Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

Carver (Robert)

Compositeur écossais (1487 [ ?] – apr. 1546).

Entré dans les ordres à seize ans, il vécut plus de trente ans à l'abbaye de Scone. Le célèbre manuscrit portant son nom, conservé à Édimbourg, contient sept de ses œuvres : 5 messes (l'Homme armé à 4 voix ; Dum sacrum mysterium à 10 voix ; à 4 voix ; à 5 voix ; à 6 voix) et deux motets, Gaude flore virginali, à 5 voix, et O bone Jesu, écrit pour 19 voix et témoignant d'une richesse d'harmonie remarquable.

   Savant contrapuntiste et doué d'une inspiration généreuse, Carver est le plus grand compositeur écossais de sa génération.

Cary (Tristram)

Compositeur anglais (Oxford 1925).

Il fit à Oxford des études de science et de philosophie (1942, puis 1946-47), ainsi que de musique (1948-1951). Pionnier de la musique électronique dans son pays, il songea à la manipulation du son dès son service dans les radars de la marine durant la guerre, commença à expérimenter en 1947 et, vers 1949, produisit de la musique concrète avec un équipement rudimentaire. Mais les temps n'étant pas mûrs, il écrivit beaucoup de musiques de film (The Lady Killers, 1955) et (pour la chaîne de télévision B.B.C.) de scène (Jane Eyre, 1963 ; Madame Bovary, 1964), tout en se livrant à la composition traditionnelle (Concerto grosso pour 5 vents et 5 cordes, 1961). Le 15 janvier 1968, lors du premier concert à Londres de musique électronique avec des œuvres de compositeurs anglais, on entendit de lui 3.4.5 (1967) et Birth is Life is Power is Death is God is… (1967). Fondateur en 1968 d'un studio de musique électronique au Royal College of Music de Londres, directeur depuis 1969 de Electronic Music Studios Ltd, il ne considère pas la musique électronique comme un domaine isolé du reste, et, dans Continuum (1969), œuvre électronique, adopte une démarche quasi symphonique par certains aspects.

Casadesus

Famille de musiciens français originaire de Figueras, en Catalogne.

 
Luis, violoniste et guitariste (Paris 1850 – id. 1919). Il publia l'Enseignement moderne de la guitare (Paris, 1913).

 
Francis, fils du précédent, violoniste, chef d'orchestre, critique musical et compositeur (Paris 1870 – Suresnes 1954). Élève de Lavignac et de César Franck, violoniste à l'Opéra-Comique, critique musical à l'Aurore, il participa en 1921 à la fondation du conservatoire américain de Fontainebleau et en fut directeur. Il composa des drames lyriques, des ballets, de la musique de scène, de la musique symphonique et de la musique de chambre.

 
Robert-Guillaume, dit Casa, frère du précédent, pianiste, acteur, chansonnier et compositeur (Paris 1878 – id. 1940). Il écrivit des opérettes et des chansons.

 
Henri-Gustave, frère du précédent, violoniste et compositeur (Paris 1879 – id. 1947). Élève de Lavignac et Laforge au Conservatoire de Paris, il fit partie du quatuor Capet de 1910 à 1917. Il était aussi virtuose de l'alto et de la viole d'amour, et c'est la pratique de ce dernier instrument qui l'amena à fonder en 1901 la Société des instruments anciens, qui se produisit dans toute l'Europe jusqu'en 1939, et à reconstituer des œuvres anciennes inédites. Il fut directeur du Théâtre lyrique de Liège et de la Gaîté-Lyrique à Paris et écrivit des opérettes. On lui doit aussi un ouvrage didactique, Méthode de la viole d'amour suivie de 24 Études pour la viole d'amour (Paris, 1931).

 
Marius-Robert, frère du précédent, violoniste et compositeur (Paris 1892 – id. 1981). Virtuose du quinton, instrument de la famille des violes de gambe, il appartint à la Société des instruments anciens, animée par son frère Henri-Gustave, et fonda lui-même l'ensemble Violes et violons. Il écrivit surtout de la musique symphonique et instrumentale.

 
Robert, fils de Robert-Guillaume, pianiste et compositeur (Paris 1899 – id. 1972). Élève de Diémer pour le piano, de son oncle Francis et de Xavier Leroux pour la composition, il fit une brillante carrière de concertiste en Europe et aux États-Unis et enseigna au conservatoire américain de Fontainebleau à partir de 1934. Pianiste sobre, rigoureux, aux interprétations équilibrées, remarquablement construites, gardant grâce à leur pureté une sorte de caractère classique jusque dans la musique des impressionnistes français, il se rendit célèbre notamment dans les œuvres de Mozart, Beethoven, Debussy, Ravel. Il écrivit de la musique symphonique, des œuvres concertantes pour divers instruments, des cadences pour certains concertos pour piano de Mozart, de la musique de chambre. Sa femme Gaby (Marseille 1901), élève de Diémer et de Marguerite Long, et son fils Jean (Paris 1927 – près de Renfrew, Ontario, 1972) furent également pianistes.

Casals (Pablo)
ou Pau Casals

Violoncelliste, chef d'orchestre et compositeur espagnol (Vendrell, prov. de Tarragone, 1876 – San Juan, Porto Rico, 1973).

Il reçut de son père, qui était organiste, ses premières leçons de musique. Il étudia plus tard, à Barcelone, le violoncelle avec José García et l'harmonie avec J. Rodoreda, puis, au conservatoire de Madrid, la musique de chambre avec Jesús Monasterio et le contrepoint avec Tomás Bretón. Violoncelle solo de l'orchestre de l'Opéra de Paris de 1895 à 1898, il fut professeur de violoncelle au conservatoire de Barcelone à partir de 1897. Mais sa renommée croissante l'amena très vite à se consacrer essentiellement à une carrière de concertiste. Passionné de musique de chambre, il forma un quatuor à cordes, dont Mathieu Crickboom était le premier violon, et composa, à partir de 1905, avec Alfred Cortot et Jacques Thibaud, un trio qui est resté légendaire. En 1919, il fonda à Barcelone l'orchestre Pablo-Casals et eut dès lors, au moins occasionnellement, une activité de chef d'orchestre. S'étant établi en France, à Prades (Pyrénées-Orientales), il y créa un festival en 1950. Grâce à sa lucidité, sa bienveillance, son rayonnement et à la vivacité d'esprit qu'il avait conservée, il continua, jusqu'à sa mort, à jour un rôle dans la vie musicale mondiale.

   Devenu de son vivant un personnage de légende, Pablo Casals s'identifie littéralement au violoncelle, qu'il a contribué à mieux faire connaître. Il a révolutionné la technique du coup d'archet et atteint une pureté d'intonation inconnue avant lui. Il a exploré les possibilités jusque-là peu exploitées du registre aigu de l'instrument. De son jeu émanaient de la noblesse, de la profondeur, de la poésie. C'est qui a rendu populaires les œuvres pour violoncelle de Bach et de Beethoven.

   Comme compositeur, il est l'auteur de pièces pour violoncelle solo, violoncelle et piano, violon et piano, d'une Sardana pour ensemble de violoncelles, de pièces de musique sacrée (dont un Miserere) et des oratorios La Visión de Fray Martin et El Pesebre (« la crèche »).