Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

canonique

Qui fait appel au style du canon. Bach a écrit des Variations canoniques (Kanonische Veränderungen) sur le choral « Vom Himmel hoch ».

canso (provençal ; « chanson »)
ou canzo (provençal ; « chanson »)

Pièce musicale et poétique des troubadours du XIIe siècle.

La forme est celle d'une série de couplets (« coblas »), pour lesquels est composée une musique originale, fondée sur les échelles modales. Très voisin de l'hymne et du versus latin, le canso chante l'amour courtois avec une extrême richesse d'invention. Dépourvu d'accompagnement dans les chansonniers, il recevait un soutien instrumental, comme l'atteste l'iconographie.

   Parmi les compositeurs de canso, citons Bernard de Ventadour (Can vei l'alautzeta mover), Jaufré Rudel (Lan can li jorn) et Raimbaud de Vaqueiras.

cantabile (ital. ; « chantant »)

Terme employé pour indiquer le caractère expressif d'un morceau.

Les intervalles de la mélodie sont faciles et son ambitus demeure moyen. La qualification de cantabile fut très utilisée au XVIIIe siècle pour inviter les instrumentistes à jouer une mélodie en se rapprochant au maximum du style vocal du bel canto.

   De nombreux mouvements lents de Mozart, par exemple, comportent l'indication andante cantabile.

cantate (en ital. cantata, de cantare, « chanter »)

Composition vocale née au début du XVIIe siècle en Italie.

La cantate est directement issue du madrigal ; à l'origine, elle est tout simplement la voix supérieure de ce même madrigal, les autres parties de l'édifice polyphonique n'étant pas chantées, mais jouées soit par un seul instrument comme le luth ou le chitarrone, soit par plusieurs instruments. C'est la monodie accompagnée de G. Caccini et ses collègues, dont 12 pièces des Nuove Musiche pour voix seule et basso continuo (1602) sont appelées des madrigaux. La cantate va se développer et se partager en deux catégories : la cantate d'église, parallèlement à l'oratorio, et la cantate de chambre, qui est le plus souvent un opéra en miniature. La forme se divise en un ensemble de récitatifs et d'airs pour une, deux et parfois trois voix, soutenues par la basse continue (instrument à clavier et instrument à archet) avec parfois un apport d'instruments mélodiques (1 violon, 2 violons, flûte, hautbois, etc.). La cantate d'église doit toujours, en principe, adopter un style d'expression plus sobre, intérieur, tandis que la cantate de chambre est souvent passionnée, dramatique et se prête à des effets de virtuosité. La cantate à deux voix va devenir un terrain de prédilection pour des expériences dans le domaine de l'harmonie, des sauts d'intervalles inattendus, et des effets particulièrement recherchés, raffinés et destinés à un public de connaisseurs (Fr. Durante).

   Plusieurs pièces de Monteverdi (Tempro la cetra) peuvent déjà être assimilées à la cantate. Après des exemples de Francesco Cavalli, Giovanni Legrenzi est l'un des premiers musiciens de Venise à illustrer le genre de manière importante. À Rome, Carissimi, L. Rossi, suivis d'A. Cesti, adoptent un style mélodique caractéristique de la musique de cette ville, moins élaboré et plus sévère. À Bologne, d'abord avec G. Bassani, on renouvelle la forme de la cantate par l'adjonction d'une ritournelle instrumentale en introduction à la pièce, la formule deux violons et basse continue étant très fréquente. Autre centre important, Naples : avec A. Stradella et, surtout, A. Scarlatti, la cantate devient de plus en plus lyrique et expressive, d'une profonde richesse mélodique, d'une grande virtuosité dans les airs et d'un grand naturel dans les récitatifs. C'est à Naples que l'air à da capo, forme capitale de toute la musique baroque, se concrétise et se perfectionne.

   En France, la cantate se développe sur le modèle italien, mais seulement vers la fin du XVIIe siècle, avec, par exemple, la cantate de M.-A. Charpentier Coulez, charmants ruisseaux. Suivent les cantates françoises de J.-B. Morin, d'A. Campra, de N. Bernier, de L.-N. Clérambault ; M. Pignolet de Monteclair et Rameau écrivent de véritables petits opéras, conçus pour une ou deux voix le plus souvent, avec ou sans instruments obligés. Bien que la cantate française soit considérée comme un genre mineur, elle tient une place importante dans le développement de la musique dramatique en France.

   La cantate d'église en France, à la même époque, ne prend pas le nom de cantate, mais existe néanmoins sous forme de motets, divisés en récits et airs épousant ainsi la même structure.

   En Allemagne, on peut noter la présence de la cantate profane, mais c'est la cantate d'église qui fleurit et qui est mise au service de la liturgie protestante. Elle naît dans la seconde moitié du XVIIe siècle avec Heinrich Schütz, dont les Geistliche Konzerte sont écrits pour une à cinq voix et basse continue, puis avec Samuel Scheidt. Ces exemples seront suivis d'un grand nombre de compositeurs avant D. Buxtehude, précurseur de J. S. Bach. Celui-ci écrit un très grand nombre de cantates de plusieurs types, destinées aux différents « temps » du calendrier chrétien, y introduit le choral protestant, les sinfonie instrumentales, des airs à da capo, souvent accompagnés d'instruments obligés recherchés pour la beauté de leur couleur (hautbois d'amour, corno da caccia, etc.), des ensembles pour 4 voix mixtes. Après Bach, qui porte le genre à son apogée, la cantate ne sera plus qu'une œuvre de circonstance chez Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert, puis Brahms et, de nos jours, Stravinski, Prokofiev, Schönberg, etc.

   En France, la cantate demeure un modèle de concision et de possibilités de variété dans l'expression, puisque, en raccourci, elle peut contenir toutes les formes vocales et instrumentales. De 1893 à 1969, elle sera imposée comme épreuve pour l'obtention du prix de Rome.

cantatille

Terme français désignant au XVIIIe siècle une petite cantate de même plan, mais pour voix seule avec accompagnement d'un clavecin, éventuellement d'un instrument soliste, rarement plus.

Les sujets abordés, d'une poésie légère, sans recherche dramatique, s'inscrivent dans les divertissements de l'opéra ou de l'opéra-ballet.La cantatille est conventionnelle, mondaine, toujours élégante, souvent sur le ton de la Badine ­ pour citer l'exemple de Monteclair qui y décrit « la jeune et badine Lisète » se promenant accompagnée de son chien. D'autres compositeurs français, comme Mouret, Boismortier, A.-L. Couperin, etc., ont écrit de nombreuses cantatilles.