Thayer (Alexander Wheelock)
Écrivain américain (South Natick, Massachusetts, 1817 – Trieste 1897).
Diplômé de Harvard, il passa les années 1849-1851 en Europe à rassembler des matériaux sur Beethoven après avoir constaté les divergences entre les biographies de Schindler d'une part, de Ries-Wegeler d'autre part. Il poursuivit ses recherches à Berlin, dans le but notamment de déchiffrer les Cahiers de conversation, et, à partir de 1858, ayant pu s'installer définitivement en Europe, il travailla à sa propre biographie de Beethoven tout en s'efforçant de rencontrer tous ceux qui jadis avaient connu le compositeur. De 1865 à 1882, il fut consul des États-Unis à Trieste.Trois volumes d'une édition allemande de sa biographie (traduits, édités et révisés par Hermann Deiters) parurent en 1886, 1872 et 1879. Les deux derniers volumes, édités par Hugo Riemann, parurent en 1907-1908 : ils avaient été précédés d'une révision du premier, et devaient encore être suivis de révisions des trois premiers.Une édition anglaise envisagée par Thayer ne put être réalisée de son vivant. La première fut menée à bien par H. Krebhiel (New York, 1921), la seconde par E. Forbes (Princeton, 1964, rév. 1967). Conformément aux intentions de Thayer, Krebhiel puis Forbes éliminèrent toutes les analyses musicales ajoutées dans les éditions allemandes pour se concentrer sur la biographie, Forbes tenant compte en outre des recherches les plus récentes. Le « Thayer-Forbes » reste l'ouvrage de base sur la vie de Beethoven.
Theile (Johann)
Compositeur allemand (Naumburg 1646 – id. 1724).
Étudiant en droit à l'université de Leipzig, il apprit l'art du chant, fut joueur de viole et profita des leçons de Heinrich Schütz, retiré à Weissenfels. Il enseigna ensuite la musique à Stettin et à Lübeck. Maître de chapelle du duc de Holstein à la cour de Gottorf, de 1673 à 1675, il gagna Hambourg l'année suivante et c'est son singspiel, Adam und Eva, oder der erschaffene, gefallene, und wieder aufgerichtete Mensch, qui fut joué pour l'ouverture du célèbre opéra du Marché-aux-Oies (Gänsemarkt). Par la suite, il fut nommé maître de chapelle à la cour de Wolfenbüttel (1685), où il succédait à Rosenmüller, puis à la cour de Merseburg (1691). Revenu à Naumburg en 1694, il travailla un certain temps pour la cour de Berlin. Attaché à l'Opéra de Naumburg, après 1700, il a formé de nombreux musiciens, parmi lesquels Dietrich Buxtehude.
Son œuvre, outre la musique lyrique, comprend vingt messes, une Passion selon saint Matthieu, des cantates, des pièces instrumentales, et aussi des traités théoriques sur le contrepoint (Contrapuncts-Praecepta, etc.). Élève, comme il est dit plus haut, de Schütz, il doit à ce dernier son goût pour la conservation des vieilles règles de composition et a ainsi écrit plusieurs messes in stile antico. Enfin, il fonda une école de contrapuntistes pour l'Allemagne du Nord et du Centre, d'où le surnom de « père du contrepoint » qu'il reçut de ses contemporains. Mais ce respect du répertoire ancien et l'amour de l'œuvre archaïsante ne l'empêchèrent pas d'écrire pour l'église dans le style concertant du temps.
thème
Phrase musicale bien caractérisée (ou fragment de phrase) destinée à réapparaître dans la suite du morceau à titre de rappel ou de base de développement.
À la différence des autres éléments analytiques (incise, cellule, colon, etc.), le thème doit toujours présenter un sens musical complet et rester aisément perceptible à l'auditeur. Le plus souvent, le thème est de caractère mélodique, mais il peut aussi y avoir des thèmes harmoniques, rythmiques, etc. La musique contemporaine tente même d'introduire la notion de « thème de timbres ». Bien qu'aujourd'hui universellement répandue, la notion de thème n'est pas très ancienne, et le terme n'est sans doute pas antérieur au XIXe siècle. (MOTIF, LEITMOTIV, SUJET.)
théorbe (ital. tiorba ; angl. theorbo)
Instrument à cordes pincées de la famille des archiluths.
Il se distingue du luth ordinaire par un deuxième chevillier situé à l'extrémité du manche prolongé sur lequel sont tendues plusieurs cordes graves, sonnant à vide. Autre détail caractéristique : les cordes sont en général simples et non pas doubles comme sur l'archiluth ou le chitarrone. Le diapason des deux cordes aiguës est baissé d'une octave afin d'éviter une tension trop grande.
Selon Mersenne (1636), le théorbe serait une invention italienne : « Il n'y a que trente ou quarante ans que le Bardella (Antonio Bardi) l'inventa à Florence. » L'instrument semble avoir été employé pour la première fois en France dans les concerts de Jacques Mauduit, vers 1610, peut-être sous l'influence de la visite de Giulio Caccini à la cour en 1604-1605. Bien qu'il possède un répertoire de soliste, le théorbe a été surtout employé en France aux XVIIe et XVIIIe siècles pour réaliser la basse chiffrée, improvisant à vue l'accompagnement d'un air de soliste ou complétant l'harmonie dans les ensembles instrumentaux.
Une des premières publications qui font appel à cette technique, alors nouvelle en France, est la Pathodia Sacra et Profana de C. Huygens (Paris, 1647). Puis apparaissent les traités d'accompagnement comme ceux de Nicolas Fleury (Méthode pour apprendre facilement à toucher le théorbe avec la basse continue, 1660) et Denis Delair (1690).
théorie musicale
Le terme peut avoir des sens différents selon qu'il s'applique à la recherche fondamentale ou au domaine scolaire.
1. Au plan fondamental, la théorie est la recherche des principes qui constituent la musique et déterminent son évolution. Elle inclut donc les branches les plus variées : philosophie, esthétique, sociologie, philologie musicale, etc., dont chacune constitue une science plus ou moins autonome, tantôt précise et tantôt conjecturale, en contact permanent avec les autres branches de l'esprit humain : acoustique, physiologie, sciences du langage, symbolique, etc.
2. Sur le plan scolaire, on appelle théorie l'ensemble des règles régissant la lecture ou l'écriture de la musique : la théorie est ainsi l'une des composantes du solfège. Mais on emploie aussi le terme pour désigner l'ensemble des disciplines autres que celles qui concernent la pratique instrumentale ou vocale : solfège, harmonie, contrepoint et fugue, histoire de la musique.