Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
G

Geminiani (Francesco)

Violoniste et compositeur italien (Lucques 1687 – Dublin, Irlande, 1762).

Après des études à Lucques avec son père, il travaille à Milan avec C. A. Lonati, puis à Rome avec Corelli et à Naples avec A. Scarlatti. Après avoir occupé un poste de violoniste à Lucques de 1707 à 1710, il part pour l'Angleterre. De 1733 à 1740, il est à Dublin où il enseigne et donne des concerts privés. Au théâtre Drury-Lane de Londres, il dirige les concerts du Carême de 1740 à 1749. Dans la capitale anglaise, il rencontre Haendel et se fait applaudir comme violoniste. C'est en 1751 qu'il publie à Londres un traité important, The Art of Playing on the Violin (rééd. en fac-similé, 1952). Geminiani fait encore divers séjours à Paris et à Londres, puis se rend à nouveau en Irlande en 1759.

   Compositeur de second plan, il a néanmoins ajouté l'alto au trio traditionnel de solistes (deux violons et basse) dans le concerto grosso, genre qu'il a illustré abondamment, ainsi que la sonate. Geminiani, tout en reprenant les principes formulés par Corelli, a fait progresser la technique du violon, notamment en ce qui concerne le démancher et les doubles-cordes.

Gencer (Leyla)

Soprano turque (Istanbul 1927).

Elle fait ses débuts à Ankara en 1950 dans le rôle de Santuzza (Cavalleria rusticana), puis elle se rend à Milan où elle se perfectionne avec Gianina Arangi-Lombardi qui lui donne la grande tradition de l'opéra romantique. Elle chante au San Carlo de Naples, puis à la Scala de Milan à partir de 1956. Elle y crée l'année suivante le Dialogue des carmélites de Francis Poulenc (rôle de la seconde prieure). Mais bientôt elle se spécialise dans les opéras de Donizetti, à la renaissance desquels elle a beaucoup contribué. Certains opéras de jeunesse de Verdi (La Battaglia di Legnano, I due Foscari) lui doivent également des reprises marquantes, ainsi que des opéras oubliés de Rossini (Elisabetta, regina d'lnghilterra). Dans le répertoire contemporain, elle a aussi défendu l'Ange de feu de Prokofiev.

Gendron (Maurice)

Violoncelliste et chef d'orchestre français (Nice 1920 – Grez-sur-Loing 1990).

Sa vocation fut partiellement déterminée par l'exemple des vedettes de la musique qui se produisaient alors fréquemment entre Cannes et Monte-Carlo. Premier prix du Conservatoire de Paris à l'âge de quatorze ans, il n'a pas attendu d'y être nommé professeur en 1970 pour former de nombreux élèves, dont beaucoup occupent aujourd'hui les premiers pupitres dans des formations mondialement réputées, telles que l'Orchestre philharmonique de Berlin. Son premier coup d'éclat fut la création à Londres en 1945, sous la direction de Benjamin Britten, du Concerto op. 58 de Prokofiev. Partenaire habituel de Yehudi et Hephzibah Menuhin, il enseigne aussi à l'école Menuhin en Angleterre et parcourt le monde non seulement en qualité de virtuose, mais de chef d'orchestre, ayant travaillé cette discipline avec Roger Désormière, Hermann Scherchen et Willem Mengelberg. Parmi ses nombreux enregistrements figurent ceux des concertos de Haydn et de Boccherini sous la baguette de Pablo Casals, qui lui ont valu d'être considéré comme le dauphin du maître catalan.

Generali (Pietro)

Compositeur italien (Masserano, Vercelli, 1773 – Novarre 1832).

Avec Mayr et Fioravanti, on peut tenir Generali pour l'un des meilleurs précurseurs de Rossini, dont il annonça parfois certaines touches expressives. Ses débuts à Rome ­ où il avait étudié ­ avec Gli Amanti ridicoli (1800) lui valurent aussitôt une renommée qui persista longtemps au-delà des frontières, et ses Baccanali di Roma (1816) furent joués jusqu'à La Havane. Une santé précaire qui, plus d'une fois, l'empêcha de parachever ses partitions comme il eût fallu, et l'éclatant succès de Rossini assombrirent son humeur et le menèrent à Barcelone, puis à Lisbonne, avant qu'il n'acceptât le poste de maître de chapelle à Novarre. Excellant dans le genre comique, habile orchestrateur, il se distingua tout autant dans l'opera seria et fut un pédagogue renommé ; il eut notamment pour élève Luigi Ricci. Parmi ses nombreux succès, on retiendra encore L'ldolo cinese (1807), La Moglie giudice del Marito (1809) et surtout Adelina (1810), ainsi que Attila (1812), la Vestale (1816), etc. Sur son monument funéraire, on fit inscrire qu'il avait inventé le procédé du crescendo.

genero chico (esp. ; « petit genre »)

Terme désignant un type de zarzuela en un acte extrêmement populaire en Espagne, et à Madrid en particulier, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.

Il s'agit, en fait, d'une sorte de résurgence de la sainete du XVIIIe siècle, qui dépeignait les coutumes et les mœurs du peuple. De la même façon, le genero chico est une espèce de théâtre miniature, satirique la plupart du temps, et dont les thèmes littéraires sont pris dans le quotidien et la vie du peuple, et les thèmes musicaux, dans la tradition folklorique espagnole et, principalement, madrilène. Les meilleurs auteurs de pièces de théâtre de l'époque n'ont pas hésité à écrire des livrets de genero chico tels, par exemple, Carlos Fernandez Shaw (qui écrivit également La Vida breve, mis en musique par M. de Falla) ou Ricardo de la Vega, auteur, entre autres, de la Verbena de la Paloma, qui, sur une musique de T. Breton, eut un succès retentissant. Parmi les principaux compositeurs de genero chico, citons d'abord Francisco Aranjo Barbieri, initiateur du renouveau national dans la musique espagnole, T. Breton, Geronimo Gimenez, dont El Baile de Luis Alonso assura la célébrité, José Serrano, auteur prolifique, et surtout R. Chapi et Federico Chueca, véritable Strauss madrilène. La popularité fulgurante du genre se traduisit par la construction, à Madrid seul, de 11 théâtres réservés à ce type de divertissement. Elle était due, à la fois, au caractère populaire de la pièce et à l'attention dont l'ont entourée d'éminents auteurs, mais aussi à sa courte durée, liée à la tradition de l'époque du théâtre par « section » (les établissements vendaient, pour une somme modique, des billets valables pour la durée d'un acte seulement).