984) ; les Ténèbres de Marc Monnet pour quatuor à cordes (1985) ; Rigodon pour 4 cors (1985) ; les œuvres scéniques À corps et à cris (1988), Probe (1989), Ab caetera (1990), Fragments (1990-1993) ; Exercice de la bataille pour 8 instruments (1991), Open pour quatre trombones (1994).

monocorde

Instrument à archet, constitué par une caisse de résonance prolongée d'un long manche et monté d'une seule corde.

D'origine très ancienne, et cela dans presque toutes les civilisations, il n'a plus droit de cité qu'au cirque après avoir été la « trompette marine » chère au Bourgeois gentilhomme de Molière.

monodie (gr. ; monos, « seul », et ôdê, « chant »)

Au sens propre, chant sans accompagnement. Monodie s'oppose parfois à polyphonie, et dans cette acception peut englober des chants collectifs à l'unisson, ainsi que des chants accompagnés s'ils ne sont pas à voix différentes.

monophonie

Mode de propagation de l'information, selon lequel le message musical est capté, enregistré et reproduit par un unique canal de transmission de l'information.

En matière de disque, la monophonie a été la seule technique utilisée depuis les débuts de l'enregistrement jusque vers 1960, date à laquelle sont apparus les disques gravés en stéréophonie. La chaîne d'enregistrement se compose, en monophonie, d'un microphone permettant de graver, soit directement, soit par l'intermédiaire d'une inscription magnétique à une seule piste, le sillon d'un disque dont les deux flancs reçoivent une déformation identique. À la reproduction, on utilise une seule chaîne électronique et un seul transducteur électroacoustique (haut-parleur ou enceinte acoustique). Lors de la transmission d'une information stéréophonique à deux canaux (ou davantage), il suffit qu'un seul des maillons de toute la chaîne soit monophonique pour que la restitution soit également monophonique.D'un phénomène sonore situé dans l'espace (donc à trois dimensions), la monophonie donne une image uniquement ponctuelle, et par conséquent dépourvue de relief, qu'il est impossible de localiser en largeur, en profondeur ou en hauteur dans l'espace acoustique. Cette image ponctuelle est située au centre du haut-parleur. Par ailleurs, la monophonie ne rend pas compte exactement de la perception du son par les deux oreilles de l'auditeur, avec les déphasages que cela implique entre les deux informations parvenant aux tympans ; cette limitation entraîne une altération dans la qualité de la reproduction des timbres musicaux.