Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
A

Atwood (Thomas)

Compositeur et organiste anglais (Londres 1765 – id. 1838).

Protégé du prince de Galles, il séjourna de 1783 à 1785 à Naples, et de 1785 à 1787 à Vienne, où il fut élève de Mozart, qui semble l'avoir fort apprécié. Organiste à Saint-Paul de Londres en 1795, il écrivit les hymnes pour les couronnements de George IV (1821) et de Guillaume IV (1831), et, à cette époque, se lia d'amitié avec Mendelssohn.Il écrivit d'abord beaucoup pour la scène, puis se tourna surtout vers la musique religieuse. Ses devoirs de théorie et de composition avec Mozart ont été publiés en 1965.

aubade

Concert de voix ou d'instruments donné à l'aube sous les fenêtres d'un personnage important ou d'un être cher.

Son origine remonte au XVe siècle et sa pratique fut fréquente au XVIIe et au XVIIIe siècle, pour honorer de hauts personnages. À partir du XIXe siècle, plusieurs compositeurs, Bizet, Lalo, Rimski-Korsakov, Ravel (Alborada del gracioso), Poulenc, ont donné ce titre à des œuvres de même esprit, de forme libre, instrumentales ou symphoniques.

Auber (Esprit)

Compositeur français (Caen 1782 – Paris 1871).

Son père recevait chez lui musiciens et artistes ; cette atmosphère eut une influence sur l'enfant. Celui-ci composa très tôt des romances qui enchantèrent les salons du Directoire. Envoyé en Angleterre pour s'initier au négoce, il revint en France en 1804 sans avoir oublié sa vocation musicale. Un concerto pour violon et un ouvrage lyrique, l'Erreur d'un moment, furent joués en 1806. Sous la férule de Cherubini, qui s'intéressait à lui, il écrivit des œuvres religieuses et un opéra-comique, Jean de Couvin (1812). Mais ses premiers succès à Paris ne vinrent qu'avec la Bergère châtelaine (1820) et Emma (1821), joués à l'Opéra-Comique.

   Avec Leicester (1823) commença la collaboration d'Auber avec Scribe. Tous deux devinrent les meilleurs fournisseurs de l'Opéra et de l'Opéra-Comique. Près de cinquante partitions lyriques d'Auber y furent créées. Le compositeur toucha à tous les sujets, tous les genres, mais non à tous les styles de musique. La Neige (1823) reste une exception dans son œuvre par son caractère rossinien et ses abondantes vocalises. Le compositeur demeura dans l'ensemble fermé aux influences italienne et allemande. Le Maçon (1825) illustre parfaitement son inspiration dans le domaine de l'opéra-comique, élégante, pétulante, nuancée, recourant à des thèmes très caractéristiques, qui se gravent dans la mémoire, et à une écriture extrêmement sûre. Avec la Muette de Portici (1828), qui précède d'un an Guillaume Tell de Rossini et de trois ans Robert le Diable de Meyerbeer, il ouvrit l'ère du grand opéra historique, à mise en scène spectaculaire. Cette œuvre est d'une puissance et d'une passion surprenantes et convaincantes : lors de son exécution à Bruxelles en 1830, le duo « Amour sacré de la patrie » donna le signal des troubles révolutionnaires qui entraînèrent la séparation de la Belgique et de la Hollande. La Fiancée (1829), le Philtre (1831), le Cheval de bronze (1835), le Domino noir (1837), les Diamants de la Couronne (1841) connurent une faveur durable. Quant au succès de Fra Diavolo (1830), il s'est prolongé jusqu'à nos jours. Ajoutons qu'Auber écrivit une Manon Lescaut (1856) et un Gustave III (1833), dont le sujet est le même que celui d'Un bal masqué de Verdi.

   Auber entra à l'Institut en 1829, fut nommé l'année suivante directeur des concerts de la Cour, succéda à Cherubini comme directeur du Conservatoire en 1842 et fut maître de Chapelle de la Cour impériale à partir de 1857.

Aubert (Jacques) , dit le Vieux

Violoniste et compositeur français ( ? 1689 – Belleville, Paris, 1753).

Élève de J.-B. Senallié, il fut nommé musicien du prince de Condé, en 1719, et devint intendant de la musique à Chantilly, probablement en 1722. Son opéra la Reine des Péris, représenté en 1725, déconcerta le public, habitué aux sujets mythologiques. Aubert a introduit en France le concerto pour violon en trois mouvements (1735), emprunté aux Italiens, ainsi que leur instrumentation (deux parties de violon et basse continue). Il a composé 5 livres de sonates pour son instrument.

Aubert (Louis)

Pianiste et compositeur français (Paramé, Ille-et-Vilaine, 1877 – Paris 1968).

Venu à Paris à dix ans, il y devint immédiatement célèbre grâce à sa voix de soprano et fut, en 1888, le créateur du Pie Jesu dans le Requiem de Fauré. Ce dernier fut son professeur de composition au Conservatoire. Dans un style sensible et distingué procédant de Fauré et de Debussy, Aubert écrivit de la musique instrumentale, en particulier pour piano, des poèmes symphoniques, des œuvres chorales, de nombreuses mélodies et des ballets. Excellent orchestrateur, il fit des arrangements de partitions de Tchaïkovski, Chopin, Offenbach pour des spectacles de ballets à l'Opéra. Il pratiqua aussi la critique musicale. Il fut élu à l'Institut en 1956.

Aubin (Tony)

Compositeur et chef d'orchestre français (Paris 1907 – id. 1981).

Au Conservatoire, il travailla la direction d'orchestre avec Philippe Gaubert et la composition avec Paul Dukas. Il obtint, en 1930, le premier grand prix de Rome pour sa cantate Actéon. En 1944, il fut nommé chef d'orchestre à la radio et commença à diriger des concerts dans les associations symphoniques de la capitale. Professeur de composition au Conservatoire à partir de 1946, il devint membre de l'Institut en 1975. Aubin possède le sens de la poésie et de l'émotion intérieure, et, s'il s'inspire volontiers de l'austérité de César Franck, il s'abandonne sans effort à la délicatesse d'un Ravel. Son écriture méticuleuse est dans l'ensemble traditionnelle, mais non conventionnelle. Sa production, peu abondante, est de grande qualité : musique de piano, musique de chambre, œuvres vocales et symphoniques, ces dernières incluant des musiques de film ; pour le théâtre, il a écrit des ballets et l'opéra Goya (1974).

Aubry (Pierre)

Musicologue français (Paris 1874 – Dieppe 1910).

Ce chartiste, qui enseigna à l'Institut catholique de Paris et à l'École pratique des hautes études, fut un des pionniers de la musicologie médiévale. Dès 1898, il entreprit d'étudier les troubadours et les trouvères à la lumière de la doctrine des modes rythmiques élaborée par les théoriciens du XIIIe siècle. Ses écrits comprennent : les Proses d'Adam de Saint-Victor (1900), Lais et descorts français du XIIIe siècle (1901), Trouvères et troubadours (1909).