Pedrell (Felipe)
Compositeur, folkloriste et musicologue espagnol (Tortosa, Catalogne, 1841 – Barcelone 1922).
Presque autodidacte, il suivit les classes d'histoire et d'esthétique musicale au conservatoire de Madrid, et écrivit d'abord des opéras (le Dernier des Abencérages, Quasimodo) et des poèmes chantés (le Chant de la montagne, Invocation à la nuit). Dès 1891, son essai Pour notre musique attira l'attention des musiciens sur la haute tradition polyphonique de l'Espagne et l'immense richesse de ses chants populaires. La même année, il termina sa trilogie les Pyrénées. Plus qu'à la composition, c'est à son œuvre de folkloriste qu'il se consacra désormais, avec compétence et prosélytisme : en témoigne sa contribution à la résurrection de Tomas Luis de Vittoria, dont il édita les œuvres complètes (8 vol., Leipzig, 1902-1913).
Professeur d'esthétique musicale au conservatoire de Madrid, Pedrell enseigna également l'harmonie et la composition à Albéniz, Granados, Vivès et De Falla. Le Cancionero popular español, qu'il devait laisser inachevé, est la synthèse de toutes ses recherches. Cet important travail d'érudition et de réalisation de musique ancienne a mis au second plan l'œuvre de Pedrell comme compositeur. Il en conçut une grande amertume que l'enthousiasme de quelques admirateurs (dont De Falla) ne put dissiper.
Promoteur et chef de l'école moderne espagnole, Pedrell a réussi à l'intégrer dans le mouvement musical européen.
Peeters (Flor)
Organiste, compositeur et pédagogue belge (Tielen 1903 – Anvers 1986).
Élève de l'Institut Lemmens de Malines, puis, au Conservatoire national supérieur de Paris, de Marcel Dupré et de Charles Tournemire, il est depuis 1923 titulaire des orgues de la cathédrale de Malines. Professeur à l'Institut Lemmens (1923-1952), au conservatoire de Gand (1931-1948) et à celui de Tilburg (1935-1948), il a été nommé professeur au Conservatoire flamand d'Anvers en 1948, avant d'en devenir le directeur de 1952 à 1968. Il a écrit de nombreuses pièces pour orgue, de la musique religieuse, de la musique de chambre et symphonique, et publié des recueils de musique ancienne et des méthodes d'orgue.
Peire Vidal
Troubadour provençal ( ? v. 1170 – ? v. 1210).
Sa vie, dont certains points restent imprécis, donna lieu à de nombreuses légendes. Il mena un mode d'existence itinérant, qui le conduisit successivement à la cour de Raimon II de Toulouse, à celle de Barral de Marseille, du roi Alphonse II d'Aragon, et de Boniface de Montferrat. Il séjourna également à Pise et à Gênes, fit un voyage en Hongrie, et participa peut-être à la 3e croisade. Il vécut quelque temps à Malte, et mourut vraisemblablement à Salonique. On a retrouvé une cinquantaine de ses chansons, dont 12 avec la musique notée, parmi lesquelles Anc no mori per amour, Bem pac d'ivern e d'estieu, Quant hom es en autrui poder ; elles montrent un esprit à la fois sensible, imaginatif et ironique, et révèlent une invention mélodique originale.
Peixinho (Jorge)
Compositeur portugais (Montijo 1940 – Lisbonne 1995).
Il étudie la composition et le piano au Conservatoire de Lisbonne et poursuit ses études à Rome, notamment sous la direction de Petrassi. Il passe son diplôme à l'Académie Sainte-Cécile en 1961 mais travaille ensuite à Venise avec Luigi Nono, ainsi qu'à Bâle avec Pierre Boulez et Karlheinz Stockhausen en tant que boursier de la Fondation Gulbenkian. Ses premières œuvres sont d'inspiration postwebernienne, mais il a peu à peu évolué vers un style plus libre, intégrant l'improvisation collective et la musique électronique. Il a enseigné la composition au Conservatoire de Lisbonne, a fondé le Grupo de música contemporânea de Lisboa (1970), a travaillé dans bon nombre de studios (notamment à Bourges, au G.M.E.B., où l'on crée en 1992 la Forêt sacrée). On lui doit notamment Políptico pour orchestre (1960), Cromomorfose pour 12 instruments (1963-1968), Diafonia 2 pour ensemble (1963-1965), Ma fin est mon commencement pour 7 instruments (1972), Succecões simétricas 3 pour orchestre de chambre (1974), Madrigal pour chœur (1975). Dans sa dernière période créatrice (Canto germinal, musique électronique, 1989 ; Alis pour orchestre à cordes, 1990 ; et, surtout, Floreal pour flûte, clarinette basse, harpe, célesta, violon et alto, 1992), Peixinho développe des structures musicales de type processuel dont l'évolution est basée sur un petit nombre de principes exploités d'une manière cohérente et rigoureuse.
Pellegrin (Simon-Joseph, dit l'Abbé)
Librettiste, poète et écrivain français (Marseille 1663 – Paris 1745).
Après être entré dans les ordres, il devient aumônier de la marine et effectue alors deux voyages en Orient. À son retour en 1703, il se met à écrire et remporte divers prix littéraires, dont celui de l'Académie française en 1704, ce qui lui attire la protection de Mme de Maintenon. Elle le fait entrer à Cluny et, à partir de cette époque, il mène de front ses fonctions religieuses et ses activités littéraires, fournissant livrets d'opéras et pièces à tous les théâtres parisiens, et composant pour l'école de Saint-Cyr psaumes, cantiques et noëls sur des airs d'opéras célèbres, sa prolixité étant souvent au détriment de la qualité de ses vers. Il finit par être excommunié par le cardinal de Noailles, jugeant ces deux activités incompatibles. Son premier livret d'opéra, Renaud, suite d'Armide, est mis en musique par Desmarets en 1705. Il collabore ensuite avec Destouches, Campra, Colin de Blamont, Montéclair et Rameau, entre autres, essayant de rénover la tradition fixée par Lully. Enfin, en 1732, il crée le premier opéra biblique avec Jephté, mis en musique par Montéclair. La même année, sa collaboration avec Rameau (pour lequel il écrira plus tard les Fêtes d'Hébé) aboutit à Hippolyte et Aricie (1733), qui provoque la fameuse querelle des ramistes et des lullystes. Son talent, bien qu'un peu dispersé, était certain et particulièrement bien adapté à la création musicale. Il jouit d'une très grande célébrité dans la première moitié du XVIIIe siècle.