Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

Colonna (Giovanni Paolo)

Compositeur italien (Bologne 1637 – id. 1695).

Fils du facteur d'orgues Antonio Colonna, il eut pour maîtres Carissimi, Abbatini et Benovoli. Organiste de Saint-Apollinaire à Rome, puis, à Bologne, de San Petronio, où il devint maître de chapelle de cette église en 1674, il fut l'un des fondateurs de l'Accademia dei filarmonici, qui devait compter plus tard des noms illustres, dont Mozart lui-même ; il compta parmi ses élèves G. B. Bononcini. Presque toutes ses œuvres sont de la musique religieuse (messes, 1684, 1685, 1691 ; psaumes, 1681, 1683, 1694 ; motets, 1681 ; litanies, 1682 ; des oratorios en manuscrit). Par ailleurs, il est l'auteur de quatre opéras, dont Amilcare (Bologne, 1692).

Colonne (Judas Colonna, dit Édouard)

Violoniste et chef d'orchestre français (Bordeaux 1838 – Paris 1910).

Issu d'une famille nombreuse, peu fortunée, il sut s'imposer par sa ténacité. Élève, au Conservatoire de Paris, de Narcisse Girard, Elwart et Ambroise Thomas, il obtint ses prix d'harmonie en 1858 et de violon en 1863. Mais il était déjà premier violon dans l'orchestre Pasdeloup. Il entra alors à l'orchestre de l'Opéra. Participant à une tournée de concerts aux États-Unis, il y eut l'occasion de faire ses débuts de chef d'orchestre. De retour à Paris, il fonda, en 1873, avec le concours de l'éditeur Hartmann, le Concert national, installé au théâtre de l'Odéon et où furent créés, l'année suivante, sous sa direction, les Erinyes et Marie-Magdeleine de Massenet. En 1874, le Concert national devint l'Association artistique et se transporta au Châtelet, où il prit plus tard le nom de Concerts Colonne. Promu chef à l'Opéra (1891), Édouard Colonne y conduisit Lohengrin debout, ce qui était alors une nouveauté dans la direction d'un ouvrage lyrique. Il devait notamment créer au Palais Garnier Samson et Dalila de Saint-Saëns et la Walkyrie de Wagner.

   Chef aux interprétations chaleureuses, Colonne joua un grand rôle dans la formation musicale de sa génération, grâce à l'intérêt soutenu des programmes qu'il jouait, notamment à la tête de son association. Il travailla à imposer définitivement Berlioz, contribua à la diffusion de l'art de Wagner et Tchaïkovski et fit connaître aux Parisiens Bizet, Gounod, Saint-Saëns, Lalo et, plus tard, Chausson, Debussy et Gustave Charpentier.

color (ital. ; « couleur »)

Ce terme peut avoir deux significations, distinctes, mais mal déterminées.

1. À partir du XIIe siècle, color s'applique à tout moyen destiné à rendre la musique plus belle. Il s'agit en général d'orner la ligne mélodique, mais une dissonance peut également remplir ce même rôle, tout comme, à titre de citation, l'emploi de mélodies provenant d'autres œuvres. De nos jours, la musicologie, au sujet du motet polyphonique des XIVe et XVe siècles, emploie color pour parler de la répétition d'une cellule mélodique (la répétition d'une cellule rythmique étant appelée talea).

2. Procédé de notation qui utilise des teintes différentes pour colorer les notes, ce qui modifie le rythme à la lecture. Dans les manuscrits du XIVe siècle, on trouve des notes rouges à la place des notes noires ; une note colorée prend une valeur moindre. Au cours du siècle, ces notes noires sont à leur tour évidées (avènement du papier) et les nouvelles blanches deviennent les valeurs les plus fréquentes ; une note noire est désormais considérée comme colorée.

   Les notes colorées peuvent aussi être la marque du cantus firmus. En revanche, au XVIe siècle, le color, utilisé dans les chansons et madrigaux, n'a plus de signification rythmique et se réfère au sens du texte littéraire.

coloration (lat. colorare, « orner »)

Terme d'écriture musicale qui consiste à orner et à embellir une mélodie, afin de la transformer.

Ce procédé employé depuis le XIVe siècle fut très utilisé au XVIIe siècle (superius des œuvres polyphoniques), puis au XVIIe pour les parties supérieures des pièces de luth, de clavecin et d'orgue.

colorature

1. Ornementation virtuose d'une mélodie vocale, soit écrite par le compositeur lui-même, soit laissée à l'improvisation du chanteur. Le terme est synonyme de la diminution, de la fioriture, de la vocalise ou du passage et s'applique parfois aussi à un type d'écriture instrumentale ornée. Le goût pour l'embellissement virtuose d'une ligne mélodique est la composante essentielle du style bel canto italien, qui a dominé la musique vocale des débuts de la monodie accompagnée à l'aube du XVIIe siècle jusqu'aux œuvres lyriques de Rossini, Bellini et Donizetti. Le triomphe du chant colorature se situe au XVIIIe siècle dans la forme de l'air à da capo, air pourvu d'une reprise de la première partie, qui devient le véhicule de sortes de prouesses vocales et de virtuosité parfois exagérées et critiquables. L'époque romantique, tout en préservant la technique du bel canto, diminue l'importance du chant colorature qui disparaît peu à peu. On peut le constater dans les opéras de Verdi : Léonora (le Trouvère) est encore un rôle très vocalisant ; en revanche, quatorze années plus tard, celui d'Élisabeth (Don Carlos) est déjà d'une écriture nettement plus épurée.

2. Nom impropre donné au soprano léger, possédant de grandes facilités dans l'aigu et capable d'atteindre des notes exceptionnelles (contre fa ou sol). Par exemple, le rôle particulièrement brillant de la Reine de la Nuit (la Flûte enchantée de Mozart) est confié traditionnellement à un soprano dit « colorature ».

Combarieu (Jules)

Musicologue français (Cahors 1859 – Paris 1916).

Élève de Philipp Spitta à l'université de Berlin, il poursuivit ses études à la Sorbonne et soutint en 1894 une thèse sur les Rapports de la musique et de la poésie considérées du point de vue de l'expression. Professeur de musicologie au Collège de France de 1904 à 1910, il avait fondé, en 1901, la Revue d'historique et de culture musicale. Esprit scientifique, trop systématique peut-être, mais ouvert à des méthodes de travail qui, à son époque, n'étaient pas ­ en France du moins ­ d'usage courant, Jules Combarieu eut le mérite d'élargir le champ de la musicologie en lui associant d'autres disciplines telles la philologie, l'histoire des religions, l'ethnologie, la sociologie.