Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
A

Agricola (Alexander)

Compositeur qui serait originaire du nord de l'Allemagne (v. 1446 Valladolid, Espagne, 1506).

Il fut au service du duc Galeazzo Maria Sforza à Milan (1471-1474), du duc de Mantoue (1474), puis chantre de Laurent le Magnifique à la cathédrale de Florence. Regagnant les pays du Nord, il passa par la cour de France avant d'entrer au service de Philippe le Beau à Bruxelles (1500). Suivant la cour en Espagne, il y mourut de la peste. Agricola n'a guère subi l'influence de l'Italie. Il faut dire que, lors de son séjour dans ce pays, il côtoya des Italiens sans doute, mais aussi, à Florence, Obrecht, Isaac et surtout Josquin Des Prés, dont il se montra l'émule. Un esprit novateur et indépendant se révèle à travers ses 9 messes, ses 2 credos isolés, ses quelque 25 motets et ses 82 chansons.

Agricola (Johann Friedrich)

Compositeur et organiste allemand (Dobitschen, près d'Altenburg, 1720 – Berlin 1774).

Élève de Bach (dont il fut l'un des nécrologues) à Leipzig et de Quantz à Berlin, il succéda en 1759 à C. H. Graun à la tête de la chapelle royale de cette ville et composa surtout des lieder et de la musique religieuse.

Agricola (Martin Sore, dit Martin)

Compositeur et théoricien allemand (Schwiebus, Silésie, 1486 ? – Magdebourg 1556).

Fils de paysans, autodidacte en musique selon ses propres dires, Agricola se fixa à Magdebourg vers 1519-20, y fut nommé cantor de l'école municipale vers 1527 et le resta jusqu'à sa mort. Par ses compositions, il a contribué à la formation du répertoire liturgique protestant. Les quelques pages qui ont échappé à la destruction de Magdebourg (1632) permettent de le rattacher à l'école de Josquin Des Prés. Il joua un rôle pédagogique important en rédigeant des ouvrages qui servirent ensuite de base à l'enseignement musical dans les écoles protestantes : traités de chant choral à l'usage des jeunes enfants, écrits théoriques dans lesquels, en particulier, il proposa des équivalents en langue allemande pour des termes latins employés exclusivement jusqu'alors.

Aguado y García (Dionisio)

Guitariste et compositeur espagnol (Madrid 1784 – id. 1849).

Contemporain et ami de Sor, après des débuts très précoces et une carrière en Espagne, il vécut à Paris (1825-1838), où il obtint de grands succès et fit l'admiration de Rossini, Bellini et Paganini. Il écrivit de nombreuses pièces diverses pour guitare, et un manuel, Metodo de guitarro (1825), encore utilisé de nos jours.

Aguiar (Alexandrede)

Compositeur portugais († Talavera 1600).

Poète et instrumentiste, il fut ménestrel à la cour du roi Sébastien et du cardinal Henri de Portugal. Il reçut le surnom d'Orphée à la cour de Philippe II d'Espagne, où il jouit d'une grande réputation. Ses Lamentations de Jérémie ont été chantées pendant de longues années à Lisbonne à l'occasion de la semaine sainte.

Aguiari (Lucrezia) , dite La Bastardella ou La Bastardina
ou Lucrezia Agujari, dite La Bastardella ou La Bastardina

Soprano italienne (Ferrare 1743 – Parme 1783).

Sa brève carrière fut éclatante. Elle déchaîna l'enthousiasme en ltalie, puis à Londres, et se retira de la scène en 1780. Sa voix très souple, au timbre agréable, atteignait dans l'aigu des sommets vertigineux. En 1770, à Parme, elle suscita l'admiration de Mozart en exécutant devant lui un exercice en vocalises s'étendant de l'ut3 à l'ut6.

Aguilera de Heredia (Sebastián)

Organiste et compositeur espagnol (v. 1560-1570 – Saragosse 1627).

Il fut organiste à Huesca, puis à Saragosse (1603). Disciple de Peralta, mais influencé par l'art de Cabezón, il est le meilleur représentant de la musique de l'Aragon. Il a laissé des pièces pour orgue, des psaumes et un magnificat (Canticum Beatissimae Virginis…, 1618).

Aguirre (Julian)

Compositeur, pédagogue et critique argentin (Buenos Aires 1868 - id. 1924).

Après des études au conservatoire de Madrid et un séjour à Paris, il regagna Buenos Aires et s'y consacra à une carrière de professeur de piano. Son œuvre de compositeur (comprenant des pièces symphoniques, de la musique de chambre, des pièces pour piano et des mélodies) a porté la marque de l'influence française et espagnole, avant de revêtir un caractère nettement argentin par les allusions au folklore.

Ahle (Johann Rudolf)

Compositeur, organiste et théoricien allemand (Mühlhausen, Thuringe, 1625 – id. 1673).

Il fut cantor à l'église Saint-André d'Erfurt, puis, dès 1654, revint dans sa ville natale pour y être organiste et bourgmestre. Il publia divers recueils de compositions, destinées aux instruments et aux voix, de caractère presque exclusivement religieux, et deux traités. Son influence sur la musique protestante fut considérable au XVIIIe siècle. Son fils, Johann Georg (1651-1706), devait prendre sa suite dans le domaine de la musique religieuse.

Aho (Kalevi)

Compositeur finlandais (Forssa 1949).

Élève de E. Rautavaara à l'académie Sibelius et de Boris Blacher à Berlin, il s'imposa avec sa Symphonie no 1 (1969), influencée par Chostakovitch, et son Quatuor à cordes no 2 (1970), et termina sa Symphonie no 2 (1970) avant même d'obtenir son diplôme de composition (1971, année de son Quatuor à cordes no 3). Les années 70 furent dominées par la symphonie ­ la violente et massive Cinquième est de 1975-1976, la « moderniste » Sixième de 1979-1980 ­ et la musique de chambre. La Septième Symphonie, dite Symphonie des Insectes, ne suivit qu'en 1988. Elle est issue de l'opéra Vie des insectes (1985-1987), d'après la pièce de Karel et Josef Capek. La très vaste Huitième (1993) est pour orgue et orchestre, et la Neuvième (1993-1994), plus légère, pour trombone et orchestre. Ses trois Concertos ­ pour violon (1981), pour violoncelle (1983-1984) et pour piano (1988-1989) ­ sont de conception nettement symphonique.

   On lui doit aussi la Clé, monologue dramatique pour chanteur soliste et orchestre de chambre (1978-1979). Il a enseigné la musicologie à l'université d'Helsinki, puis la composition à l'académie Sibelius de 1988 à 1993. Depuis cette date, une bourse de quinze ans de son gouvernement lui permet de se consacrer entièrement à la composition.