Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
L

Lombardi (Luca)

Compositeur italien (Rome 1945).

Après un baccalauréat au lycée allemand et une licence ès lettres à l'université de Rome, avec une thèse sur Hanns Eisler, il étudie la composition avec Roberto Lupi et Boris Porena au conservatoire Gioacchino-Rossini de Pesaro, et obtient son diplôme en 1970 ; de 1968 à 1973, à Cologne, il étudie avec Bernd Alois Zimmermann et Vinko Globokar et suit les cours de nouvelle musique de K. Stockhausen, H. Pousseur, M. Kagel et D. Schnebel, et découvre la musique électronique avec Herbert Eimert et G. M. König. Invité de l'Académie des arts de la R. D. A., il travaille avec Paul Dessau en 1973. De 1973 à 1978, il est professeur de composition au conservatoire Gioacchino-Rossini de Pesaro, puis à partir de 1980 au conservatoire Giuseppe-Verdi de Milan. On lui doit plusieurs livres et essais sur la musique (Hanns Eisler ; Musica della rivoluzione, Milan, 1978 ; Musik im Übergang, avec H. K. Jungheinrich, Munich, 1977 ; Conversazioni con Goffredo Petrassi, Milan, 1980).

   Ses œuvres, d'inspiration marxiste, recherchent la communication d'un message politique, et, malgré certains traits caractéristiques de la musique postsérielle, relèvent du concept de « nouvelle intelligibilité » (Neue Deutlichkeit). Citons Albumblätter pour piano (1967-68), Wiederkehr pour piano (1971), Non Requiescat. Musica in memoria di H. Eisler pour orchestre de chambre (1973), Canzone pour orchestre de chambre (1974-75), Prima Sinfonia pour orchestre (1974-75), Variazioni su Avanti popola alla riscossa pour piano (1977), Essay pour contrebasse (1975), Essay 2 pour clarinette basse (1979), Hasta que caigan las puertas del odio pour 16 voix, texte de P. Neruda (1976-77), Tui-Gesänge pour soprano et 5 instruments, texte de A. Betz (1977), Variazioni pour orchestre (1977), E subito riprende il viaggio. Frammenti di Ungaretti pour 5 voix (1979-80), Majakowski, cantate pour basse, chœur et 7 instruments (1979-80), Klavierduo pour 2 pianos (1978-79), Celan-Lieder pour soprano et 6 instruments (1985), Faust, un travestimento, opéra en 3 parties (Bâle, 1991).

Lonchampt (Jacques)

Critique musical français (Lyon 1925).

Licencié en philosophie, il a été tout d'abord délégué régional des Jeunesses musicales à Lyon (1946-47), puis en 1947 rédacteur en chef de la revue des Jeunesses musicales de France, devenue plus tard Journal musical français (1948-1960). Il assuma en même temps diverses activités de critique, notamment à Radio-cinéma-télévision, plus tard Télérama (1950-1961). Entré au journal le Monde en 1961 comme critique musical adjoint, il en devint premier critique et chef de rubrique musicale comme successeur de René Dumesnil (1965-1990). Il a écrit notamment les Quatuors de Beethoven (1956), Dictionnaire pratique des compositeurs et des œuvres musicales (2 vol., 1955, 1959), et l'Opéra aujourd'hui (1970).

London (G. Burnstein dit George)

Baryton-basse américain (Montréal 1920 – Armonk, New York, 1985).

Élève de Hugo Strelizer et de Nathan Stewart à Los Angeles, il débuta dans la Traviata au Hollywood Bowl, sous le nom de George Burnson (1941). Il poursuivit ses études à New York et forma le Bel Canto Trio (1947), avec Francis Yeend et Mario Lanza, effectuant avec cette formation de vastes tournées à travers les États-Unis. Sa carrière internationale débuta au Staatsoper de Vienne (1949-1954).

   En 1951, il chanta Amfortas à Bayreuth, partageant dorénavant ses activités entre l'opéra de Vienne et le Metropolitan Opera. Il fut le premier étranger à chanter Boris Godounov (en russe) au théâtre du Bolchoï (1960), et incarna Wotan à Cologne (1962-1964). Il dut interrompre sa carrière pour raisons de santé et se consacra à l'administration artistique, montant intégralement le Ring de Wagner à Seattle (1975), cela pour la première fois en langue anglaise aux États-Unis.

Londres

L'ancienneté des traditions musicales à Londres est liée à la présence des cours royales et des gouvernements, ainsi qu'à l'existence d'établissements religieux comme la cathédrale Saint Paul, et, surtout, l'abbaye de Westminster. Londres est devenu également un centre économique et commercial, dont la prospérité a bénéficié aux institutions culturelles, ce qui en fit un centre d'attraction pour les compositeurs du continent, au XVIIIe et au XIXe siècle notamment : ainsi des compositeurs aussi divers que Haendel, Jean-Chrétien Bach, Haydn, Spöhr, Weber, Chopin, Mendelssohn, Gounod, Verdi, Wagner sont-ils venus chercher le succès sur le sol anglais.

