Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

Cœuroy (Jean Belime, dit André)

Musicologue et critique français (Dijon 1891 – Latrecey 1976).

Élève de Max Reger à Leipzig, agrégé d'allemand, il fonda, en 1920, la Revue musicale avec Henry Prunières, il en fut le rédacteur en chef jusqu'en 1937, et collabora à Ère nouvelle de 1920 à 1925, à Paris-Midi de 1925 à 1939 et à Gringoire de 1927 à 1939. Il dirigea la section musicale de la Société des Nations (1929-1939) et fut maître de conférences à Harvard (1930-31). Directeur de collections d'ouvrages sur la musique, il écrivit lui-même de nombreux livres et traduisit de l'allemand le Debussy de Heinrich Strobel, ainsi que les Souvenirs de Bruno Walter.

   Esprit très ouvert, curieux de toute nouveauté, André Cœuroy s'est, un des premiers, intéressé au jazz, au disque, à la radio. Il a consacré une grande partie de ses travaux à l'étude du romantisme. Il s'est attaché à définir les relations des écrivains avec les musiciens et, dans plusieurs de ses ouvrages (Musique et littérature, Appels d'Orphée, Wagner et l'esprit romantique), il a fait œuvre d'historien de la littérature autant que de musicologue.

Cohen (Harriet)

Pianiste anglaise (Londres 1895 – id. 1967).

Elle débuta à l'âge de treize ans. Blessée à la main droite en 1948, elle se consacra beaucoup à la musique de son temps, en particulier aux œuvres de Bartók et d'Arnold Bax, reçut en dédicace les Variations symphoniques (1917) et le Concerto pour la main gauche (1949) de ce dernier ainsi que le Concerto de Vaughan Williams (1933), et traita des problèmes d'interprétation dans Music's Handmaid (1936).

Cohen (Jeff)

Pianiste américain (Baltimore 1957).

En 1976, il entre au Conservatoire de Paris où il obtient les prix de piano et de musique de chambre dans les classes de Reine Gianoli et Geneviève Joy, avant de poursuivre sa formation auprès de Léon Fleisher aux États-Unis et de Peter Feuchtwanger en Angleterre. Chef de chant au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles, professeur à l'École d'art lyrique de l'Opéra de Paris, puis responsable musical au Théâtre du Châtelet, il mène une carrière de chef de chant et d'accompagnateur, se produisant en compagnie de June Anderson, Cecilia Bartoli, Hélène Delavault, Jean-Paul Fauchécourt et bien d'autres. Avec le baryton François Leroux, il a enregistré des disques de mélodies de Duparc, Fauré, Hahn, Gounod, et avec Véronique Dietschy des lieder de Mozart accompagnés au pianoforte. Il est aussi compositeur de musiques de scène et de film et animateur d'émissions sur la musique pour la télévision française.

Coin (Christophe)

Violoncelliste et gambiste français (Caen 1958).

Il étudie avec André Navarra au Conservatoire de Paris, où il obtient un 1er Prix de violoncelle en 1974, puis avec Nikolaus Harnoncourt à l'Académie de Vienne, enfin à la Schola cantorum de Bâle avec Jordi Savall. De 1977 à 1983, il est régulièrement invité par le Concentus musicus de Vienne, Hesperion XX ou l'Academy of Ancient Music, et apporte son concours à la plupart des autres ensembles européens spécialisés dans l'interprétation de la musique ancienne. En 1984, il crée l'ensemble Mosaïques, qui connaît rapidement le succès. Il est nommé la même année professeur de violoncelle baroque et de viole de gambe au Conservatoire de Paris. Violoncelliste du Quatuor Mosaïques, il prend en 1991 la direction de l'Ensemble baroque de Limoges.

col legno (ital.)

Expression utilisée dans le jeu des instruments à cordes frottées et indiquant que l'on doit frapper les cordes avec le bois de l'archet et non jouer avec les crins, ce qui produit un effet particulier employé, par exemple, par Liszt dans Mazeppa et dans la Danse macabre.

Dans Wozzeck, Berg utilise le col legno legato, qui consiste à frotter les cordes avec la baguette. On en trouve également un exemple à la fin de l'adagio de la symphonie en fa majeur no 67 de Haydn (1775-1776).

colachon

Instrument ancien originaire d'Orient et qui fut utilisé en Italie du Sud ­ où lui fut donné le nom de colascione ­, à partir du XVIe siècle, avant de se répandre à travers l'Italie et l'Europe, et d'y demeurer en vogue jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.

C'est une variété de luth, à petite caisse de résonance et à très long manche, dont les cordes, au nombre variable de deux à six (mais le plus souvent de deux ou trois), étaient accordées par quarte. Le colachon se jouait le plus souvent avec un plectre.

Colbran (Isabella)

Soprano espagnole (Madrid 1785 – Bologne, Italie, 1845).

Elle étudia à Madrid, puis en Italie, fit ses débuts à Paris en 1801 et triompha à la Scala de Milan en 1807. Elle fut simultanément la maîtresse du célèbre imprésario Barbaja et du roi de Naples, mais les abandonna tous deux, en 1815, pour vivre avec Rossini qu'elle épousa en 1822. C'est pour elle que ce dernier délaissa la veine bouffe pour écrire la majeure partie de ses opere serie qu'Isabella Colbran allait créer : Elisabetta, regina d'Inghilterra, Otello, Armida, Mosè, Maometto II et Semiramide.

   Isabella Colbran compte parmi les très grandes tragédiennes-chanteuses de l'histoire de l'opéra. Son jeu, au caractère grandiose, impressionna ses contemporains. À l'apogée de sa carrière, l'étendue de sa voix dépassait deux octaves et demie. Elle fut un soprano dramatique, coloratura à l'agilité exemplaire, comme le prouvent les rôles écrasants que Rossini écrivit pour elle. Sa musicalité, la noblesse et la pureté de son style furent aussi souvent louées. Sa voix s'altéra prématurément et elle abandonna la scène dès 1824.

Colin de Blamont (François)

Compositeur et écrivain français (Versailles 1690 – id. 1760).

Fils d'un musicien ordinaire de la Chambre, il collabora aux Nuits de Sceaux de la duchesse du Maine avant de devenir, en 1719, surintendant de la musique de la Chambre du roi. Son ballet héroïque, les Fêtes grecques et romaines, remporta un grand succès à l'Académie royale de musique (1723). Avec son librettiste Fuzelier, il fut le créateur du ballet héroïque auquel Rameau, toujours avec le même Fuzelier, devait donner ses lettres de noblesse avec les Indes galantes (1735). Colin de Blamont écrivit plusieurs ouvrages de ce genre (les Caractères de l'amour, 1736 ; les Fêtes de Thétis, 1750), mais aussi des motets (1732), des cantates françaises (1723, 1729) et des airs à boire (5 recueils). Il fut également l'auteur d'une pastorale héroïque Endymion (1731). Devenu maître de musique de la Chambre en 1726, anobli en 1750, il se consacra à la composition des spectacles de la Cour. Il écrivit, en 1728, l'éloge nécrologique de Delalande, dont il avait été l'élève et, au moment de la Querelle des bouffons, adversaire de la musique italienne, il s'opposa à Jean-Jacques Rousseau en publiant un Essai sur les goûts anciens et modernes de la musique française (Paris, 1754).