Franck (Melchior)
Compositeur allemand (Zittau, Saxe, v. 1580 – Cobourg 1639).
Il commença à étudier la musique dans sa ville natale et vécut successivement à Augsbourg, où il fut chantre, à Nuremberg, et à Cobourg où il fut maître de chapelle de 1603 à sa mort. Son œuvre, qui comprend principalement des lieder polyphoniques et des danses conçues pour toutes sortes d'instruments, se situe dans la lignée de la musique polyphonique du XVIe siècle, mais révèle également l'influence de la musique italienne et celle des mélodies populaires. Parmi ses publications, on peut citer ses Newe Pavanen, Galliarden und Intraden (Cobourg, 1603), 4 volumes de Sacrae Melodiae (1601, 1604, 1605, 1607), 4 volumes de Laudes Dei vespertinae (Cobourg, 1622), le Paradisus musicus (1636) ; 2 volumes de Deutsche weltliche Gesäng und Täntze (Cobourg, 1604, 1605), ainsi que les Viertzig neue deutsche Täntze, avec instruments (1623).
franco-flamande (musique)
Le terme de musique franco-flamande est couramment utilisé par les musicologues pour désigner le vaste foyer où se développa la polyphonie vocale, profane et religieuse, après la période de l'Ars nova et avant l'ultime floraison de la Renaissance, c'est-à-dire à la fin du XIVe et durant presque tout le XVe siècle.
Géographiquement, ce foyer se confond avec le duché de Bourgogne, fondé en 1363 lorsque Jean le Bon en donna la possession à son fils Philippe le Hardi, et agrandi en 1430 par l'annexion des provinces septentrionales. Le duché perdit son existence politique en 1482, avec le rattachement de la Bourgogne à la couronne de France, tandis que les Flandres passaient à l'empire. Mais il avait constitué, un siècle durant, une zone d'influences et de rayonnement artistique intense entre le royaume de France et les possessions germaniques.
Pour bien saisir ce que signifie cette expression de musique « franco-flamande », il faut la rapprocher d'une réalité historique, celle de la guerre de Cent Ans. Pendant cette période, en effet, la vie créatrice avait reflué des régions occidentales, où se déroulaient les combats, vers le duché de Bourgogne, où les arts étaient largement favorisés en de nombreuses villes, de Dijon à Anvers, en passant par Cambrai ou Arras, Saint-Quentin ou Bruges. Chapelles ducales et service des églises accueillaient les musiciens, que les princes emmenaient d'ailleurs dans leur suite lors de leurs nombreux déplacements, suscitant ainsi de fructueux échanges artistiques. Poètes-musiciens vivant à l'ombre des églises, parfois prêtres eux-mêmes, ces compositeurs circulent souvent beaucoup, menant une véritable carrière internationale, comme Brumel. Certains s'en vont même jusqu'en Italie du Nord, dans des centres tels que Milan ou Ferrare (Obrecht y est mort).
Lorsqu'ils écrivent des chansons polyphoniques profanes, c'est en langue française la langue que parlent la plupart d'entre eux , ce qui les rattache à la tradition de l'Ars nova. Mais ils n'en sont pas moins et avant tout hommes des provinces du Nord ; leur attrait pour l'emploi d'une polyphonie complexe dans la musique religieuse va faire progresser considérablement l'écriture contrapuntique savante, qui va ensuite se répandre par toute l'Europe du XVIe siècle. À la fin du XVe siècle, en effet, lorsque finit la guerre de Cent Ans, le style religieux de la musique franco-flamande prend ses distances d'avec celui du gothique français pour s'européaniser, en même temps qu'il perdra de sa sévérité et du caractère de jeu savant, raffiné mais abstrait, qu'il avait fini par revêtir.
À la musique franco-flamande se rattachent les principaux musiciens suivants : Gilles Binchois (Mons v. 1400-Soignies 1460), Guillaume Dufay ( ? v. 1400-Cambrai 1474), Anthoine Busnois (Busne ?-Bruges 1492 ?), Johannes Ockeghem (Flandres v. 1425-Tours v. 1495), Josquin Des Prés (Picardie v. 1440-Condé-sur-Escaut 1521 ?), Jacob Obrecht (Berg-op-Zoom 1450-Ferrare 1505), Loyset Compère ( ? v. 1450-Saint-Quentin 1518).
Si la notion de « musique franco-flamande » demande à être précisée et utilisée avec discernement, celle d'« école franco-flamande », parfois employée, ne recouvre quant à elle aucune réalité historique ni artistique, du fait de la multiplicité des centres musicaux et de la diversité des compositeurs qui s'y rencontrent.
Francœur
Famille de musiciens français.
Joseph (Paris v. 1662 – id. v. 1741). Il appartint aux Vingt-Quatre Violons du roy.
Louis (Paris v. 1692 – id. 1745), fils du précédent. Élève de son père, il fut à la tête des Vingt-Quatre Violons du roy à partir de 1717. Il a laissé deux livres de Sonates pour violon seul et basse.
François. Violoniste, compositeur et chef d'orchestre (Paris 1698 – id. 1787). Fils de Joseph. Élève de son père, il entra à quinze ans dans l'orchestre de l'Opéra. Après avoir publié un 1er Livre de sonates à violon seul et basse continue (1720), il séjourna à Vienne et Prague et s'y produisit en soliste. Rentré en France en 1725, il donna avec François Rebel des duos de violons au Concert spirituel et signa avec lui son premier opéra, Pyrame et Thisbé, représenté avec grand succès à l'Académie royale de musique en 1726. Il fut nommé en 1727 compositeur de la Musique de la chambre du roi et publia un 2e Livre de sonates après 1730. Nommé chef d'orchestre à l'Opéra en 1733, il dirigea la première œuvre lyrique de Rameau, Hippolyte et Aricie. Il fut, avec son inséparable ami Rebel, promu en 1743 inspecteur de l'Académie royale, puis directeur de 1749 à 1753 et de 1757 à 1766. Ils accueillirent à l'Opéra Zoroastre de Rameau, mais aussi la troupe italienne qui fut à l'origine de la Querelle des bouffons. Durant la seconde période de leur direction, ils créèrent en particulier plusieurs œuvres de Dauvergne. Des intrigues consécutives à l'incendie de la salle du Palais-Royal en 1763 les incitèrent à démissionner. Entre-temps, toujours avec Rebel, Francœur avait composé une dizaine d'ouvrages lyriques et de ballets.
Louis-Joseph. Compositeur et chef d'orchestre (Paris 1738 – id. 1804). Neveu et élève de François Francœur, il fut nommé en 1762 surintendant de la Musique du roi et fut de 1767 à 1780 chef d'orchestre à l'Opéra, où il dirigea de nombreuses premières dont celles d'Iphigénie en Aulide, Orphée et Eurydice, Alceste et Armide de Gluck. Choisi en 1791 comme régisseur général de l'Opéra, et en 1792 comme directeur, avec Cellerier, pour une durée de trente ans, il devint suspect l'année suivante et fut arrêté. Libéré après le 9-Thermidor, il abandonna toute activité. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages lyriques (dont seul Lindor et Ismène, en 1 acte, 1766, fut représenté), d'œuvres pour violon et d'un traité d'instrumentation, Diapason général de tous les instruments à vent.