   Aux origines de cette vie musicale, l'abbaye de Westminster, fondée vers 1065 et reconstruite au XIIIe siècle par Henri III, abrita les premiers développements de la polyphonie religieuse en Angleterre. Parmi les organistes qui furent titulaires de son grand orgue, on peut citer Parsons, Orlando Gibbons (1623), John Blow (à partir de 1668, puis, après la mort de Purcell, de nouveau en 1695), et enfin son élève Henry Purcell, de 1679 jusqu'à sa mort. L'abbaye fut le haut lieu de grandes cérémonies festives et funéraires, prétextes à déploiement de musique. C'est à Londres encore que fonctionnait la chapelle royale (the Royal Chapel), qui comprenait, entre autres, un chœur d'enfants (dont Purcell fit partie). Les rois Édouard IV et Richard III, notamment, ont contribué à lui donner un certain lustre ainsi qu'Henri VIII, lui-même compositeur, instrumentiste, et chanteur. C'est sous le règne d'Élisabeth Ire (1558-1603) que cette musique religieuse connut son plus grand épanouissement, avec, notamment, Thomas Tallis, qui partagea avec William Byrd la direction de la « Royal Chapel » ; et la plus grande partie des meilleurs compositeurs anglais du temps furent membres de cette chapelle. La cour royale entretenait aussi des minstrels, pour les divertissements.

   L'opéra anglais serait né à Londres, à partir des « masques » (divertissements scéniques avec musique) et des pièces élisabéthaines. Le premier opéra représenté à Londres fut le Siège de Rhodes, créé en 1656 à Rutland House, et dont la musique était due à cinq compositeurs différents. Peu après la mort de Purcell, grand maître de l'opéra anglais (sa Didon et Énée est créée en privé en 1689, dans la capitale), le XVIIIe siècle londonien subit la mode envahissante de l'opéra italien, entretenue par la présence permanente de quelques étoiles du chant italien (dont certains des grands castrats de l'époque), ainsi que de compositeurs comme Bononcini. Celui-ci devait finir par combattre Haendel, qui, lui aussi, avait d'abord établi son succès à Londres par des opéras en italien (le premier étant Rinaldo, qui triompha en 1711), avant de se tourner vers l'oratorio quand son entreprise périclita. Haendel avait pris la direction, en 1719, de la Royal Academy of Music, compagnie d'opéra établie au théâtre de Haymarket. Cette compagnie vit s'opposer à elle non seulement des Italiens comme Bononcini, mais aussi le théâtre rival du Lincoln's Inn Field, où triompha en 1728 le Beggar's Opera de John Christoph Pepusch, satire de l'italianisme et des mœurs anglaises.

   À la fin du XVIIIe siècle se développèrent notamment de nombreuses entreprises de concerts par souscription, comme les fameux concerts Bach-Abel (1765-1782), organisés par Jean-Chrétien Bach et Carl Friedrich Abel, le Professional Concert (1783-1793), et les concerts de Johann Peter Salomon, qui fit venir Haydn à Londres.

   Au XIXe siècle, la vogue de l'opéra italien revint en force, notamment au théâtre de Covent Garden, et Verdi, entre autres, obtint de grands succès à Londres, en 1861 et 1862. Mais ce siècle vit aussi la création du premier conservatoire de musique, dans le cadre de l'Académie royale de musique, en 1822 ­ une institution dont le conservatisme suscita, par réaction, la naissance, en 1883, du Collège royal de musique. De même, deux orchestres importants y virent le jour : la Société philharmonique, en 1813, devenue plus tard la Royal Philharmonic Society (d'abord consacrée au culte du répertoire symphonique de Beethoven) ; et, par ailleurs, la Nouvelle Société philharmonique. La tradition des pompes haendeliennes n'est pas oubliée, quand Mendelssohn, autre prestigieux invité, vint donner en 1839 à Londres la version anglaise de son oratorio Paulus, dont la popularité influença tout l'oratorio anglais.

   Londres demeure aujourd'hui un grand centre de concerts, avec des formations orchestrales comme le BBC Symphony Orchestra (fondé par sir Adrian Boult), le London Symphony Orchestra, le London Philharmonic Orchestra, fondé par Beecham en 1932, le Philharmonia Orchestra, devenu en 1988 The Philharmonia, et le Royal Philharmonic Orchestra, fondé par Beecham en 1946 ; des ensembles plus réduits comme l'English Chamber Orchestra, l'Academy of Saint Martin-in-the-Fields, fondée par Neville Marriner (et portant le nom d'une célèbre église de style baroque, près d'Oxford Circus), ainsi que le London Sinfonietta, fondé par David Atherton, formation plus spécialement consacrée à la musique contemporaine et moderne, de même que les Fires of London, animés par le compositeur Peter Maxwell Davies. Pour le répertoire ancien, on peut citer The Consort of Musicke, l'English Concert, le London Early Music Group. Des représentations régulières d'opéra sont données par deux compagnies, la Royal Opera Company, au théâtre de Covent Garden, et l'English National Opera Company (fondée par Charles Mackerras), au Coliseum. Parmi les écoles de musique réputées, on peut citer la Royal Academy of Music, le Royal College of Music, la Guildhall School of Music et la Trinity School of Music.